Vie contemplative : pourquoi et comment j’y suis également appelé ?

Souvent le mot contemplatif est associé à de grands mystiques, comme sainte Thérèse d’Avila ou saint Jean de la croix - ou à ces religieux cloîtrés dont la vie peut nous sembler bien éloignés de la nôtre. Mais si les ordres contemplatifs permettent en effet à ceux qui choisissent d’y entrer de vivre cette vocation pleinement, nous sommes tous invités à la contemplation quels que soient nos états de vie. La vie contemplative ne s’oppose pas à une vie active, ni à une vie de famille ; elle leur donne simplement une autre dimension. Comment pouvons-nous vivre cette relation à Dieu et adopter une attitude contemplative dans notre vie de tous les jours ? Découvrez des conseils concrets pour nourrir votre vie intérieure et vous ouvrir à la contemplation.

C’est quoi une personne contemplative ?

Dans le langage courant, l’adjectif contemplatif tend à décrire une personnalité introspective, posée, parfois jugée un peu rêveuse. Mais pour les chrétiens, la pratique contemplative est ouverte à chacun, quel que soit son caractère ou son tempérament, même si bien sûr certains s’y sentiront plus appelés que d’autres.

Ce n’est pas forcément une personne consacrée

Dans la tradition catholique, certains ordres religieux sont appelés des ordres dits contemplatifs, comme les Chartreux, les Carmes, les Clarisses. Ils se différencient d’autres ordres répondant à des vocations intimes ou des charismes différents ; par exemple, les ordres mendiants (comme les Franciscains), les ordres tournés vers l’éducation (comme les Maristes) ou les ordres prêcheurs (comme les Dominicains).

Ces religieux, loin d’illustrer une division ou une segmentation dans la façon de servir Dieu, nous montrent au contraire la richesse et la beauté de cette relation entre nous et le Seigneur. 

Les religieux contemplatifs sont donc des grands frères et grandes sœurs qui nous montrent la voie d’une spiritualité dont nous pouvons tous nous inspirer. 

Sainte Thérèse de Lisieux nous transmet la “petite voie” : elle nous montre que chacun de nous, même le plus petit, peut vivre ce grand émerveillement d’amour qu’est la contemplation. 
“Seigneur, de ta beauté mon âme s'est éprise,

Je veux te prodiguer mes parfums et mes fleurs
 En les jetant pour toi sur l'aile de la brise
 Je voudrais enflammer les cœurs ! …” (sainte Thérèse de Lisieux)

Ce n’est pas une personne passive

Au Moyen Age, on opposait facilement vie active (vita activa) à la vie contemplative (vita contemplativa). La tentation put être de penser que la contemplation était préférable spirituellement à l’action, en s’appuyant notamment sur une interprétation de l’évangile de Marthe et Marie. 

Cette opposition entre vie contemplative et vie active peut laisser penser à certaines personnes qu’elles ne sont pas faites pour la contemplation. Puis-je être contemplatif si j’aime agir, si je déborde d’énergie et aime me rendre utile ? 
 Oui nous répond le pape François pour qui “contemplation et action sont deux dimensions inséparables”. 

En tant que chrétiens, nous sommes tous invités à contempler le Christ et tous appelés à le servir.

Qu’est ce qu’un style de vie contemplatif ?

Avoir une attitude plus contemplative, qu’est ce que cela signifie concrètement ?

Un regard tourné vers Dieu

Le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous parle de la contemplation : 

“La contemplation est regard de foi, fixé sur Jésus. « Je L'avise et Il m'avise », disait, au temps de son saint curé, le paysan d'Ars en prière devant le Tabernacle (cf. F. Trochu, Le curé d'Ars Saint Jean Marie Vianney, p. 223-224). Cette attention à Lui est renoncement au « moi ». Son regard purifie le cœur. La lumière du regard de Jésus illumine les yeux de notre cœur ; elle nous apprend à tout voir dans la lumière de sa vérité et de sa compassion pour tous les hommes. La contemplation porte aussi son regard sur les mystères de la vie du Christ. Elle apprend ainsi « la connaissance intérieure du Seigneur » pour L'aimer et Le suivre davantage (cf. S. Ignace, ex. spir. 104).”

Nous sommes invités à nous recentrer, non sur nous-mêmes, mais sur Dieu. L’Eglise définit la contemplation comme une “Méditation profonde où l’âme est concentrée, absorbée en Dieu. La dimension contemplative est ouverture du cœur profond qui procède de l’amour et tend vers l’Amour”

Une place laissée à la vie intérieure

Ce regard posé sur Dieu, présent en nous, nous invite à développer notre vie intérieure, à nous éloigner un peu du monde, de son brouhaha, pour nous mettre à l’écoute de ce qui palpite en nous et autour de nous. 

La contemplation nous ramène à l’ici et maintenant. C’est choisir d’être, tout simplement, d’abandonner pendant un moment le faire et le paraître. C’est revenir à la source. Ce ne sont pas nos actions qui définissent qui nous sommes mais c’est en sachant qui nous sommes vraiment, profondément (et nous le découvrons mieux jour après jour en contemplant le Christ) que nos actions prennent alors tout leur sens.

