La messe du rite tridentin
Le rite tridentin est la liturgie de la messe catholique codifiée pendant le concile de Trente (qui a débuté le 12 décembre 1545). Elle a été employée par la majorité de l’Église latine jusqu’à la réforme du pape Paul VI dans les années 1960, pendant le concile Vatican II, initié par le pape Jean XXIII. Le pape Benoît XVI avait autorisé son usage. Toutefois, le pape François l’a ensuite limité. Il s’agit, dans cet article, de découvrir ce qu’est le rite tridentin, son histoire et le déroulement d’une messe tridentine.
Qu’est-ce que le rite tridentin ?
Le terme “tridentin” vient de “Trente”, qui est la ville italienne où s’était déroulé le concile au XVIème siècle. Lors de la dernière session du concile, le 4 décembre 1563, a été confiée au pape Pie IV la mission d’achever, et de publier, les travaux des commissions sur le missel et le bréviaire. C’est son successeur, le pape Pie V qui publie leCatéchisme du concile de Trente en 1566, le Bréviaire romain le 9 juillet 1569 et le Missel romain le 14 juillet 1570. Le Pontificat romain, le Cérémonial des évêques, le Martyrologe romain et le Rituel romain sont d’autres travaux du concile de Trente.
Histoire de la messe tridentine
Le concile de Trente s’est achevé le 4 décembre 1563. En 1568, le pape Pie V a rendu obligatoire l’usage des textes du bréviaire et du missel dans toute l’Église latine, en faisant une exception pour les lieux et les communautés où un autre rite était utilisé depuis plus de 200 ans (comme le rite ambrosien ou le rite mozarabe par exemple). Ainsi, dans toute l’Église, on célébrait la messe en utilisant les éditions successives du Missel romain, alors intitulé Missale Romanum ex decreto sacrosancti Concilii Tridentini restitutum. Cela signifie Missel romain, restauré par décret du très saint Concile de Trente. Toutefois, en 1911, le bréviaire romain est radicalement modifié par le pape Pie X. Il décréta alors qu’à partir du 1er janvier 1913 l’ancien texte devait être abandonné et le nouveau désormais utilisé.
Le 11 octobre 1962 débute le concile Vatican II durant lequel un nouveau missel est rédigé : Missale Romanum ex decreto sacrosancti Concilii Vaticani II instauratum. Trois versions de ce missel ont été publiées entre 1970 et 2002. Le concile Vatican II s’est achevé le 8 décembre 1965.
En 1971, le pape Paul VI autorise les évêques d’Angleterre et du Pays de Galles de célébrer de façon occasionnelle la messe selon le rite tridentin, en respectant toutefois les versions écrites en 1965 et 1967.
Le saint pape Jean-Paul II a permis à certaines communautés de conserver l’usage de l’édition de 1962, la dernière version faisant référence du concile de Trente. En 1984, dans la lettre circulaire Quattuor abhinc annos il permet également aux évêques d’autoriser dans leurs diocèses, sous certaines conditions, la célébration de la messe selon le missel de 1962, en dehors des églises paroissiales. En 1988, dans la lettre apostolique Ecclesia Dei, il demande aux évêques d’autoriser la pratique des livres liturgiques de 1962.
En 2007, le pape Benoît XVI, dans sa lettre apostolique Summorum Pontificum élargit les conditions posées par saint Jean-Paul II quant à la célébration de la messe selon le missel de 1962. Il décrète que chaque curé ou recteur d’une église peut accepter les demandes de groupes stables de célébrer la messe selon le rite du missel de 1962. Par ailleurs, Benoît XVI affirme que le missel de 1962 n’a jamais été juridiquement abrogé et que la forme “extraordinaire” de 1962 cohabite aux côtés de la forme “ordinaire” (ou “normale”) de 2002. Ces derniers propos sont parfois remis en cause par des canonistes.
