Le péché originel : origine, sens et conséquences

Au seuil des récits fondateurs de la tradition chrétienne, le péché originel se dresse comme une réalité aussi mystérieuse que déterminante dont la nature se démarque radicalement des autres formes de péché. Il raconte la perte d’une innocence et illustre la condition altérée de l’humanité depuis la Chute. Par le récit d’Adam et Ève dans le livre de la Genèse, cette doctrine révèle non seulement la désobéissance à Dieu, mais aussi les conséquences spirituelles et morales qui en découlent. Explorons la nature profonde du péché originel, ses racines scripturaires, ainsi que la manière dont il continue d’influencer la pensée théologique et la compréhension de la condition humaine.

Origine du péché originel

Cette expression ne figure nulle part dans la Bible. C’est saint Augustin qui l’évoque le premier sans toutefois y apposer le péché d’Adam et Eve, mais plutôt pour désigner la nature pécheresse de tout homme. Cette doctrine visant à expliquer l’origine du mal a par la suite été largement débattue sans toutefois parvenir à un véritable consensus au sein des différents courants chrétiens. 

Cela dit, l’interprétation la plus répandue aujourd’hui définit le péché originel comme l’acte de désobéissance d’Adam et Ève au commandement divin de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Sous l’influence du serpent, Ève prête l’oreille à la promesse trompeuse de devenir « comme des dieux » ; elle cueille le fruit défendu, en mange, puis en donne à Adam, qui en mange à son tour. Dieu appelle ensuite Adam et Eve qui se cachent. Dieu comprend alors qu’ils ont mangé du fruit défendu. De là découle une multitude de conséquences, non seulement pour Adam, Ève et le serpent, mais également pour l’humanité toute entière, appelée à porter le poids de cette rupture originelle.

Saint Irénée de Lyon explique bien que par ce péché, l’humanité a été déchue de sa ressemblance avec Dieu ; privée de la plénitude de sa lumière originelle, elle demeure marquée par une intelligence encore immature, plus vulnérable aux séductions du Malin.

Conséquences du péché originel

Sur le plan biblique, le péché originel bouleverse la création elle-même. La terre, jadis jardin fertile, devient sol de labeur et d’épines. La relation de l’homme avec la nature se détériore, de même que sa relation avec l’autre : l’harmonie première entre l’homme et la femme est troublée, et la violence entre frères ne tarde pas à surgir, comme en témoigne le drame de Caïn et Abel.

Selon Saint Paul et les Pères de l’Eglise, les conséquences du péché originel sont multiples, profondes, et s’étendent bien au-delà du seul récit d’Adam et Ève. Elles touchent à la nature même de l’humanité, à son rapport à Dieu, au monde et à elle-même.

Tout d’abord, le péché originel entraîne la rupture de la communion entre l’homme et Dieu. Là où régnait la grâce, la paix et l’intimité divine, s’instaurent désormais l’éloignement, la peur, la honte et la culpabilité. L’homme, qui marchait en présence de Dieu dans le jardin d’Éden, se cache désormais de Lui. Cette séparation marque le cœur de la condition humaine.

Ensuite, la désobéissance originelle introduit dans le monde la souffrance, la peine et la mort. « Le salaire du péché, c’est la mort », écrit saint Paul (Romains 6,23). L’homme, créé pour l’éternité, devient mortel ; le corps se corrompt, la douleur s’impose à la naissance (pour la femme) comme au travail (pour l’homme), et la vie devient fragile.

Le péché originel affecte aussi l’homme dans son être intérieur. Il provoque un désordre dans ses facultés : l’intelligence s’obscurcit, la volonté s’affaiblit, les passions tendent à dominer la raison. L’harmonie intérieure de l’homme se brise : il est désormais en lutte avec lui-même, tiraillé entre le bien qu’il veut faire et le mal qui l’attire (Romains 7, 21). Il est privé de la sainteté et de la justice originelles, dons gratuits de Dieu, avec lesquelles il avait été créé. 

Cette chute originelle a également des conséquences communautaires et universelles. Elle marque toute l’humanité : chacun naît désormais avec cette blessure spirituelle, cette inclination au péché que l’on appelle concupiscence qui se manifeste dans l’attirance désordonnée pour le plaisir, la facilité, l’égoïsme ou l’orgueil. C’est ce que la tradition nomme la transmission du péché originel : non pas comme une faute personnelle, mais comme une nature humaine affaiblie, déchue, ayant besoin de rédemption.

