Qu'est-ce que l'arianisme ? Origines, doctrine et condamnation par l'Eglise

Au cœur du IVᵉ siècle, alors que l’empire romain découvre la paix fragile de la foi chrétienne récemment reconnue par l’édit de Milan, une querelle éclate qui va ébranler la jeune Église jusque dans ses fondations. Un prêtre d’Alexandrie, Arius, ose interroger le mystère du Christ : comment le Fils pouvait-il être à la fois engendré et éternel ? De cette question naît l’une des plus grandes hérésies de l’histoire — l’arianisme —, qui prétend préserver la transcendance du Père tout en dépouillant le Fils de sa divinité. Ainsi, le salut semble vaciller, car si le Christ n’est pas Dieu, comment pourrait-il diviniser l’homme ? Face à ce péril, l’Église se rassemble à Nicée en 325 pour affirmer solennellement la vérité de sa foi : le Fils est consubstantiel au Père, lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. De cette épreuve jaillit la clarté du dogme trinitaire, joyau de la théologie chrétienne, fruit d’une lutte où la raison a dû s’incliner devant le mystère.

Aux origines de la controverse

Après trois siècles de persécutions, le christianisme sort des catacombes pour devenir religion tolérée au IVè siècle, puis bientôt favorisée au sein de l’Empire romain. Mais à mesure que la foi gagne les cœurs, la réflexion théologique se fait plus ardente, cherchant à exprimer le mystère du Christ avec les mots de la raison grecque.

Bien avant Arius, Paul de Samosate, évêque de la ville syrienne d’Antioche au IIIᵉ siècle, avait déjà suscité la controverse en affirmant que le Fils n’était que l’homme Jésus, revêtu de la puissance divine, mais distinct de Dieu par essence. Ces thèses, condamnées par le concile d’Antioche vers 268, préfigurent le débat arien en posant la question de la nature du Christ et de sa relation au Père.

C’est dans ce contexte intellectuel et spirituel que naît Arius, prêtre d’Alexandrie, austère et éloquent, et d’une logique implacable. Il souhaite défendre la transcendance absolue du Père : selon lui, si Dieu est incréé et éternel, le Fils, pour être vraiment engendré, doit nécessairement avoir eu un commencement. Il serait donc une créature sublime, la première œuvre du Père, mais non son égal. Il s’appuie notamment sur les épisodes de fatigue du Christ dans les évangiles, ainsi que sur le fait qu’il ne “connaît ni l’heure ni le lieu”. Cette idée séduit de nombreux esprits, ébranlant la certitude de ceux qui vénèrent le Christ comme Dieu fait homme et menaçant l’unité de l’Église.

La doctrine d’Arius : un Christ créé, non éternel

Au cœur de l’enseignement d’Arius se trouve une conviction fondamentale : « Il fut un temps où le Fils n’était pas. » Par cette formule, il entend affirmer que le Verbe, le Logos, n’est pas coéternel au Père, mais issu de sa volonté. Le Fils aurait été créé ex nihilo, « à partir de rien », avant tous les siècles, pour servir d’instrument à la création du monde. Il serait donc supérieur à toute créature, mais inférieur à Dieu lui-même.

Cette vision place le Christ dans une position intermédiaire entre Dieu et l’homme, compromettant l’essence même du salut chrétien. Car si le Christ n’est pas pleinement Dieu, il ne peut communiquer à l’humanité la vie divine ; son sacrifice ne serait alors qu’un modèle moral, et non une rédemption réelle. L’Église perçoit aussitôt le danger : en niant la consubstantialité du Fils avec le Père, Arius sape la foi en l’incarnation et la Trinité tout entière.

Le concile de Nicée et la lutte contre l’arianisme

Face à l’ampleur de la controverse entre le patriarche Alexandre d’Alexandrie et le prêtre Arius, qui ne peut se résoudre après plusieurs conciles locaux, l’empereur Constantin intervient pour préserver l’unité de l’Empire et convoque, en 325, le concile de Nicée. C’est le premier concile œcuménique de l’histoire chrétienne. Plus de trois cents évêques se réunissent pour débattre de la nature du Christ et mettre un terme à la dissension qui menace l’Église.

Dans cette lutte, plusieurs figures emblématiques se détachent par leur courage et leur clairvoyance. Saint Athanase d’Alexandrie, jeune diacre à l’époque, devient le champion de la foi nicéenne, défendant avec fermeté la consubstantialité du Fils avec le Père face aux arguments ariens. Plus tôt, saint Irénée de Lyon, bien que disparu avant le concile, avait déjà affirmé dans ses écrits que l’incarnation était essentielle au salut et que le Verbe était pleinement Dieu. D’autres théologiens et évêques, tels que Hilaire de Poitiers ou Eusèbe de Césarée, contribuent à structurer la réflexion et à repousser les déformations doctrinales.

