Les saintes carmélites de Compiègne étaient seize religieuses mortes ensemble, en martyres, pendant la Terreur, en 1794. Refusant de se soumettre aux lois révolutionnaires et de renoncer à leur foi, elles ont été guillotinées. Elles sont célébrées toutes ensembles le 17 juillet. Les religieuses ont été canonisées en 2024, par le pape François.
Les carmélites de Compiègne sont seize religieuses de l’ordre des Carmes déchaux.
Le carmel de Compiègne est fondé le 21 avril 1641, c’est le 53ème fondé en France. Les religieuses déménagent plusieurs fois avant de s’installer définitivement le 23 mars 1648 dans un couvent spécialement construit pour elles et dédié au mystère de l’Annonciation. Il se situe à proximité du château royal et bénéficie ainsi de la protection des reines de France, d’Anne d’Autriche à Marie-Antoinette, jusqu’à la Révolution française.
Avant la Révolution, le couvent compte vingt-et-une religieuses.
À la fin du XVIIème siècle, sœur Elisabeth-Baptiste, carmélite du couvent, voit en songe toutes les religieuses au Ciel, dans la gloire, revêtues de manteaux blancs et tenant une palme à la main ; la palme étant le symbole des martyrs dans le christianisme. Les religieuses s’interrogent sur la signification de cette vision, jusqu’à ce que la Révolution éclate.
Alors, en septembre 1792, constatant le désir des religieuses de mourir en martyrs pour le Christ, la mère prieure, mère Thérèse de Saint-Augustin, propose un acte de consécration par lequel « la communauté s'offrirait en holocauste pour apaiser la colère de Dieu et [pour] que cette divine paix que son cher Fils était venu apporter au monde fût rendue à l'Église et à l'État ». Toutes les religieuses acceptent. Chaque jour, elles renouvellent ce “vœu de consécration totale à la volonté divine”.
Le 14 septembre 1792, les carmélites sont expulsées de leur couvent par les autorités civiles, avec interdiction de porter l'habit religieux et obligation de réintégrer la vie civile.
Les carmélites sont arrêtées les 22 et 23 juin 1794 accusées d’avoir monté un complot fanatique contre l’État. En réalité, ce complot a été inventé de toutes pièces par les autorités de Compiègne, afin de stopper les accusations de “modérantisme”. Les religieuses sont incarcérées au couvent de la Visitation, transformé en prison. Quelques écrits et objets compromettants sont trouvés lors de la perquisition du couvent, notamment des lettres critiquant la Révolution, étayent la thèse d'un prétendu complot royaliste et fanatique, et justifient ainsi leur arrestation.
Le 12 juillet 1794, les seize carmélites sont transférées de Compiègne à la Conciergerie, à Paris. Elles sont jugées le 17 juillet (29 messidor an II, selon le calendrier révolutionnaire). Pendant leur procès, on les accuse de s’être ralliées aux “rebelles de la Vendée” car on retrouve des images du Sacré-Cœur dans leur maison. Par ailleurs, le simple fait qu’elles affirment fièrement leur foi constitue, pour le tribunal, une preuve de “fanatisme”, tout comme leur volonté de rester fidèles au vœu d’obéissance qu’elles ont formulé lors de leurs vœux définitifs. Or, pour les révolutionnaires, le fanatisme est le crime suprême. Nul besoin de légiférer, leur attachement à leur foi leur semble suspect et donc criminel. Dans l’acte d’accusation rédigé par Fouquier-Tinville, les religieuses sont officiellement accusées : “d'avoir formé des conciliabules de contre-révolution et d'avoir continué à vivre soumises à leur règle et à leur supérieure”. Sœur Marie de l'Incarnation indiquera plus tard dans son récit sur la vie des carmélites que celles-ci ont également récusé leur serment Liberté-Égalité durant leur procès.
Vers 18h, sur le chemin entre la prison et le lieu de leur exécution, les carmélites n’ont eu de cesse de chanter des cantiques, notamment le Salve Regina. En descendant de la charette, toujours vêtues de leur manteau blanc de religieuses, elles se mettent à chemin, entonnent le Te Deum, renouvellent leurs vœux puis chantent le Veni Creator.
À 20h, le bourreau et ses assistants viennent chercher la première condamnée, la plus jeune, encore novice, sœur Constance de Jésus. Elle monte à l’échafaud en chantant le Laudate Dominum, psaume chanté lors de la fondation des carmels. Les autres religieuses suivent cet exemple et continuent de chanter, exécution après exécution, jusqu’à la dernière, mère Thérèse de Saint-Augustin.
