En psychologie ou en développement personnel, il est souvent évoqué l’importance du détachement émotionnel. Mais le fait de se détacher émotionnellement est aussi un point évoqué par les différentes traditions spirituelles, notamment dans le christianisme. En effet, la véritable liberté intérieure n’est possible que si nous arrivons à accueillir nos émotions sans nous laisser dépasser ou contrôler par elles. Cette prise de distance permet d’assainir nos relations (en évitant notamment des dépendances affectives nuisibles) mais aussi notre façon de réagir à certaines situations (en évitant ainsi de risquer de mettre en place un comportement addictif). Le détachement est un travail que nous pouvons tous entreprendre, non pour ne plus ressentir mais pour ne plus se laisser contrôler par nos émotions. Ce lâcher prise émotionnel ne signifie pas se désinvestir, ni devenir indifférent mais au contraire ouvre un chemin pour aimer en vérité.
Le détachement émotionnel est la capacité à mettre un peu de distance entre soi et ses émotions. Il ne s’agit en aucun cas de se couper de ses ressentis ou de ses émotions, ni de les refouler mais d’arriver à les accueillir, à les entendre … et à les laisser partir sans les figer ni s'identifier à elles.
C’est un processus qui permet de se sentir plus libre et plus responsable de ses actes. Il permet de combattre ce qui peut découler d’une trop grande identification ou d’une trop importante charge émotionnelle associée à une situation, un événement, un lieu, une personne. Ce qui peut créer à terme des obsessions, des comportements addictifs, des compulsions …
Se détacher n’est pas bannir tout sentiment ou nier sa composante émotionnelle, bien au contraire. Mais il s’agit d’aimer et d’agir- non pas guidés par ses seules émotions - mais avec tout son être : corps, âme et esprit.
Ce n’est pas toujours évident de savoir si ce que nous ressentons est un moteur ou un frein à ce que nous devons vivre. Voici quelques signes pour aider à discerner si nous avons besoin de prendre un peu de recul :
De façon plus large, Jean-Guilhem Xerri, psychanalyste, coach et auteur de nombreux ouvrages, nous invite - dans son livre (Re)vivez de l’intérieur - à nous poser ces questions :
- “Sentez-vous que vous avez besoin de gagner en liberté intérieure” ?
- “C’est quand la dernière fois que vous avez réussi à dire non-pour-mieux-dire-oui, librement et paisiblement ? ”
- “Qu’est ce qui dans votre vie pourrait être avantageusement ralenti ou simplifié ? ”
“Assieds-toi, fais silence et apaise tes pensées” nous dit Abba Arsène, un des Pères du Désert, ces thérapeutes de l’âme des premiers siècles du christianisme. Ces spécialistes de l’âme humaine connaissaient bien tous nos mouvements intérieurs et les déséquilibres qui peuvent nous mettre en souffrance. Leur approche méditative nous apporte guérison intérieure et cheminement spirituel. Ils pratiquaient la garde du coeur, c’est-à-dire une observation vigilante et consciente des pensées et ressentis afin de ne pas laisser s’installer ce qui est nuisible à notre équilibre intérieur. Cette pratique aide également à observer ses émotions.
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Jean-Guilhem Xerri évoque l’importance de renouer avec notre vie intérieure, espace de liberté et d’épanouissement. Il évoque pour cela la nécessité de se “dépolluer intérieurement” de tout ce qui nous encombre, étouffe, ligote.
Dans un de ses ouvrages, il cite le pape François qui nous invite à “sortir du pragmatisme utilitaire” pour “prêter attention à la beauté” et pour “retrouver la profondeur de la vie”.
La contemplation est une forme de méditation chrétienne qui nous incite au silence, au ralentissement et à l’émerveillement. Nous ne sommes plus dans l’agir (et donc dans l’action / réaction) mais dans l’être.
Apprendre à poser un autre regard sur ce qui nous entoure, sur les événements mais aussi sur ce qui nous traverse et apprendre à y chercher la présence de Dieu nous aide à ressentir - malgré les circonstances - plus souvent paix et joie.
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Ce qui peut nuire au détachement émotionnel est la peur du manque. Elle est humaine bien évidemment. C’est le travail de toute une vie que d’accepter de nous détacher de ce qui passe. Sainte Thérèse d’Avila, qui nous enseigne les bienfaits de l’oraison, disait : “Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit”
Anselm Grün, dans son ouvrage “Une pharmacie spirituelle pour toutes les situations” nous invite à méditer ce verset du livre de Job : « Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu j’y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : Que le nom du Seigneur soit béni ! » (Job 1, 21)
Anselm Grün ajoute : “Dieu peut donner, certes, mais il peut aussi reprendre. Même dans ce cas, nous sommes dans de bonnes mains. Même quand nous ne comprenons pas le sens de ce qui nous arrive, il importe de glorifier Dieu.”
Nous pouvons aussi nous demander en quoi ce manque peut-il aussi être une chance ? une opportunité de changement, de renaissance ? Et laisser l’Esprit-Saint nous répondre. Car “Ce que tu vis n’est pas pareil si tu te souviens que Dieu le voit et qu’il t’aime” rappelle Jean-Christophe Arlet - diplômé d'un Master en psychologie clinique et coach chrétien à Toulouse - dans son parcours de méditation sur la Gestion des émotions.
(Cultiver la confiance en Dieu, en son amour infini, est une aide au détachement émotionnel. C’est ce que nous invite à faire - à travers des exercices simples et concrets - Jean-Christophe Arlet dans le parcours qu’il a écrit pour Meditatio.)