Avènement de Jésus Christ comme le nouvel Adam

Mais cette tragédie n’est pas le dernier mot. Car au cœur même de la chute résonne déjà la promesse d’un salut. La tradition chrétienne voit dans la figure du Christ le nouvel Adam, celui qui vient restaurer ce qui fut perdu, et offrir à l’humanité une nouvelle naissance, par la grâce, dans la lumière du Ressuscité

O felix culpa, quæ talem ac tantum meruit habere redemptorem” (Ô heureuse faute qui nous a donné un si grand rédempteur!), nous dit Saint Augustin dans une homélie au sein de ce que l’on appelle l’hymne Exultet. En effet, le Catéchisme de l’Eglise catholique rappelle dans son n°411 que : “La tradition chrétienne voit dans ce passage (Gn 3, 15, le “protévangile”) une annonce du " nouvel Adam " (voir 1 Co 15, 21-22. 45) qui, par son " obéissance jusqu’à la mort de la Croix " (Ph 2, 8) répare en surabondance la désobéissance d’Adam (cf. Rm 5, 19-20). Par ailleurs, de nombreux Pères et docteurs de l’Église voient dans la femme annoncée dans le " protévangile " la mère du Christ, Marie, comme " nouvelle Eve ". Elle a été celle qui, la première et d’une manière unique, a bénéficié de la victoire sur le péché remportée par le Christ : elle a été préservée de toute souillure du péché originel et durant toute sa vie terrestre, par une grâce spéciale de Dieu, elle n’a commis aucune sorte de péché.

En effet, c'est surtout dans les épîtres de saint Paul que transparaît cette idée que Jésus Christ le nouvel Adam est venu réparer ce que le premier Adam avait brisé. Là où Adam, par désobéissance, introduit le péché et la mort, le Christ, par son obéissance jusqu’à la croix, apporte le salut, la grâce et la vie éternelle. Cette théologie du Nouvel Adam signifie que le Christ inaugure une nouvelle humanité. Il ne se contente pas de réparer une faute ancienne : il ouvre un chemin radicalement nouveau, par lequel la nature humaine, blessée et aliénée par le péché, peut être transformée, divinisée même. 

Les Pères de l’Église ont largement médité ce mystère. Saint Irénée, dès le IIe siècle, affirme que Jésus « a récapitulé en lui toute l’histoire humaine », reprenant chaque étape de l’obéissance qu’Adam avait manquée. Dans son Adversus Haereses, il écrit :

« Ce que nous avons perdu en Adam, c’est-à-dire être à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous le retrouvons dans le Christ. »

Pour saint Irénée comme pour saint Athanase et bien d’autres, l’Incarnation elle-même  - c'est-à-dire Dieu fait homme - est déjà un acte de rédemption. Par le Christ, Dieu assume la nature humaine pour la guérir de l’intérieur. En Jésus, l’homme n’est plus prisonnier de son héritage de chute : il devient fils dans le Fils, réconcilié, restauré, appelé à une vie nouvelle dans la grâce. Le Christ est ainsi le commencement d’une humanité réconciliée, le premier-né d’entre les morts (Colossiens 1,18), Celui en qui tout peut renaître.

Cette profonde espérance, jaillie du cœur même du drame originel, irrigue toute la théologie chrétienne : là où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Rm 5,20). Jésus, le Nouvel Adam, est la promesse que toute chute peut trouver sa résurrection.

La miséricorde de Dieu

Le péché originel, tel que le raconte la Genèse, marque le détournement d’Adam et Ève de Dieu, et l’humanité entière hérite de cette blessure spirituelle, d’un éloignement douloureux d’avec son Créateur. Pourtant, au cœur même de cette chute, la miséricorde divine se manifeste avec une force inouïe, notamment dans la parabole de l’enfant prodigue. Dieu ne maudit pas l’homme, Il l’appelle : « Où es-tu ? » — non pour le condamner, mais pour le rejoindre dans sa peur et le recouvrir dans sa honte. Il le couvre et protège sa nudité dans Genèse 3, 21. Avec l’avènement de Jésus Christ, Dieu vient sauver sa créature.

 

Sources : 

https://www.universalis.fr/encyclopedie/peche-originel/

https://opusdei.org/fr-fr/article/quest-ce-que-le-peche-originel/

https://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P1D.HTM

 

Goûtez à la miséricorde de Dieu avec Hozana !

Inscrivez-vous gratuitement sur Hozana pour avoir accès à tous les programmes proposés pour retrouver le chemin de Dieu. Parmi ces programmes, certains sont centrés sur la miséricorde et la demande de pardon. 

15 histoires de conversion pour retrouver la foi … car certains grands saints ont été avant de grands pécheurs !

Association Hozana - 8 rue du Palais de Justice, 69005 Lyon

Nous contacter