Bienheureux Isidore Bakanja : vie, martyre et prière
« Je parle aussi d’un catéchiste zaïrois: Isidore Bakanja, un vrai Zaïrois, un vrai chrétien. Après avoir donné tout son temps libre à l’évangélisation de ses frères, comme catéchiste, il n’hésita pas à offrir sa vie à son Dieu, fort du courage qu’il puisait dans sa foi et dans la récitation fidèle du rosaire »
a dit saint Jean-Paul II, le 5 mai 1980, dans l’église de Kisangani, à propos du bienheureux Isidore Bakanja.
Le bienheureux Isidore Bakanja était un jeune catéchiste laïc congolais, mort en martyr au tout début du XXème siècle. Reconnu par l’Église catholique comme martyr de la foi, il a été béatifié le 24 avril 1994 par le saint pape Jean-Paul II. Prions pour sa canonisation.
Biographie d’Isidore Bakanja
Isidore Bakanja est né vers 1885 à Bokendela, dans la région de Mbandaka, dans l’État indépendant du Congo. Il fait partie de la grande ethnie Mongo. Il a un frère et une sœur. Isidore est baptisé le 6 mai 1906 par des frères trappistes. Il reçoit ce jour-là le scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel, qui ne le quittera jamais. Ce sont les moines qui se chargent de son éducation religieuse.
À l’âge de dix-huit ans, il devient aide-maçon. Sur ses temps libres, il tâche d’évangéliser et d’enseigner le catéchisme à ses compagnons de travail. Ces derniers le décrivent comme un jeune homme doux, respectueux, honnête et très travailleur. Isidore partage sa foi avec amour et joie.
À l'issue de ce contrat, il part chercher du travail à Busira, une ville plus grande que son village natal. Il y trouve un poste de domestique chez Monsieur Reynders (qui est surnommé Lomame), qui est salarié de la Société Anonyme Belge (S.A.B, société exploitant le caoutchouc). Une fois encore, Isidore est très largement apprécié pour ses qualités humaines et sa rigueur au travail. De plus, il est remarqué pour sa foi. Progressivement, des personnes viennent le solliciter pour des cours de catéchisme. Isidore devient ainsi catéchiste laïc, en plus de son travail. Consciencieux, il veille toutefois à ce que cela n’affecte pas sa vie professionnelle.
Un jour, Monsieur Reynders est nommé à Ikili pour une promotion. Isidore déménage avec lui dans cette nouvelle ville. Toutefois, certains dirigeants de la S.A.B sont ouvertement hostiles aux chrétiens. En effet, dans cette entreprise coloniale beaucoup de ces étrangers sont athées et n’apprécient absolument pas les missionnaires car « ils prennent la défense des indigènes et dénoncent les injustices qui sont commises contre eux ». Or, Isidore ne cache pas sa foi pour autant. Il poursuit ses cours de catéchisme lorsqu’on lui demande et porte toujours fièrement son scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel sur son torse nu (c’est ainsi qu’il travaille).
Le martyre de bienheureux Isidore Bakanja
Hélas, le dirigeant de l’exploitation, Van Cauter (dont Reynders est devenu l’adjoint) est particulièrement haineux contre les chrétiens. Un jour, il ordonne à Isidore de retirer son scapulaire. Ce dernier refuse. Alors, le dirigeant ordonne que le jeune homme soit fouetté. Isidore subit sans montrer aucun signe de douleur. Quelque temps plus tard, le dirigeant s’en prend directement au catéchiste, lui arrache son scapulaire et le jette au sol. Il fait à nouveau fouetter Isidore par deux ouvriers, qu’il menace de la même punition s’ils refusent d’obéir. Isidore reste simplementconcentré sur sa prière, continue à réciter son chapelet, sans cris ni supplications de douleurs. Van Cauter va ordonner qu’Isidore soit fouetté une troisième fois, sans toutefois que ce dernier ne cède.
Hélas, un jour, le tortionnaire croise à nouveau le jeune homme, qui porte toujours son scapulaire, il le fait, une fois de plus, fouetter. Mais, cette fois-là plus de cent fois. Isidore est quasiment inerte, ses os sont à nu. Il n’est que plaies et douleurs. Van Cauter le fait jeter, inconscient, dans un cachot, les jambes enchaînées. Isidore y demeure quatre jours, sans manger ni recevoir de soin.
