Qu'est ce que la communion des saints ? Origine et portée spirituelle

Il est des mots que l’on prononce chaque dimanche, des formules que l’on récite dans la ferveur du Credo, sans toujours en sonder la profondeur. Parmi eux, l’expression « communion des saints » résonne comme un écho venu d’un mystère ancien, tissé d’invisible, de foi et d’espérance. Que signifie-t-elle réellement ? Quelle est son origine? Et pourquoi continue-t-elle de nourrir la prière et l’unité des croyants, à travers les siècles et au-delà des frontières terrestres ?

La communion des saints est bien plus qu’une idée pieuse ou une tradition liturgique : elle est une vérité vivante, un souffle de l’Esprit qui unit les âmes dans une fraternité éternelle et dans la sainteté. Elle relie les vivants entre eux et à ceux qui les ont précédés, dans une circulation d’amour, de prière et de grâce. Elle nous rappelle que dans le Christ, la mort ne sépare pas, mais transfigure ; que l’Église n’est pas uniquement visible, mais aussi mystique, faite de visages invisibles qui veillent, intercèdent et marchent avec nous. C’est un mystère d’unité et de lumière, une source de consolation et d’élan pour celui qui cherche à demeurer en Dieu, avec tous les siens.

Signification de la communion des saints

Le Catéchisme de l’Église catholique (n°947) indique que : « Puisque tous les croyants forment un seul corps, le bien des uns est communiqué aux autres (…) Il faut de la sorte croire qu’il existe une communion des biens dans l’Église. » Le CEC ajoute dans son paragraphe n°948 la distinction entre la communion aux choses saintes (sancta), et la communion entre personnes saintes (sancti). 

La communion des saints est cette mystérieuse solidarité d’amour qui unit le Ciel, la terre et les âmes en voie de purification. Dans cet espace entre frères vivants et morts, se vit une circulation d’amour à double sens. Les personnes saintes sont d'abord le Christ lui-même, la Vierge Marie, les saints ainsi que chacun d’entre nous. Les choses saintes sont tout ce que l’on peut apporter dans ce cercle d’amour : prières, messes offertes, chapelets. 

En effet, cette communion d’amour se déploie aussi ici-bas, entre les cœurs des vivants. Ainsi, tout acte d’amour, aussi humble soit-il, rayonne bien au-delà de celui qui le pose. Il peut, dans le silence de la grâce, rejoindre un frère inconnu, peut-être blessé, peut-être lointain, et lui offrir un réconfort qu’il ne percevra pleinement qu’à la lumière du Ciel. Car dans le mystère de Dieu, nul élan d’amour ne se perd.

On peut aussi évoquer les trois états de l’Eglise qui forment la communion des saints :

• l'Église militante (tous les baptisés vivants)
• l'Église souffrante (les âmes du purgatoire)
• l'Église triomphante (les âmes défuntes qui contemplent la gloire de Dieu)

Origine de la communion des saints

Aux premiers temps de l’ère chrétienne, ce que l’on désigne par “saint” signifie plutôt les biens de l’Eglise, donc des objets et non des personnes. Par excellence, le bien le plus précieux était le corps du Christ, l’eucharistie. Et communier à l’eucharistie, c’est communier avec l’assemblée, c'est-à-dire à l’Eglise. 

L’idée de communion des saints vient surtout de Paul dans l'Épître aux Romains, et dans la première Épître aux Corinthiens qui évoque le fait que l’assemblée de chrétiens ne forment qu’un seul corps, le corps mystique du Christ. Sanctifiés par l’Esprit à notre baptême, nous sommes unis au Christ. 

Dans l'Épître aux Hébreux, Paul (ou l’auteur de l'Épître dont on doute que ce soit Paul) va plus loin en ajoutant la solidarité avec les morts en mentionnant les “héros de la foi” et la “grande nuée de témoins” de l’ancien testament. 

Portée spirituelle de la communion des saints

La communion des saints nous rappelle d’abord que nous ne sommes jamais seuls. Dans les moments de solitude, de doute ou d’épreuve, nous pouvons nous appuyer sur cette immense famille des enfants de Dieu, qui intercède, soutient, accompagne. Les saints du Ciel, les âmes du purgatoire, nos frères de la terre : tous unis dans une même prière, un même amour, une même espérance. Cette réalité donne force et douceur à notre chemin, car elle nous rend participants d’un peuple en pèlerinage, tourné vers la lumière.

Elle nous invite aussi à vivre chaque geste du quotidien comme une offrande. Chaque acte d’amour, chaque sacrifice consenti, chaque prière murmurée dans le silence devient fécond pour d’autres, que nous ne connaîtrons peut-être jamais. Dans ce mystère d’interdépendance spirituelle, même la souffrance peut devenir semence, si elle est offerte avec foi. Le plus humble peut porter le plus grand, et une larme unie à celle du Christ peut consoler une âme à l’autre bout du monde.

Enfin, la communion des saints nous oriente vers notre vocation ultime : la sainteté. Non pas une perfection lointaine, mais une vie livrée à l’amour, enracinée dans le Christ, tendue vers le Royaume. Elle nous élève, nous fortifie, et nous rappelle que nous sommes faits pour la lumière. Dans cette communion, nous puisons le courage de persévérer, la joie de nous donner, et la certitude que l’amour triomphe toujours de la mort.

Elle est, en vérité, une source de paix profonde, un chant d’espérance au cœur du monde, une respiration d’éternité dans le souffle du quotidien.

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