La rédemption chrétienne : sens, définition et finalité

La rédemption, issue du latin “redemptio” signifiant “rachat”, exprime l’acte par lequel Dieu, en son fils Jésus-Christ, a libéré l’humanité de l’esclavage du péché. Par sa passion, sa mort et sa résurrection, le Fils de Dieu a offert sa vie pour restaurer la communion entre le Créateur et sa créature. Ce mystère de foi chrétienne révèle un Dieu de miséricorde qui, par amour, prend sur Lui la faute du monde pour offrir à chacun la vie nouvelle animée par la grâce. La rédemption ne se réduit pas à un événement du passé : elle demeure une œuvre vivante (réactualisée à chaque célébration de l’Eucharistie), une invitation à entrer dans ce mouvement d’amour qui transforme le cœur de l’homme. Voyons le sens de la rédemption, sa finalité et les chemins à emprunter pour transformer notre vie chrétienne.

Rédemption : définition de ce dogme et mystère

La rédemption désigne la libération, la délivrance d’une personne moyennant le paiement d’un prix. Dans la religion chrétienne, la rédemption est le fait que Dieu fait homme : Jésus-Christ, a racheté l’humanité par sa passion et sa mort sur la croix. Dieu nous a libéré du péché, dont nous étions esclaves depuis l’avènement du péché originel, par sa mort et sa résurrection le troisième jour. En ayant vaincu la mort, il nous en libère et nous ouvre la voie à une vie éclairée par la grâce et par la vérité divine. Jésus, par sa mort, a définitivement restauré l’union entre Dieu le père et l’humanité, en souffrance de cette séparation avec son créateur. La rédemption est un fondement capital de la foi chrétienne qui nous enseigne que nous avons été rachetés, et que notre salut nous est offert par Dieu lui-même, à condition que nous l’acceptions.

Cette rédemption est ainsi expliquée dans le Catéchisme de l’Église catholique : “Ce dessein divin de salut par la mise à mort du « Serviteur, le Juste » (Is 53, 11 ; cf. Ac 3, 14) avait été annoncé par avance dans l'Écriture comme un mystère de rédemption universelle, c'est-à-dire de rachat qui libère les hommes de l'esclavage du péché (cf. Is 53, 11-12 ; Jn 8, 34-36). S. Paul professe, dans une confession de Foi qu'il dit avoir « reçue » (1 Co 15, 3) que « le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures » (ibidem ; cf. aussi Ac 3, 18 ; 7, 52 ; 13, 29 ; 26, 22-23). La mort rédemptrice de Jésus accomplit en particulier la prophétie du Serviteur souffrant (cf. Is 53, 7-8 et Ac 8, 32-35). Jésus lui-même a présenté le sens de sa vie et de sa mort à la lumière du Serviteur souffrant (cf. Mt 20, 28). Après sa Résurrection, il a donné cette interprétation des Écritures aux disciples d'Emmaüs (cf. Lc 24, 25-27), puis aux apôtres eux-mêmes (cf. Lc 24, 44-45)". (CEC § 601)

C’est ainsi Dieu lui-même qui, par amour pour l’homme, a envoyé son fils unique pour le rachat de nos péchés. Cette rédemption a pour finalité la restauration du lien d’amour qui unissait l’homme avec Dieu, présent de manière intact au jardin d’Eden, avant qu’Adam et Eve ne mangent du fruit de l’arbre défendu.