Le 16 juillet 2021, le pape François dans sa lettre apostolique Traditionis custodes décrète que désormais une seule forme du rite romain peut être célébré : “Les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, sont la seule expression de la lex orandi du Rite Romain”. Le pape François a ainsi rétabli la discipline en vigueur sous Jean-Paul II tout en retirant l’autorité de décision accordée aux curés par son prédécesseur. Il la confie aux évêques diocésains. De plus, il exclut l’usage des églises paroissiales pour la pratique du rite extraordinaire, ainsi que l’usage du latin pour les lectures qui doivent se faire en langue vernaculaire (langue du pays).
Différentes formes de messe
Il existe trois formes de messe tridentine :
- La messe pontificale est une messe solennelle dite par un évêque ou en présence de celui-ci.
- La grand-messe est la messe de toute une communauté, généralement changée. On trouve deux sortes de grand-messe : la messe solennelle lorsqu’il y a un diacre et un sous-diacre ou la messe chantée.
- La messe basse est une messe lue et non chantée.
Déroulement de la messe tridentine
Le déroulement d’une messe selon le rite tridentin est bien différent du déroulement d’une messe de Paul VI.
Rites d’entrée
- La messe débute par l’entrée du clergé en procession, accompagné d’un chant d’entrée.
- Vient ensuite le moment du rite de l’aspersion. On chante l’antienne Asperges me.
- Après un signe de Croix, commencent alors les prières au bas de l’autel. Lesdites prières datent du Xème siècle. C’est le pape Pie V qui les a rendues obligatoires pendant la messe. En effet, autrefois, elles étaient récitées à la sacristie.
- Au pied de l’autel, le prêtre entonne le psaume 42 Judica me puis le Confiteor (cela correspond au Je confesse à Dieu).
- Il monte aussi à l’autel où il récite la prière Aufer a nobis, embrasse l’autel en disant la prière Oramus te Domine, récite la prière d’entrée (appelée introït) puis le Kyrie eleison.
- Puis, le prêtre entonne le Gloria, repris en alternance par la chorale.
Messe des catéchumènes
- Cette partie de la messe a pour but l’instruction et l’édification des fidèles. Elle débute par l’oraison, prononcée solennellement par le prêtre.
- La collecte est introduite par la salutation pax vobiscum / Dominus vobiscum et par l’invitation oremus qui la suit. À chaque type de messe, ou d’intention, est associé le missel des oraisons. Cela peut être dit pour la collecte, la secrète (dite avant la préface de l'offreoire) et la postcommunion. Pour ces trois prières, le rite tridentin autorise la superposition de trois oraisons votives (maximum) dans une même messe. Le nombre des oraisons est établi pour chaque jour liturgique.
- L’assemblée répond Amen à chaque oraison pour marquer son adhésion à la prière.
- Puis vient le moment des lectures. L’épître est d’abord lue. C’est un extrait du Nouveau Testament (épître d’un apôtre, un extrait d’Actes des Apôtres ou extrait de l’Apocalypse) ou de l’Ancien Testament. Ce passage est chanté pendant la grand-messe par le sous-diacre tourné vers l’autel côté droit (appelé “côté Épître”). Dans la messe basse le prêtre lit le passage tourné vers l'autel.
- Puis sont chantés par la chorale, ou lus par le prêtre, le graduel et l’Alleluia (remplacés dans certains temps liturgiques par le Trait)
- Puis l’Évangile du jour est lu. Il a été préalablement entouré d’encens. Les acolytes encadrent le diacre qui lit, s’étant placé au nord (donc sur le côté gauche “côté Évangile”).
- Le prêtre se rend ensuite à la chaire et commence le sermon, aussi appelé prône (appelé désormais l’homélie dans la messe du pape Paul VI). Ce prône peut reprendre la lecture de l’Évangile, quelque peu vulgarisé, puis une explication simple et pratique dudit Évangile.
- Le Credo, aussi appelé symbole de Nicée-Constantinople, est ensuite récité, le dimanche et jour de fête.
- Ensuite, le prêtre se tourne vers le peuple et prononce Dominus vobiscum et Oremus sans rien ajouter. C’est ce qui correspond aux intentions de prières de l’Église en général.
