Les accords toltèques à la lumière de l'Évangile
Dans un monde en quête de repères et de paix intérieure, les accords toltèques, popularisés par Don Miguel Ruiz, rencontrent un écho grandissant. Issus d’une tradition de sagesse précolombienne, ils se présentent souvent, dans les courants new age et de méditation, comme des guides pour une vie plus libre, plus consciente, plus authentique. Nombreux sont ceux qui les adoptent comme des principes de vie, des balises pour mieux aimer, mieux parler, mieux être.
Mais pour le chrétien en quête de vérité, tout enseignement humain mérite d’être discerné à la lumière du Christ. Peut-on accueillir ces paroles comme des semences de sagesse universelle, sans perdre de vue la révélation divine ? Existe-t-il des résonances entre ces préceptes anciens et les appels de l’Évangile ?
Explorons les cinq accords toltèques, dans une attitude d’écoute, de prudence et de foi, afin de mesurer ce qu’ils peuvent – ou non – apporter à une conscience façonnée par l’amour du Christ.
Que sont les accords toltèques et d’où viennent-ils ?
Les quatre accords toltèques est un ouvrage paru en français en 1999, traduit de l’anglais et originellement écrit par l’écrivain mexicain Miguel Ruiz en 1997, qui se réclame de la tradition toltèque, une civilisation ayant précédé les aztèques et vivant entre le Xe et XIIe siècles. L’auteur y expose ce qu’il présente comme des règles de vie inspirées de cette ancienne culture. Il dénonce l’emprise de croyances limitantes qui privent l’individu de sa joie et génèrent des souffrances inutiles. Il propose alors quatre accords à adopter pour se libérer des attentes d’autrui et des fausses certitudes, formant ainsi un code de conduite destiné à vivre plus sereinement.
Un cinquième accord vient s’ajouter à l’édition de 2009, traduite en français en 2020. Dès sa publication, l’ouvrage connaît un immense succès, avec plusieurs millions d’exemplaires vendus et des traductions dans une cinquantaine de langues.
Quels sont-ils et comment les rapprocher de la parole de Dieu ?
1er accord : Que ta parole soit impeccable
Lorsque les mots sont choisis avec justesse, ils nourrissent l’estime de soi et pacifient les relations ; mal employés, ils peuvent devenir sources de souffrance, pour soi comme pour autrui. C’est pourquoi le premier accord nous invite à parler avec intégrité, sans oublier la mesure et l’amour, c'est-à-dire dans le respect de l’autre. Il s’agit de peser ses paroles, ne pas se laisser emporter par l’émotion, et faire le choix conscient de la bienveillance.
Ainsi, plutôt que de juger ou blâmer, il s’agit d’ouvrir un espace de dialogue empreint d’écoute. Et cela vaut aussi pour notre rapport à nous-mêmes : les mots que nous utilisons pour nous parler façonnent notre regard intérieur.
Comment le rapprocher de la parole de Dieu ?
Ce premier accord peut être résumé ainsi : sois intègre dans tes paroles, ne mens pas, ne médis pas, ne te juge pas toi-même. Si ce premier accord exhorte à la parole droite, la foi chrétienne ajoute la grâce, la charité et la purification du cœur comme sources de cette parole. On peut citer par exemple :
« Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche. » (Matthieu 15, 11)
« Que votre parole soit toujours bienveillante, assaisonnée de sel. » (Colossiens 4, 6)
« Afin que tu sois trouvé juste dans tes paroles et que tu triomphes quand on te juge. » (Romains 3, 4)
« Vous ne volerez pas, et vous ne vous tromperez pas l’un l’autre, et vous ne vous mentirez pas l’un à l’autre. » (Lévitique 19, 11)
« Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, et mon âme le reconnaît bien. » (Psaume 139, 14)
2ème accord : Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle
Chaque être humain porte un regard singulier sur le monde, façonné par son histoire, ses croyances, ses peurs et son éducation. Ainsi, nul ne perçoit un événement de manière identique : ce qui nous touche, blesse ou réjouit nous est propre. Chaque conscience filtre la réalité à sa manière et nul ne peut vraiment pénétrer l’univers intérieur de son prochain. Il est donc vain de croire que les paroles ou les actes des autres nous visent personnellement. Chacun agit selon ses repères, ses blessures, ses valeurs — non en fonction de nous. Même l’insulte proférée n’est souvent que le reflet d’un langage appris, d’un monde intérieur qui ne nous concerne pas. Il ne s’agit pas d’ignorer ce que l’on ressent, mais de ne plus se placer au centre de toutes choses. Observer sans se laisser atteindre, discerner sans interpréter : c’est se libérer des projections et revenir à la paix du réel.
Comment le rapprocher de la parole de Dieu ?