Finalité de la rédemption

Le but principal de la rédemption chrétienne est la restauration de l’homme à son état originel de communion parfaite avec Dieu. On peut détailler cette finalité ainsi :

Rétablissement de la communion originelle avec Dieu : Dieu a créé l’homme à son image et ce dernier ne trouvera le vrai bonheur et la vraie liberté qu’en vivant pleinement avec Dieu.
Comme le dit le Compendium du Catéchisme de l’Église catholique : “Lorsque les temps furent accomplis, Dieu le Père a envoyé son Fils comme Rédempteur et Sauveur des hommes tombés dans le péché, pour les appeler dans son Église et pour leur donner d’être ses fils adoptifs par l’action de l’Esprit Saint et les héritiers de son éternité bienheureuse.” (CCC §1)
Libération du péché et justification de l’humanité : par son sacrifice, Jésus libère l’homme du péché, qui le rend esclave, et lui offre la vie éternelle. La résurrection justifie l’homme et le rend fils adoptif de Dieu.
Transformation intérieure et sanctification de l’homme : la rédemption est le don de Dieu qui conduit à la vie nouvelle et s’accomplit par l’action du Saint‑Esprit, qui rend possible la conversion et la vie sanctifiante.
Union des fidèles dans la mission de l’Église : la rédemption est le retour de l’humanité à son état originel de communion, appelant les chrétiens à s’unir au sein de l’Église, instituée par Jésus lui-même et confiée à l’apôtre Pierre.

Ainsi, la rédemption ne se limite pas à un acte historique ; elle constitue le fondement d’une restauration pleine et entière, qui invite chaque chrétien à vivre de la grâce reçue par le baptême.

Comment accueillir et actualiser cette rédemption dans la vie chrétienne ?

Dieu nous a racheté de nos péchés par sa mort sur la croix et par sa résurrection. Il nous offre ainsi le salut de notre âme, mais ne nous l’impose pas. Nous devons reconnaître Jésus-Christ comme notre sauveur et libérateur pour engendrer une démarche de repentance, puis convertir notre vie entière et l’orienter à la suite du Christ. Ce n’est qu’en acceptant et en accueillant la grâce divine dans notre cœur et dans notre vie que nous pourrons être réellement sanctifiés par l’action de l’Esprit Saint en nous. Mais comment accueillir ce don et ouvrir son cœur à l’action de Dieu ? En vivant une vie conforme à la volonté divine et en se détournant du péché. La première étape de cette vie en Christ est le baptême, qui nous fait entrer dans le royaume de Dieu en tant qu’enfant de Dieu.

L’Église catholique nous accompagne dans ce chemin en nous proposant des conseils et des directives claires comme :

La pratique des sacrements : le baptême, la confirmation, l’Eucharistie, le sacrement de réconciliation, l’onction des malades, le mariage ou l’ordination, sont les moyens privilégiés pour recevoir la grâce rédemptrice.
Une vie de prière régulière pour écouter ce qu’il a à nous dire, lui rendre grâce, et se laisser modeler par son amour.
La lecture des Saintes Écritures pour apprendre à connaître Dieu et à vivre selon ses lois, notamment par l’application des dix commandements et la recherche des vertus cardinales et théologales
La pratique de la charité, c'est-à-dire aimer son prochain comme soi-même par des actes du quotidien. La charité est de loin la vertu théologale la plus importante car comme le dit Saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens : “J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien” (1 Co 13, 2)

Ce que la rédemption dit de Dieu

La rédemption comme action salvatrice de Dieu pour l’humanité reflète les attributs de Dieu. Elle montre que le Seigneur est un Dieu de miséricorde qui nous pardonne sans mesure de notre péché, à condition d’une sincère repentance. La rédemption nous dit également quelque chose du mystère de la Trinité : Dieu le Père a envoyé son fils unique Jésus pour offrir aux hommes une vie nouvelle par l’action de l’Esprit Saint. La rédemption nous montre également à quel point Dieu nous aime, car il est allé jusqu’à mourir pour nous sur la croix. Cet amour infini et prêt au sacrifice doit nous pousser à nous plonger dans son cœur miséricordieux, car Dieu désire ardemment être aimé des hommes.

Par son œuvre rédemptrice, Dieu nous rend participant à la nature divine. Sa grâce nous sanctifie de telle sorte que “Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu” comme le dit saint Irénée. Cela manifeste un Dieu d’amour, désireux de rétablir son alliance avec les hommes.

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