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Gaudete et exsultate, exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté

Gaudete et exsultate, exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté

Gaudete et exsultate est une exhortation apostolique du Pape François sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, écrite en mars 2018. A la suite du Concile Vatican II qui abordait aussi la sainteté dans Lumen Gentium, le Pape ici va plus loin en consacrant un document spécifique sur ce thème. Voyons donc à travers cet article quelques leçons et enseignements que nous pouvons tirer de Gaudete et exsultate. A la fin de cette lecture, nous vous invitons à consulter notre guide des Saints.

 

Gaudete et exsultate est structurée en 5 chapitres, composant 177 numéros. Que peut-on en retenir ? C’est ce que nous allons découvrir ci-dessous.


Premier chapitre : L'appel à la sainteté

Le premier chapitre de cette exhortation s’intitule l’appel à la sainteté. Il couvre les numéros 3 à 34.

Nous pouvons notamment retenir que :

  • Que des Saints et différents témoins « nous encouragent à ne pas nous arrêter en chemin » et « à continuer de marcher vers le but » (n° 3). Il y a donc ici un double appel à méditer sur des Saints et témoins, et à persévérer.
  • Que chacun est appelé personnellement à la sainteté : cette idée était déjà présente dans Lumen Gentium, la constitution sur l'Église du Concile Vatican II. Le Pape François ici rappelle cela : « Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. » (n° 11)
  • La sainteté n’a pas de lien avec une fonction ou un état spécifique de vie, comme prêtre ou religieux. Le numéro 14 nous dit en effet « Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. » (n° 14)
  • La mission d’un chrétien ne peut pas être séparée de la sainteté : « Pour un chrétien, il n’est pas possible de penser à sa propre mission sur terre sans la concevoir comme un chemin de sainteté, car « voici quelle est la volonté de Dieu : c’est votre sanctification » (1 Th 4, 3). » (n° 19)

 

Deuxième chapitre : Deux ennemis subtils de la sainteté

Le second chapitre, intitulé deux ennemis subtils de la sainteté, couvre les numéros 35 à 62. Ici, le Pape met en garde contre le gnosticisme et le pélagianisme, qui ont été condamnées comme hérésies, mais qui restent encore présentes (n° 35).

 

  • Le gnosticisme est une idéologie, axé sur la connaissance et l’intelligence, qui « considère que sa propre vision de la réalité représente la perfection » (n° 40), et que « parce que nous savons quelque chose ou que nous pouvons l’expliquer selon une certaine logique, nous sommes déjà saints, parfaits, meilleurs que la « masse ignorante ». (n° 45).

 

  • Le pélagianisme soutient l’idée que l’homme est capable d’atteindre le salut par ses propres mérites, sans l’aide de la grâce divine. Le numéro 52 rappelle que « nous ne sommes pas justifiés par nos œuvres ni par nos efforts mais par la grâce du Seigneur qui prend l’initiative » (n° 52). Les Pères de l’Eglise ont fermement condamné cette hérésie : par exemple, « Saint Jean Chrysostome disait que Dieu verse en nous la source même de tous les dons avant même que nous n’entrions dans le combat » (n° 52). Dans la même idée, le numéro 53 mentionne que « que nul homme peut exiger, mériter ou acheter le don de la grâce divine et que toute coopération avec elle est d’abord un don de la grâce elle-même » (n° 53). Via le Catéchisme de l’Eglise catholique, le numéro 54 souligne que « que le don de la grâce « surpasse les capacités de l’intelligence et les forces de la volonté humaine »[57], et qu’« à l’égard de Dieu, il n’y a pas, au sens d’un droit strict, de mérite de la part de l’homme. » (n° 54). Le numéro 56 nous lance de fait une invitation : « C’est seulement à partir du don de Dieu, librement accueilli et humblement reçu, que nous pouvons coopérer par nos efforts à nous laisser transformer de plus en plus » (n° 56).

 

Dans les numéros 57 à 59, le Pape François condamne fermement les nouveaux pélagiens en évoquant :

  • Les chrétiens qui prennent le chemin de « la justification par leurs propres forces, celui de l’adoration de la volonté humaine et de ses propres capacités » (n° 57).
  • En condamnant l’Eglise quand elle « se transforme en pièce de musée ou devient la propriété d’un petit nombre » ou quand des personnes « accordent une importance excessive à l’accomplissement de normes, de coutumes ou de styles déterminés » (n° 58).

 

Les numéros 60 à 62 donnent quelques pistes pour sortir de ces deux hérésies, que sont le gnosticisme et le pélagianisme, en rappelant l’importance de mettre en œuvre la charité, vertu théologale, qui est à elle seule, le résumé de la loi.