Voici un résumé de ce second accord : Ce que les autres disent ou font n'est qu'un reflet d’eux-mêmes. Jésus nous apprend à ne pas être esclaves du regard ou des jugements des autres. Il nous invite à la liberté intérieure, au pardon et à l’amour même de nos ennemis. Là où l’accord prône le détachement, l’Évangile appelle à une réponse d’amour surnaturel, portée par l’Esprit, sans oublier la correction fraternelle. Voici par exemple :
« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Luc 23, 34)
« Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. » (Jean 15, 18)
« Soyez donc miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux. » (Luc 6, 36)
« C’est une gloire pour l’homme de passer par-dessus une offense. » (Proverbes 19, 11)
« Je ne cherche pas à plaire aux hommes. Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur du Christ. » (Galates 1, 10)
3ème accord : Ne jamais faire de supposition
Nous avons souvent le réflexe de prêter des intentions aux autres, d’interpréter leurs paroles ou leurs silences à travers le prisme de nos peurs ou de nos insécurités. Sans connaître leur histoire ni leur regard sur la situation, nous forgeons des suppositions — souvent négatives — que nous finissons par prendre pour des vérités. Ainsi, nous réagissons non à ce qui est, mais à ce que nous imaginons. Pour sortir de cette confusion, il faut avoir le courage de la clarté : oser poser des questions, exprimer ses besoins, partager ses émotions avec simplicité et vérité.
Comment le rapprocher de la parole de Dieu ?
Voici un résumé de ce troisième accord : N’interprète pas, aie le courage de t’exprimer et de poser des questions. La supposition vient souvent du manque de charité, d’un jugement prématuré ou d’un orgueil blessé. L’amour chrétien, au contraire, suppose le bien et cultive la vérité dans la relation. La clarté, l’honnêteté et la patience dans les échanges sont des vertus évangéliques. Ecoutons les versets :
« Que votre oui soit oui, et votre non, non. Ce qu’on y ajoute vient du Malin. » (Matthieu 5, 37)
« L’amour excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. » (1 Corinthiens 13, 7)
« Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. » (Matthieu 7, 1)
« Celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et s’attire la confusion. » (Proverbes 18, 13)
« L’homme prudent est avare de paroles, l’homme intelligent reste calme. » (Proverbes 17, 27)
4ème accord : Faites toujours de votre mieux
Le véritable « meilleur » n’est pas une performance constante ni une exigence absolue : il est ce que nous pouvons offrir pleinement, ici et maintenant, avec sincérité. Il varie selon nos forces, notre état intérieur, nos élans du moment. Il ne s'agit pas de se surpasser au point de s'épuiser, ni de se brider par crainte de mal faire — mais d'agir en conscience, avec cœur, dans la juste mesure de ce que nous sommes capables de donner. C’est en acceptant nos limites, nos fragilités et nos jours moins féconds que nous cultivons une fidélité vraie. Faire les choses avec amour, et non par obligation ni par souci de perfection, voilà ce qui donne sens, profondeur et paix à nos engagements.
Comment le rapprocher de la parole de Dieu ?
Voici un résumé de cet accord : Ton mieux change tous les jours, mais fais-le avec sincérité. Faire de son mieux, pour un chrétien, ne se résume pas à un effort humain, mais à offrir toute chose à Dieu. L’accord prend un sens plus profond dans la perspective du don total de soi à travers l’amour et la fidélité.
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force. »
(Deutéronome 6, 5)
« Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes. » (Colossiens 3, 23)
« Que chacun examine sa propre œuvre, et alors il aura sujet de se glorifier pour lui seul, et non par rapport à autrui. » (Galates 6, 4)
« Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le. » (Ecclésiaste 9, 10)
5ème accord : Soyez sceptiques, mais apprenez à écouter
Apprendre à douter, c’est cultiver une forme de liberté intérieure. Cela ne traduit ni peur ni faiblesse, mais au contraire une maturité du discernement. Nos paroles et nos pensées sont souvent influencées par nos émotions passagères ; le doute permet alors de prendre du recul, de tempérer nos réactions, et d’ouvrir un espace d’écoute véritable - de l’autre comme de soi. Écouter sans chercher aussitôt à répondre, accueillir sans vouloir convaincre, c’est reconnaître en l’autre une altérité légitime. Ce chemin d’attention et de bienveillance invite à dépasser la réactivité pour entrer dans une relation fondée sur la compréhension plutôt que sur l’opposition.
Comment le rapprocher de la parole de Dieu ?
Cet accord pourrait être résumé ainsi : apprenez à vous défaire de vos certitudes et à rester ouvert. La foi chrétienne ne rejette pas l’esprit critique, mais elle l’oriente vers la vérité révélée. Le discernement est une vertu, et l’écoute est une condition de la sagesse.
« Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence. » (Romains 12, 2)
« Examinez toute chose, retenez ce qui est bon. » (1 Thessaloniciens 5, 21)
« Le cœur intelligent acquiert la connaissance, et l’oreille des sages cherche la science. » (Proverbes 18, 15)
« Ne soyez pas comme le cheval ou le mulet, sans intelligence ; on les bride avec un frein et un mors, dont on les pare, pour qu’ils ne s’approchent point de toi. » (Psaume 32, 9)
« Mes frères bien-aimés, que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère. » (Jacques 1, 19)
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