Les hérésies dans l’Église catholique
Le mot hérésie, du grec haíresis (choix, école de pensée), désigne dans le christianisme une doctrine ou une interprétation qui s’écarte de la foi reconnue comme authentique par l’Église. Au fil des siècles, nombre de courants, souvent nés d’une recherche sincère de vérité, ont été déclarés hérétiques lorsqu’ils mettaient en péril l’unité de la foi ou la compréhension du mystère du Christ. Dans le Catéchisme de l’Église Catholique, il s’agit de la « négation obstinée, après la réception du baptême, d'une vérité qui doit être crue de Foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité » (§ 2089 du Catéchisme de l'Église catholique). Autrement dit, il s’agit d’une doctrine ou d’une opinion contraire à l’enseignement officiel de l’Église catholique. Celui qui soutient une hérésie est qualifié d’hérétique. Le Code de droit canonique prévoit des sanctions comme l’excommunication automatique en cas d’hérésie (Can. 1364).
Dans cet article d’Hozana, découvrez les principales hérésies dans l’histoire de l’Église catholique et comment s’en prémunir aujourd’hui. À la fin de cet article, découvrez d’autres questions et sujets sur la foi chrétienne.
Les hérésies concernant Jésus-Christ
Découvrez ci-dessous les principales hérésies concernant Jésus-Christ, appelées hérésies christologiques.
L’arianisme
L’arianisme, hérésie remontant au IVᵉ siècle, du nom d’Arius, prêtre d’Alexandrie, enseignait que Jésus n’était pas de même nature que Dieu, son Père. En niant la consubstantialité du Fils, cette doctrine remettait en cause une vérité centrale de la foi chrétienne : la pleine divinité de Jésus-Christ.
Face à cette hérésie, le Concile de Nicée de 325 condamna l’arianisme en rappelant la divinité pleine et entière de Jésus-Christ :
Citons ci-dessous le Catéchisme de l’Église catholique :
« Le premier Concile œcuménique de Nicée, en 325, confessa dans son Credo que le Fils de Dieu est « engendré, non pas créé, de la même substance que le Père » et condamna Arius qui affirmait que « le Fils de Dieu est sorti du néant » et qu'il serait « d'une autre substance que le Père » » (CEC, §465)
Le nestorianisme
Le nestorianisme, hérésie remontant au Vᵉ siècle, du nom de Nestorius, enseignait la coexistence de deux hypostases (substances) en Jésus-Christ, une divine, et une humaine. Le Concile d’Éphèse de 430-431 a qualifié l’enseignement de Nestorius, le nestorianisme, d’hérésie.
Citons ci-dessous le Catéchisme de l’Église catholique :
« L'hérésie nestorienne voyait dans le Christ une personne humaine conjointe à la personne divine du Fils de Dieu. Face à elle S. Cyrille d'Alexandrie et le troisième Concile oecuménique réuni à Ephèse en 431 ont confessé que «le Verbe, en s'unissant dans sa personne une chair animée par une âme rationnelle, est devenu homme». L'humanité du Christ n'a d'autre sujet que la personne divine du Fils de Dieu qui l'a assumée et faite sienne dès sa conception. Pour cela le Concile d'Ephèse a proclamé en 431 que Marie est devenue en toute vérité Mère de Dieu par la conception humaine du Fils de Dieu dans son sein: «Mère de Dieu, non parce que le Verbe de Dieu a tiré d'elle sa nature divine, mais parce que c'est d'elle qu'il tient le corps sacré doté d'une âme rationnelle, uni auquel en sa personne le Verbe est dit naître selon la chair». » » (CEC, §466)
Le monophysisme
Le monophysisme, remontant au Vᵉ siècle, affirme que la nature humaine de Jésus-Christ a été pleinement absorbée par sa nature divine. Pour eux, le Fils n’a donc qu’une seule nature divine. Le Concile de Chalcédoine de 451 a condamné cet enseignement comme hérétique et a rappelé que Jésus-Christ est pleinement Dieu et pleinement homme.
Citons ci-dessous le Catéchisme de l’Église catholique :
« Les monophysites affirmaient que la nature humaine avait cessé d'exister comme telle dans le Christ en étant assumée par sa personne divine de Fils de Dieu. Confronté à cette hérésie, le quatrième Concile oecuménique, à Chalcédoine, a confessé en 451:
A la suite des saints Pères, nous enseignons unanimement à confesser un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme, composé d'une âme rationnelle et d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l'humanité, «semblable à nous en tout, à l'exception du péché» (He 4, 15); engendré du Père avant tout les siècles selon la divinité, et en ces derniers jours, pour nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie, Mère de Dieu, selon l'humanité.