 

Troisième chapitre : A la lumière du maître

Le troisième chapitre, intitulé « A la lumière du maître » couvre les numéros 63 à 109. Il donne notamment des pistes pour être saint, en partant de Jésus, à travers son enseignement des béatitudes. Le numéro 63 nous montre en effet que Jésus a expliqué ce que signifie être saint par son enseignement des béatitudes, qui constituent « la carte d’identité du chrétien ». (n° 63). Ce même numéro complète « Donc, si quelqu’un d’entre nous se pose cette question, “comment fait-on pour parvenir à être un bon chrétien ?”, la réponse est simple : il faut mettre en œuvre, chacun à sa manière, ce que Jésus déclare dans le sermon des béatitudes [66]. À travers celles-ci se dessine le visage du Maître que nous sommes appelés à révéler dans le quotidien de nos vies. » (n° 63).

 

La fidélité à Dieu et le fait de vivre sa Parole permet le bonheur, mentionne le numéro 64 : « Le mot “heureux” ou “bienheureux”, devient synonyme de “saint”, parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur. » (n° 64).

 

Les numéros suivants du troisième chapitre tracent une méditation sur la sainteté, avec les béatitudes en mentionnant notamment que :

  • « Être pauvre de cœur, c’est cela la sainteté ! » (n° 70)
  • « Réagir avec une humble douceur, c’est cela la sainteté ! » (n° 74)
  • « Savoir pleurer avec les autres, c’est cela la sainteté ! » (n° 76)
  • « Rechercher la justice avec faim et soif, c’est cela la sainteté ! » (n° 79)
  • « Regarder et agir avec miséricorde, c’est cela la sainteté ! » (n° 82)
  • « Garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, c’est cela la sainteté ! » (n° 86)
  • « Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux » (n° 89)
  • « Accepter chaque jour le chemin de l’Évangile même s’il nous crée des problèmes, c’est cela la sainteté ! » (n° 94)

 

Gaudete et exsultate au numéro 95 aborde un grand critère de sainteté, à travers l’une des béatitudes : « Si nous recherchons cette sainteté qui plaît aux yeux de Dieu, nous trouvons précisément dans ce texte un critère sur la base duquel nous serons jugés : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (Matthieu 25, 35-36). » (n° 95)

 

Plus loin, le numéro 104 rappelle que « le critère pour évaluer notre vie est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres » (n° 104)

 

Dans cette approche de la sainteté, un parallèle est aussi fait entre la prière et la miséricorde. Le numéro 105 dit « la meilleure façon de discerner si notre approche de la prière est authentique sera de regarder dans quelle mesure notre vie est en train de se transformer à la lumière de la miséricorde », et que « si la miséricorde n’exclut pas la justice et la vérité, « avant tout, nous devons dire que la miséricorde est la plénitude de la justice et la manifestation la plus lumineuse de la vérité de Dieu » (n° 105).

 

Celui qui recherche la sainteté est appelé aussi à exercer les œuvres de miséricorde, corporelles et spirituelles, nous montre le numéro 107 : « Celui qui veut vraiment rendre gloire à Dieu par sa vie, celui qui désire réellement se sanctifier pour que son existence glorifie le Saint, est appelé à se consacrer, à s’employer, et à s’évertuer à essayer de vivre les œuvres de miséricorde » (n° 107).

 

Le numéro 108 nous met en garde contre quelque chose qui peut faire obstacle à la sainteté, il s’agit du consumérisme hédoniste, qui peut provoquer chez nous « l’obsession de passer du bon temps…et sur la hantise d’avoir du temps libre pour en jouir. » (n° 108).

 

Soulignons enfin le dernier numéro de ce chapitre, qui mentionne : « La force du témoignage des saints, c’est d’observer les béatitudes et le critère du jugement dernier. » (n° 109).

 

Quatrième chapitre : Quelques caractéristiques de la sainteté dans le monde actuel

Le premier numéro de ce chapitre donne quelques rappels de l’importance de la prière, des sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation, de l’offrande de sacrifices, des formes de dévotion et de la direction spirituelle (n° 110).