Le concile de Nicée scelle alors le rejet de l’arianisme par le Symbole de Nicée, affirmant que le Fils est « engendré, non créé, consubstantiel au Père » (homoousios tō Patri). Cette formulation fondamentale préserve le mystère de la Trinité et l’efficacité salvifique du Christ. Malgré les résistances persistantes dans certaines régions de l’Empire, le concile ouvre la voie à la consolidation de la foi chrétienne et inspire les générations suivantes à défendre l’intégrité de la doctrine face aux hérésies.

Après Nicée : persistance et déclin de l’arianisme

Malgré le rejet officiel de l’arianisme au concile de Nicée, la doctrine continue de séduire certaines régions de l’Empire, notamment parmi les populations germaniques récemment converties. La persistance de cette hérésie provoque de nombreux conflits théologiques et politiques, confrontant l’Église à la difficile tâche de maintenir l’unité doctrinale.

Saint Athanase, désormais évêque d’Alexandrie, consacre sa vie à défendre la foi nicéenne contre les ariens, subissant exils et persécutions à plusieurs reprises. En effet, bien après la mort de l’empereur Constantin en 337, un “second arianisme” apparaît, issu de batailles essentiellement politiques entre les successeurs de Constantin. Parallèlement, l’orthodoxie nicéenne connaît des tensions internes au sein des Pères de l’Église : les conciliateurs orientaux, tels que Grégoire de Naziance, Grégoire de Nysse et Basile de Césarée, cherchent souvent des compromis avec certains ariens modérés, tandis que les intransigeants occidentaux, comme Ambroise de Milan, saint Jérôme, saint Augustin et même plus tard saint Léon le grand, exigent une condamnation ferme et totale de toute velléité arienne.

Ce n’est qu’avec le concile de Constantinople en 381 que la victoire de la foi nicéenne se confirme pleinement. Le concile réaffirme la consubstantialité du Fils et étend la confession de foi à l’Esprit Saint, consolidant ainsi le dogme trinitaire. Progressivement, l’arianisme s’éteint, les empereurs théodosiens appliquent les décisions du concile et les évêques nicéens reprennent le contrôle de la liturgie et de la discipline ecclésiale. 

Cependant, des communautés ariennes subsistent parmi les tribus germaniques (Goths, Vandales) et dans certaines parties de l’Orient où l’autorité impériale était plus faible. D’autres conciles (Constantinople II (553), Constantinople III (680‑681)) et les actions politiques ultérieures seront nécessaires pour éradiquer complètement ces poches ariennes.

Héritage et enseignement de l’arianisme

L’arianisme a laissé un héritage doctrinal majeur. Bien que la doctrine se soit éteinte après le Concile de Constantinople (381), elle a montré la vulnérabilité de la foi face aux raisonnements humains qui, en manipulant les notions de substance, cherchaient à nier la divinité du Fils. Les débats qui en ont résulté ont contraint l’Église à affiner son langage trinitaire : le Credo de Constantinople a réaffirmé le terme « homoousios » (consubstantiel) pour le Fils, comme le rappelle le Catéchisme de l’Église catholique (§ 242) — « le Père, le Fils et le Saint‑Esprit sont un en une seule substance divine ».

Le courage des Pères a été décisif. Saint Athanase a défendu la consubstantialité du Verbe, tandis que saint Irénée a rappelé la continuité apostolique de la foi. Leur action a montré que la vigilance doctrinale et la fidélité aux conciles œcuméniques sont essentielles pour protéger le mystère du Christ.

Aujourd’hui, même si l’Arianisme n’existe plus comme mouvement, son souvenir rappelle aux fidèles d’approfondir la compréhension du mystère trinitaire et d’honorer ceux qui, face aux séductions erronées, ont préservé la vérité de la foi.

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voici encore cette retraite d’une semaine pour

  1. https://jecherchedieu.ch/question/l-arianisme-est-considere-comme-une-heresie-par-l-eglise-pourquoi-un-tel-rejet/
  2. https://www.gotquestions.org/Francais/Arianisme.html
  3. https://www.newadvent.org/cathen/01707c.htm
  4. https://www.britannica.com/topic/Arianism
  5. https://www.vatican.va/archive/FRA0013/_INDEX.HTM

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