Les seize religieuses sont ainsi guillotinées le 17 juillet 1794, à la barrière de Vincennes, sur la place du Trône-Renversé (actuelle place de la Nation).
La foule présente est impressionnée par leur foi et est restée parfaitement silencieuse pendant toute la durée de l’exécution : “On ne saurait croire l'impression de respect que commandait le dévouement de ces généreuses victimes ; toutes soupiraient après le moment de leur sacrifice, toutes s'exhortaient à rester fermes et généreuses dans le dernier combat… ; elles avaient l'air d'aller à leurs noces." relate le témoignage d'un employé de la prison.
Les dépouilles et têtes des défuntes carmélites sont jetées dans une fosse commune du cimetière de Picpus.
Dix jours après leur mort, le 27 juillet 1794, le coup d’État parlementaire du 9 Thermidor met fin à la Terreur. L’hagiographie anti-révolutionnaire a voulu voir dans cet évènement une réponse positive aux prières des religieuses.
Le monastère de Compiègne est vendu l’année suivante. Aujourd’hui, il n’en reste rien, si ce n’est une plaque commémorative.
Les saintes carmélites ont été béatifiées le 27 mai 1906 par le pape Pie X puis canonisées le 18 décembre 2024 par le pape François, par décret de canonisation équipollente, c’est-à-dire sans chercher de miracles.
“Seigneur notre Dieu, tu as appelé les seize bienheureuses carmélites de Compiègne à te montrer le plus grand témoignage d’amour par l’offrande de leur sang pour que « la Paix soit rendue à l’Église et à l'État ».
Souviens-toi de l’héroïque et joyeuse fidélité avec laquelle elles t’ont glorifié.
Que ta bonté manifeste leur faveur auprès de toi, en accordant par leur intercession la grâce que nous te demandons, dans les cœurs de Jésus et de Marie.
Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen.”
“Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus-Christ, ayez pitié de nous
Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus-Christ, écoutez-nous
Jésus-Christ, exaucez-nous
Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Fils rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Esprit-Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Trinité sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Marie, priez pour nous.
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Vierge des vierges, priez pour nous.
Saint Joseph priez pour nous.
Saint Jean de la Croix priez pour nous.
Sainte Thérèse de Jésus priez pour nous.
Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face priez pour nous.
Vous toutes saintes et bienheureuses carmélites priez pour nous.
Bienheureuse Mère Marie Thérèse de Saint Augustin Saint Louis priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Saint Louis priez pour nous.
Bienheureuse Sœur de Jésus crucifié priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Charlotte de la Résurrection priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Euphrasie de l'Immaculée Conception priez pour nous.
Bienheureuse Mère Henriette de Jésus priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Thérèse du Cœur de Marie priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Thérèse de Saint Ignace priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Julie Louise de Jésus priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Marie Henriette de la Providence priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Constance de Jésus priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Marie du Saint Esprit priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Sainte Marthe priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Saint François-Xavier priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Catherine priez pour nous.
Bienheureuse Sœur Thérèse priez pour nous.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous Seigneur.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Priez pour nous, bienheureuses Carmélites de Compiègne, afin que nous soyons dignes des promesses de Jésus-Christ.”
Prions :
“Ô Dieu qui avez scellé du sang de vos bienheureuses martyres le maintien de la Foi sur la
terre de France, faites par Votre miséricorde que leurs prières nous aident à confesser Votre nom
comme leur exemple nous y excite. Par Notre Seigneur Jésus-Christ.”
Prière pour la paix avec les saintes carmélites de Compiègnes
“Dieu notre Père,
Tu as tellement aimé le monde
que tu lui as envoyé Ton Fils Jésus,
pour qu’Il lui apporte le salut et la paix.
Dans la situation où nous nous trouvons aujourd’hui,
et devant les défis que doit relever l’Église de ton Fils,
encouragés par le témoignage des Bienheureuses Carmélites de Compiègne,
nous implorons Ton intervention :
qu’advienne la paix dans l’Église et dans le monde,
et qu’une force d’amour renouvelée
anime l’existence de tous tes enfants. Amen.”
Monseigneur Jacques Benoit-Gonnin, évêque de Beauvais, le 20 janvier 2020
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