Qu’est-ce que le pélagianisme ?

Le pélagianisme est une doctrine chrétienne apparue au Ve siècle, portée par le moine Pélage. Cette doctrine théologique insiste sur la liberté humaine et la responsabilité morale de l’homme, tout en niant ou en minimisant l’impact du péché originel sur la nature humaine. Selon Pélage, chaque être humain peut mener une vie vertueuse sans dépendre entièrement de la grâce divine. Considéré comme une hérésie, le pélagianisme a été vivement combattu par saint Augustin et condamné par plusieurs conciles.

Origines du pélagianisme

Pélage, un moine britannique à Rome

Pélage, né vers 350 en Grande-Bretagne, est un moine et ascète. Arrivé à Rome vers 380, il affirme que l’homme possède en lui-même les ressources nécessaires pour mener une vie vertueuse et atteindre la perfection morale.

Le contexte théologique du Ve siècle

Au Ve siècle, on assiste dans l’Église à des débats sur le péché originel, la liberté de la volonté et le rôle de la grâce divine. Pélage s’oppose à des positions qu’il juge trop déterministes, notamment celles de saint Augustin, qui affirme que l’homme est corrompu par le péché originel et incapable de faire le bien sans l’aide de la grâce divine.

Les thèses du pélagianisme

Le rejet du péché originel

Pélage rejette la doctrine du péché originel et soutient que le péché d’Adam n’altère pas la nature humaine et ne se transmet pas. L’homme n’est donc pas irrémédiablement marqué par le péché. Selon lui, chaque personne naît dans un état moral neutre, capable de choisir librement entre le bien et le mal, et peut commencer à agir vertueusement sans que la grâce divine soit indispensable pour initier cette démarche.

La liberté et la responsabilité de l’homme

Le pélagianisme met l’accent sur la liberté humaine et la responsabilité individuelle. Selon cette doctrine, l’homme peut obéir à Dieu et accomplir des actes moralement justes par sa propre volonté, sans que la grâce divine soit indispensable pour initier ces actions.

La grâce comme aide, non comme nécessité

Pélage considère que l’homme peut commencer à faire le bien et progresser vers le salut par ses propres efforts, sans dépendre de la grâce divine pour initier cette démarche. Il voit la grâce comme une aide possible, mais non indispensable.

Une vision optimiste de la nature humaine

Selon Pélage, la nature humaine n’est pas fondamentalement pécheresse. L’homme peut atteindre la perfection morale par sa propre volonté et ses actes vertueux.

Cette vision s’oppose à celle d’Augustin, pour qui la nature humaine est affaiblie par le péché originel et nécessite la grâce divine pour accomplir le bien.

Les condamnations du pélagianisme

L’Église catholique a condamné à maintes reprises le pélagianisme. Voyons cela ci-dessous.

Les conciles de Carthage et d’Éphèse

Le pélagianisme est rapidement combattu par l’Église, notamment par saint Augustin. Plusieurs conciles ont condamné fermement le pélagianisme :

• Concile de Carthage (418) : Le pélagianisme est condamné. L’Église affirme la réalité du péché originel et la nécessité de la grâce divine pour faire le bien

• Concile d’Éphèse (431) : ce concile réaffirme cette condamnation et déclare le pélagianisme contraire à l’enseignement de l’Église catholique, confirmant la dépendance de l’homme à la grâce divine pour son salut.

Le semi-pélagianisme condamné lors du Concile d’Orange (529)

Après la condamnation du pélagianisme, une nouvelle doctrine appelée semi-pélagianisme se répand.

Elle enseigne que l’homme peut commencer par lui-même le chemin du salut, et que Dieu achève ensuite cette œuvre par sa grâce.

Cette position fut également condamnée au Concile d’Orange (529), qui affirme que même le commencement du salut dépend de la grâce divine.

Nouvelle condamnation du pélagianisme dans Gaudete et exsultate

Le « néo-pélagianisme »

Le pape François, dans La Joie de l’Évangile, a condamné le néo-pélagianisme en parlant de « ceux qui, en définitive, font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique justement propre au passé. C’est une présumée sécurité doctrinale ou disciplinaire qui donne lieu à un élitisme narcissique et autoritaire, où, au lieu d’évangéliser, on analyse et classifie les autres, et, au lieu de faciliter l’accès à la grâce, les énergies s’usent dans le contrôle. » (n° 94)

La grâce divine toujours première

Le pape François rappelle dans Gaudete et exsultate, l’exhortation apostolique sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel, que « nous ne sommes pas justifiés par nos œuvres ni par nos efforts mais par la grâce du Seigneur qui prend l’initiative » (n° 52). Autrement dit, la grâce divine précède toujours nos actions.

Foire aux questions sur le pélagianisme

Qu’est-ce que nie le pélagianisme ?

Le pélagianisme nie que l’homme ait besoin de la grâce de Dieu pour être sauvé. Il affirme que l’homme peut atteindre le salut par ses propres efforts, sans le secours du Christ ni des sacrements.

Qui est Pélage ?

Pélage était un moine et théologien britannique du IVᵉ-Vᵉ siècle. Il enseignait que l’homme pouvait se sauver par ses propres efforts, sans la grâce de Dieu. Sa thèse a été condamnée comme hérétique par l’Église.

Qu’est-ce que le péché originel ?

Le paragraphe 417 définit le péché originel ainsi : « À leur descendance, Adam et Ève ont transmis la nature humaine blessée par leur premier péché, donc privée de la sainteté et la justice originelles. Cette privation est appelée “péché originel” ». (CEC n° 417)

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