Un seul et même Christ, Seigneur, Fils unique, que nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation. La différence des natures n'est nullement supprimée par leur union, mais plutôt les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une seule personne et une seule hypostase ». (CEC, §467)
Les hérésies liées à la grâce et au salut
Le pélagianisme
Le pélagianisme, hérésie remontant au Vᵉ siècle, enseignait que l’homme pouvait parvenir au salut par ses seules forces, sans avoir besoin de la grâce de Dieu.
Rappelons ce que dit l’Église catholique :
« Le don de la grâce « surpasse les capacités de l'intelligence et les forces de la volonté humaine » (CEC, §1998)
« Il n'y a pour nous de mérite devant Dieu que suite au libre dessein de Dieu d'associer l'homme à l’œuvre de sa grâce. Le mérite appartient à la grâce de Dieu en premier lieu, à la collaboration de l'homme en second lieu. Le mérite de l'homme revient à Dieu. » (CEC, §2025)
« Le deuxième Synode d’Orange a enseigné avec grande autorité que nul homme peut exiger, mériter ou acheter le don de la grâce divine et que toute coopération avec elle est d’abord un don de la grâce elle-même : « Même notre volonté de purification est un effet de l’infusion et de l’opération du Saint Esprit en nous ». Plus tard, même quand le Concile de Trente souligne l’importance de notre coopération pour la croissance spirituelle, il réaffirme cet enseignement dogmatique : on dit que nous sommes « justifiés gratuitement parce que rien de ce qui précède la justification, que ce soit la foi ou les œuvres, ne mérite cette grâce de la justification. En effet, si c’est une grâce, elle ne vient pas des œuvres ; autrement, la grâce n’est plus la grâce » (Gaudete et exsultate, exhortation apostolique du Pape François sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, numéro 53)
Le jansénisme
Le jansénisme, tirant son nom des écrits de Jansénius, nie le libre arbitre de l’homme en insistant sur le rôle déterminant de Dieu dans le salut des âmes. Le Pape Clément XI a condamné cette doctrine en 1713 dans La Constitution Apostolique « Unigenitus Dei filius », (le Fils unique engendré par Dieu).
Les hérésies aujourd’hui
Le relativisme religieux
Le relativisme religieux, c’est-à-dire l’affirmation que toutes les religions se valent et que la vérité est subjective, est une forme d’hérésie contemporaine.
Le rationalisme
Le rationalisme, qui soumet la foi à la seule raison humaine en rejetant le surnaturel et la Révélation divine, est également considéré comme une nouvelle forme d’hérésie.
Le syncrétisme
Le syncrétisme, qui consiste à mélanger des vérités de la foi catholique avec d’autres doctrines religieuses, des pratiques ésotériques ou des croyances orientales, constitue une autre forme d’hérésie moderne.
Comment l’Église réagit face aux hérésies ?
Avec sa vocation d’enseigner et de guider tous les hommes vers le Salut, l’Église cherche à dialoguer avec les fidèles, à expliquer et à clarifier la foi lorsqu’une hérésie apparaît. C’est ainsi que l’on comprend pourquoi certains conciles ont été tenus et pourquoi certains écrits des Pères de l’Église ou certaines encycliques ont été produits.
Comment se prémunir des hérésies?
Il y a différentes ressources et moyens pour un catholique pour se prémunir des hérésies, et contribuer à garder intact le dépôt de la foi.
Se former à l’enseignement officiel de l'Église catholique
- Lire le Catéchisme de l’Église catholique permet d’avoir de solides bases sur la foi chrétienne.
- Le Denzinger, appelé aussi Symboles et définitions de la foi catholique contient les documents du magistère de l'Eglise catholique (lettres, actes de concile, encycliques, déclarations, etc.) depuis Clément Ier de Rome (92-101) jusqu'à Jean-Paul II.
- Des textes officiels comme des encycliques
- Des cours de théologie
- Des formations — en présentiel ou à distance — permettent d’approfondir sa connaissance de la foi et de mieux comprendre l’enseignement de l’Église. Pour aller plus loin, découvrez notre article sur pourquoi et comment se former à la vie chrétienne.
Nourrir sa vie par les sacrements
Les sacrements nourrissent la foi des fidèles. Ils confèrent la grâce et participent à la sanctification des hommes.
Vivre en communion avec le Pape et les évêques
L’unité avec le successeur de Pierre (le Pape) et les évêques (successeurs des apôtres), notamment par le biais de leur enseignement, garantit la fidélité à la foi.
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- Ou encore
- Catéchisme de l'Église catholique
- Gaudete et exsultate : Exhortation apostolique du Pape François sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel, 19 mars 2018, https://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20180319_gaudete-et-exsultate.html