“La vie intérieure, indispensable à toute vie de foi, que nous soyons évêque, prêtres, laïcs, religieux, cette vie intérieure reçue au baptême, a besoin d’espace, de paix, de silence, pour grandir, se développer et porter du fruit.” (Mgr Georges Colomb, évêque du diocèse de La Rochelle)

Un cœur reconnaissant et émerveillé

La contemplation, c’est aussi rechercher les signes de la présence de Dieu dans notre vie, dans nos rencontres. C’est découvrir des traces de sa beauté, de sa grandeur, de sa miséricorde, de son amour, dans les personnes que nous rencontrons, dans sa création et savoir s’en émerveiller. 

La contemplation permet de lever le voile terne de nos soucis, de nos peurs, de nos jugements qui tend à obscurcir le regard que nous posons sur ce qui nous entoure et qui nous empêche de voir réellement.

Comment mener une vie contemplative dans notre société hyper-active ?

“Nous pourrions tous être des contemplatifs. Encore faut-il le savoir, et se donner les moyens de découvrir ce que notre hôte intérieur fait chaque jour et de manière permanente. C’est cela, la vie contemplative, être de plus en plus conscient et en relation amoureuse avec celui qui habite en nous.” (Jean-Claude Lavigne, frère dominicain, dans l’émission Mille questions à la foi)

L’oraison, un chemin contemplatif : contempler Dieu en soi

Sainte Thérèse d’Avila, sainte et docteur de l’Eglise - et grande contemplative - nous enseigne la prière silencieuse, appelée aussi oraison. Cette prière méditative est tout à la fois simple et exigeante mais elle est un chemin pour entrer à l’intérieur de soi et nourrir une relation d’amour avec Dieu. Dans son ouvrage, le château intérieur, elle nous guide dans ce recueillement et nous en montre les grands bienfaits. 

Dans son œuvre, elle nous invite à un voyage intérieur et à visiter les 7 demeures de l’âme. 
Sur Meditatio, retrouvez un parcours de méditation audio pour vous lancer dans l’oraison et découvrir les trésors intérieurs des 7 demeures de l’âme.

Méditer la Parole de Dieu : contempler Dieu dans la Bible

La Bible - et notamment les évangiles - nous permet de contempler Jésus. « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » (Jean 14, 6-7)

Lire et méditer chaque jour un passage de la Bible est une belle façon de contempler le Seigneur. La lectio divina, forme de lecture priante de la Bible, est d’ailleurs composée de 4 temps dont un est la contemplatio.

Téléchargez gratuitement Meditatio et retrouvez chaque matin, une méditation audio sur l’Evangile du Jour. Les questionnements et temps de silence proposés vous guideront dans la contemplation de Jésus à travers le passage du jour.

Le dépouillement : contempler Dieu autour de moi

Les Pères du Désert sont des experts de la méditation. Ces moines, partis dans le désert pour mieux vivre leur relation à Dieu, ont beaucoup à nous apprendre. Notamment dans le dépouillement nécessaire pour mieux accueillir et contempler l'œuvre de Dieu. Voici des exemples qui peuvent nous aider : 
- se dépouiller un peu de la parole, pour mieux écouter : Et si aujourd’hui, je ne parlais que si on me pose une question ? 
 - se dépouiller de notre agitation, pour mieux accueillir ce qui est. Et si aujourd’hui, je prenais le temps de m'asseoir 1 minute en silence, à chaque fois que je passe d’une activité à une autre ?
 - se dépouiller de ses a-prioris, pour mieux s’émerveiller. Et si aujourd’hui, je prenais 10 minutes pour contempler ma rue, mon jardin, la cour de mon immeuble en les regardant comme si c’était la première fois, avec un regard d’amour et de curiosité ?

Quels sont les bienfaits de la contemplation ? Les fruits de la vie contemplative

Un regard purifié sur le monde et sur les hommes

Contempler, c’est poser un regard d’amour sur le monde, sur son prochain. C’est regarder avec les yeux de Dieu et aiguiser sa capacité à discerner le beau autour de nous. C’est pouvoir s’émerveiller des trésors que chacun a au fond de lui, de la beauté sans cesse renouvelée de la nature. C’est poser un regard qui fait grandir et qui libère celui qui le reçoit.

Une joie et une paix profonde qui rayonne

La contemplation nous ouvre à une vie plus simple, à un certain lâcher prise. Nous retrouvons une liberté d’être. Dieu est source de joie et de paix profonde. Si l’image des contemplatifs est souvent associée à une certaine douceur, voire candeur, c’est bien leur pratique qui les amène à ce repos heureux de l’âme.

Une âme qui se sanctifie (à travers les grâces ou les épreuves)

Il est possible de recevoir certaines grâces contemplatives, qui chez certains vont même jusqu’à des extases, mais ce n’est pas toujours le cas et ce n’est pas grave. Parfois, ce sont des expériences éprouvantes ; certains grands saints ont même connu ce qu’ils appellent des nuits de la foi ou le doute profond apparaissait. Mais c’est avec confiance et abandon qu’il faut pouvoir vivre tout cela, car toutes ces expériences nous font grandir et sont des occasions d’avancer toujours davantage vers Dieu. C’est ce que nous dit saint Jean de la Croix, dans son poème Nuit Obscure, au bout de laquelle, c’est bien Dieu qu’il a trouvé : 
« O nuit qui m'avez guidée ! 
 O nuit plus aimable que l'aurore ! 
 O nuit qui avez uni 
 L'aimé avec sa bien-aimée 
 Qui a été transformée en lui ! »

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