À ce moment-là, Van Cauter apprend l’arrivée imminente d’un inspecteur de la compagnie. Il prend alors peur et décide de cacher le jeune martyrisé dans un autre village. Pendant le transfert, Isidore se laisse glisser hors du camion qu’il l’emmène. Il se cache dans des fourrés. C’est là qu’un homme le découvre et, horrifié à la vue de ses plaies, décide de le recueillir chez lui. Ce dernier racontera plus tard : « Je vis un homme, le dos labouré de plaies profondes, suppurantes et puantes, couvert de saleté, harcelé par les mouches, s'aidant de deux bâtons pour s'approcher de moi, rampant plutôt que marchant. J'interroge le malheureux : « Qu'as-tu fait pour mériter une telle punition? » Il me répond qu'étant catéchiste de la mission catholique des Trappistes de Bamanya, il avait voulu convertir les travailleurs de la factorerie et c'est pour cela que le Blanc de Yele l'avait fait fouetter avec une lourde cravache garnie de clous pointus ».
L’inspecteur de la compagnie, Dörpinghaus, malgré la ruse de Van Cauter, découvre Isidore dans le village et le décrit alors comme « un corps qui n'est plus qu'une plaie purulente envahie de mouches ». Dörpinghaus, pris de pitié,fait transporter le jeune garçon sur son bateau, jusqu’à Busira afin qu’il y soit soigné. Malheureusement, c’est trop tard. Isidore a une septicémie, qui ne peut plus être contenue.
Le 24 juillet 1909, il reçoit la visite de missionnaires trappistes, les père Grégoire Kaptein et Georges Dubrulle. Le jeune catéchiste se confesse, reçoit le sacrement des malades et une dernière fois l’Eucharistie. Isidore dit aux deux prêtres : « Père, je ne suis pas fâché. Le Blanc m'a frappé, c'est son affaire. Il doit savoir ce qu'il fait. Bien sûr qu'au ciel, je prierai pour lui ».
Isidore Bakanja rend son âme au Seigneur le 15 août 1909, à Ikili. Sa mémoire est célébrée le 12 août dans le Carmel. En 1999, il est déclaré saint patron des laïcs de la République démocratique du Congo.
Prier pour la canonisation du bienheureux Isidore Bakanja
« Dieu Éternel et Tout-Puissant, vous nous avez donné le bienheureux Isidore Bakanja de Bokandela comme intercesseur et modèle.
Il nous a exhorté à imiter le Christ en aspirant aux vertus suprêmes de sainteté, il nous a incité à rester fidèles à nos vœux de baptême, à pardonner à ceux qui nous ont offensé, à prier pour nos ennemis et à aimer nos bourreaux.
Nous vous prions humblement, à l'exemple du martyr congolais Isidore, de vivre en fidèles laïcs catholiques tout au long de notre pèlerinage terrestre.
Malgré les railleries, les persécutions et l'ignominieuse flagellation, il est resté courageux et persévérant en toute circonstance, en portant fermement le scapulaire, en restant doux et humble et en priant avec ferveur le rosaire.
Il a lutté pour la foi et la fidélité au Christ jusqu'au sang et a rejoint le Ciel le jour qui commémore l'Assomption de la Sainte-Vierge Marie. Permettez-nous donc la grâce de l'imiter dans sa piété et sa charité, afin de partager avec lui la récompense promise à ceux qui vous servent fidèlement par amour pour vous.
Aussi, Seigneur, accordez-nous, par son intercession, la faveur que nous sollicitons [...] et obtenez-nous que la Sainte Église reconnaisse la sainteté du bienheureux Isidore Bakanja qui, comme martyr, vous loue sans cesse.
Nous vous le demandons par Jésus, le Christ notre Seigneur. Amen. »
Prière pour les martyrs chrétiens
« Seigneur,
sur les cinq continents, en haine de la foi, tant de chrétiens sont menacés, persécutés.
Signes de contradiction, animés du seul désir d’aimer, ils meurent pour toi qui es l’Amour.
Nous te prions pour eux, accueille-les auprès de toi.
Nous te confions aussi leurs persécuteurs, aveuglés par la haine et la violence.
Que le sacrifice et le pardon de leurs victimes les mènent sur un chemin de conversion.
Vierge Marie, toi qui la première éprouvas dans ta chair le glaive, invoque pour nous l’Esprit de force, qu’il éloigne de nous la peur, la honte, la lâcheté, qu’il renouvelle notre foi
et nous donne le désir de témoigner, en toutes circonstances, que le Christ est Seigneur.
Amen. »
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