« Quand tu pries, ne recherche pas de mots compliqués, car le bégaiement, simple et sans variété, des enfants a souvent touché leur Père des cieux. Ne cherche pas à beaucoup parler quand tu pries, de peur que ton esprit ne se distraie à chercher les mots. Un seul mot du publicain apaisa Dieu et un seul cri de foi sauva le larron »
(Saint Jean Climaque – L'Échelle sainte, degré 28)
Saint Jean Climaque était un moine syrien du monastère de Sainte-Catherine du Mont-SinaÏ, aux VIème et VIIème siècles. Son surnom “Climaque” vient du traité qu’il a rédigé, l’Échelle sainte (en grec échelle se dit klimax), pour la formation des moines. Cette œuvre, décrivant l’itinéraire spirituel d’une montée vers Dieu en 30 étapes, a connu un succès incroyable dans le monde monastique byzantin et en Occident. Saint Jean Climaque est reconnu saint par les Églises catholique et orthodoxe et est fêté le 30 mars.
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Les différentes sources sur saint Jean Climaque ne permettent pas de connaître avec précisions son enfance et son adolescence, avant ses seize ans. En revanche, nous savons qu’il est né vers 579 en Syrie et qu’il a reçu une excellente éducation, notamment religieuse. À seize ans, il décide de devenir moine et part pour le monastère Sainte-Catherine du Sinaï. Il reçoit les enseignements du moine Martyrios, qui le forme à la vie monastique. Malheureusement ce dernier décède assez rapidement, Jean n’est âgé que d’une vingtaine d’années. Alors, il se retire comme hésychaste (ermite) à Tholas, au pied du mont Sinaï. Il y reste pendant vingt ans, accueillant les visiteurs et croyants. De nombreux disciples se rassemblent autour de lui, s’abreuvant de son savoir et de sa sagesse. Malheureusement, certains calomnient ses propos. Alors, Jean décide de ne plus parler, du tout. Il demeure dans un silence total pendant un an. Mais, ses disciples, esseulés, le supplient de reprendre ses enseignements. Il accepte.
Cependant, il faut mettre une nuance à tout cela.
En effet, certaines sources racontent qu’il n’est devenu moine au Sinaï, qu’à quarante ans, après la mort de sa femme. Précédemment, il aurait pratiqué et enseigné le droit, probablement à Gaza. Cela expliquerait la qualité littéraire de ses écrits et leur aspect philosophique, car il est peu probable qu’il ait appris tout cela dans un monastère reculé ou au pied d’une montagne au Sinaï.
Toutefois, les sources s’accordent pour dire que Jean a été nommé abbé pour tous les moines de Sainte-Catherine, après son retour d’un voyage dans toute l’Égypte durant lequel il a visité tous les monastères. Sa réputation de sagesse et sainteté est arrivée jusqu’à Rome et le pape Grégoire Ier lui demande de mettre par écrit toutes ses prières.
Quelques années avant sa mort, il quitte son monastère pour redevenir ermite. Jean rend son âme à Dieu vers 649 au mont Sinaï.
C’est la plus longue œuvre laissée par saint Jean Climaque. Elle comprend trente chapitres (ou “échelons”), représentant les trente années de la vie de Jésus. Cette œuvre a pour but de résumer l’expérience monastique. Elle a été rédigée à la demande de l’abbé Jean de Raithu (ville d’Égypte). Grâce à ses trentes degrés les moines doivent ainsi atteindre la sainteté
Voici comment se découpe l’Échelle sainte :
Le thème principal de l’Échelle sainte, qui est la tension de l’âme vers Dieu, sera repris par les Pères de l’Église. Cette œuvre est rédigée en apophtegmes (en maximes), qui ne sont pas tous aisés à comprendre car ils n’ont pas forcément de lien entre eux.
« Ceux qui entreprennent ce combat doivent renoncer à tout (...), afin de poser un fondement solide. Ce bon fondement est formé d'une triple assise : l'innocence, le jeûne et la tempérance. »
« Fuis comme la peste les lieux qui te sont occasion de péché. En effet, quand le fruit est absent, nous le désirons avec moins d'ardeur. »
« Les Pères enseignent que la psalmodie est une arme, la prière un rempart et les larmes immaculées un bain ; mais la bienheureuse obéissance, ils l'ont assimilée à la confession de la foi. »
« Rien n'égale ni ne surpasse les miséricordes de Dieu. C'est pourquoi celui qui désespère est son propre meurtrier. »
« Il est impossible de passer pieusement le jour présent si nous ne le considérons pas comme le dernier de notre vie. »
« L'acédie est un relâchement de l'âme, un laisser-aller. Quand nous prions, elle nous rappelle quelques affaires indispensables et met tout en œuvre pour nous tirer hors de la prière par de bonnes raisons. »
« Si le Christ, lui qui est le Tout-Puissant, a fui corporellement devant Hérode, que les téméraires apprennent à ne pas se jeter eux-mêmes dans les tentations. »
« Celui qui tient sans relâche le bâton de la prière ne bronchera pas. Et même s'il tombe, sa chute ne sera pas définitive. Car la prière est une pieuse tyrannie exercée sur Dieu. »
« La foi, l'espérance et la charité : je regarde la première comme le rayon, la seconde comme la lumière, et la troisième comme la sphère, ne formant ensemble qu'une seule clarté et une seule splendeur. »
« Ô belle vertu, ô la plus belle des vertus ! Dis-moi, je t'en prie, dis-moi où tu mènes paître tes brebis bien-aimées, où tu prends ton repos pendant les ardeurs de la canicule (Cant. 1, 7). Illumine-moi, répands sur moi ta divine rosée, dirige-moi, conduis-moi et tire-moi enfin à toi ; car je désire ardemment monter jusqu'au palais où tu habites. Tu commandes à toute chose, tu règnes sur tout, mais tu as blessé mon cœur (Cant. 4, 9) ; je ne peux plus contenir les ardeurs dont tu l'as embrasé et je brûle du désir de te louer. Ah ! Aimable charité, daigne te rendre favorable à ma prière, apprends-moi, s'il te plaît, dans quel état je dois être pour pouvoir gravir cette échelle sainte et arriver jusqu'à toi. Amen. »
« Mon Dieu, je fais semblant de rien voir sur cette terre, sauf à être si fermement uni à vous par la prière que d'être séparé de vous peut-être impossible ; laisser aux autres le désir des richesses et de la gloire ; pour ma part, je désire qu'une chose, et c'est, d'être inséparablement unie à vous, et à placer en vous seul toutes mes espérances de bonheur et de repos. Ainsi soit-il. »
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