Le Saint Sacrifice
- L’Offertoire débute. Le prêtre est dos à l’assemblée et commence sa prière. Pendant la grand-messe les offrandes sont encensées, puis le crucifix, le prêtre, les clercs et ensuite les fidèles.
- Le prêtre récite ensuite le psaume 25 en demandant à Dieu sa purification. Il prie la Sainte Trinité d’agréer le sacrifice par le Suscipe, sancta Trinitas et demande ensuite la prière de l’assemblée par l’Orate fratres.
- La prière sur les offrandes débute avec un psaume chanté et une antienne.
- Le prêtre entonne ensuite la préface (qui change en fonction des jours et des fêtes). C’est un chant de gratitude pour les bienfaits de Dieu.
- Puis la chorale chante le Sanctus
- Le prêtre s’incline ensuite profondément et commence le “canon” (cela correspond à la prière eucharistique de la messe de Paul VI): Te igitur (le prêtre supplie le Père d’agréer le sacrifice de son Fils) / In primis (le prêtre prie pour l’Église et ses gardiens) / Memento (le prêtre prie pour tous les assistants de la messe et leurs proches et pour tous les chrétiens absents mais unis par la prière. Il marque un temps de pause pour placer les intentions particulières de la messe) / Communicantes (l’Église demande à Dieu d’accorder secours et protections à tous les chrétiens).
- Hanc igitur : le prêtre étend les mains sur les offrandes. C’est la consécration. Le mystère de la transsubstantiation va s’accomplir. Le prêtre récite les paroles de consécration à voix basse.
Quam oblationem : le prêtre en appelle à la grâce divine pour que le sacrifice s’accomplisse
Qui Pridie : le prêtre reproduit la Sainte Cène du Jeudi Saint et récite les mots par lesquels le pain et le vin deviennent Corps et Sang du Christ. - Le prêtre récite ensuite la seconde partie du canon :
- Unde et memores : récitation silencieuse du prêtre. Il offre à Dieu les biens présents sur l’autel.
- Supra quæ : ces offrandes sont comparées aux grands sacrifices de l’Ancien Testament.
- Supplices : le prêtre demande que le “saint ange de Dieu” porte cette offrande au Ciel.
- Nobis quoque : les fidèles présents demandent le bonheur éternel au Seigneur, par son pardon octroyé.
- Per quem : et c’est le Christ par qui Dieu crée, sanctifie, fait vivre, bénit et donne ses bienfaits.
- Per ipsum : par le Christ, avec le Christ et en le Christ, le peuple chrétien peut rendre à Dieu honneur et gloire.
- Amen : réponse de l'assemblée signifiant son adhésion à la prière d'action de grâce
Communion et fin de messe
- Le célébrant chante le Pater Noster seul. L’assemblée s’unit à cette prière en disant, à la fin “Sed libera nos a malo” (“mais délivrez-nous du mal”).
- Vient ensuite la fraction de l’hostie qui symbolise l’unité car un même pain est rompu et distribué à tous. De plus, la commixtion (morceau d’hostie mêlé au vin du calice) rappelle l’union entre prêtre et évêque lorsque ce dernier envoyait à chacun de ses prêtres un morceau de l’hostie.
- La chorale entonne l’Agnus Dei, que le prêtre récite de son côté.
- La prière Domine Jesu Christe suit, demandant la paix pour l’Église.
- Lors de la messe solennelle, le rite de la paix a lieu, initié par le célébrant et transmise par le diacre au chœur.
- Le prêtre prononce également, de façon silencieuse (la secrète), la prière Perceptio Corporis tui, avant la communion.
- Le prêtre communie ensuite au Corps et au Sang du Christ.
- Un chant de communion est lancé par la chorale.
- Les fidèles communient à genoux et à la bouche, en ligne.
- Après la communion, le prêtre proclame la prière “postcommunion” puis envoie l’assemblée avec cette formule Ite, missa est, ce qui veut dire “allez, c’est l’envoi”. L’assemblée répond Deo Gratias, qui signifie “nous rendons grâce à Dieu”.
- Enfin, le prêtre bénit l’assemblée. La messe est terminée.
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