Tout le reste du quatrième chapitre souligne et développe plusieurs caractéristiques de la sainteté, des numéros 112 à 157. Il s’agit de :


  • Endurance, patience et douceur (numéros 112 à 121)

Dans ces numéros, on peut retenir l’importance d’être axé sur Dieu (n° 112), d’être attentif à nos penchants agressifs et égocentriques (n° 114), à faire silence devant les défauts des autres et à ne pas tomber dans la violence verbale (n° 116), à ne pas nous considérer supérieurs, comme des « juges » donneurs de leçons et ne pas « estimer les autres indignes » (n° 117), à l’humilité, en rappelant que « Si tu n’es pas capable de supporter et de souffrir quelques humiliations, tu n’es pas humble » (n° 118).


  • Joie et sens de l’humour (numéros 122 à 128)

Nous pouvons retenir que le saint est « capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour » (n° 122). Pour cela, le Pape François nous invite notamment à laisser le Seigneur « nous sortir de notre carapace » pour nous changer la vie. Le numéro 126 nous montre que « la mauvaise humeur n’est pas un signe de sainteté », et rappelle qu’« ordinairement, la joie chrétienne est accompagnée du sens de l’humour ».


  • Audace et ferveur (numéros 129 à 139)

La sainteté est décrite comme une « audace, une incitation à l’évangélisation » (n° 129). La ferveur est importante, à tel point que Paul VI a dénoncé son manque qui peut « nous engourdir dans le confort de la rive » (n° 130).

Le Pape François met en garde contre les tentations de fuite vers ce qu’il appelle un endroit sûr : « individualisme, spiritualisme, repli dans de petits cercles, dépendance, routine, répétition de schémas préfixés, dogmatisme, nostalgie, pessimisme, refuge dans les normes » (n° 134). De plus, il rappelle que « Dieu est toujours une nouveauté » (n° 135), qui doit nous pousser à la fois lui ouvrir la porte, et à aller aux périphéries. Il appelle aussi à nous sortir de l’auto-référentialité (n° 136), à nous laisser secouer par le Seigneur, tout en prenant exemple sur ceux qui évangélisent avec « grande fidélité » (n° 138).


  • En communauté (numéros 140 à 146)

Le Pape met en garde contre un trop grand isolement, qui peut nous faire succomber aux « tentations du démon » (n° 140). Il rappelle aussi l’importance les petits détails de l’amour (n° 145), qui contribuent à préserver une communauté, qu’il s’agisse d’une famille ou d’une communauté religieuse par exemple.


  • En prière constante (numéros 147 à 157)

En prenant exemple sur de grands priants, comme Saint Jean de la Croix ou sainte Thérèse d’Avila, le Pape François rappelle que la prière est inséparable de la sainteté. A cet effet, il dit par exemple que « Le saint est une personne dotée d’un esprit de prière, qui a besoin de communiquer avec Dieu. » (n° 147). Il rappelle aussi l’importance du silence : « Dans le silence, il est possible de discerner, à la lumière de l’Esprit, les chemins de sainteté que le Seigneur nous propose. » (n° 150).

 

Cinquième chapitre : Combat, vigilance et discernement

Le cinquième chapitre aborde le combat et la vigilance (numéros 159 à 165) et le discernement (numéros 166 à 177).

 

Au sujet du combat et de la vigilance, nous pouvons notamment retenir que :

  • Le combat, outre le fait, que nous devons lutter contre nos inclinations (luxure, paresse, etc) est une « lutte permanente contre le diable » (n° 159)
  • Le diable est plus qu’un mythe, c’est un « être personnel qui nous harcèle » (n° 160) et il peut nous empoisonner par la haine, les vices, etc (n° 161)
  • Nous devons être éveillés « car notre chemin vers la sainteté est aussi une lutte constante. Celui qui ne veut pas le reconnaître se trouvera exposé à l’échec ou à la médiocrité » (n° 162)
  • Nous devons aussi veiller pour ne pas tomber dans la corruption spirituelle, c’est-à-dire un « aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité » (n° 165)

 

A propos du discernement, nous pouvons retenir que :

  • Nous pouvons demander au Saint Esprit le don de discernement et qu’il est bon de « le développer par la prière, la réflexion, la lecture et le bon conseil » (n° 166)
  • Nous avons toujours besoin du discernement « pour être disposés à reconnaître les temps de Dieu et de sa grâce, pour ne pas gaspiller les inspirations du Seigneur, pour ne pas laisser passer son invitation à grandir » (n° 169)
  • Le discernement s’inscrit dans une logique de don : « Nous ne discernons pas pour découvrir ce que nous pouvons tirer davantage de cette vie, mais pour reconnaître comment nous pouvons mieux accomplir cette mission qui nous a été confiée dans le Baptême, et cela implique que nous soyons disposés à des renoncements jusqu’à tout donner. » ( n° 174)

 

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