Qu’est-ce que la prédestination ?

La prédestination désigne, dans la théologie chrétienne, le fait que Dieu, depuis l’éternité, a choisi ceux qui recevront sa grâce divine et ainsi, accéderont à la vie éternelle et au Salut. Cette notion met en lumière la souveraineté de Dieu tout en conservant la liberté humaine, indispensable, car nécessaire pour accueillir la grâce. En effet, Dieu ne choisit pas certains élus, contre leur gré, pour leur accorder la vie éternelle, il offre gratuitement sa grâce divine qui rend possible le chemin vers le salut. La prédestination s’inscrit dans le plan général de la « divine providence », mais se concentre spécifiquement sur le salut des êtres rationnels, les hommes. 

Prédestination, définition et concept

La prédestination est un acte gratuit et souverain de Dieu qui désigne, depuis l’éternité, des âmes qui recevront la grâce salvatrice. Ce choix ne repose sur aucun mérite humain, il reflète la miséricorde infinie du Seigneur et la grâce prévenante qui ouvre à la vie éternelle et au Salut. La grâce prévenante agit avant même que l’homme ne réponde, mais elle n’impose pas d’effet ; elle invite l’homme à coopérer. Ainsi, la prédestination n’est pas un déterminisme fataliste, mais un don qui rend possible la liberté de croire et d’aimer selon ce que Jésus nous a enseigné dans le Nouveau Testament. L’apôtre Paul le dit ainsi dans sa lettre aux Romains : « Ceux qu’il avait destinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire » (Romains 8, 30).

Dans l’histoire de l’Église, ce concept a été au cœur de vifs débats. Saint Augustin a affirmé que la grâce de Dieu est indispensable à tout Salut et que la prédestination témoigne de la souveraineté divine. Les partisans du pélagianisme, en revanche, soutenaient que l’homme pouvait, par ses propres forces, mériter le Salut sans l’intervention de Dieu, et que la grâce divine était une aide facultative, mais non essentielle pour accéder au Salut. L’Église a condamné le pélagianisme et a confirmé la position augustinienne, soulignant que la grâce est un don gratuit indispensable pour accéder à la vie éternelle. La grâce est nécessaire, mais ne peut agir pleinement qu’avec la pleine coopération de l’homme et son entière liberté.

Prédestination et liberté

La prédestination ne supprime pas la liberté humaine, au contraire, elle la soutient. La grâce prévenante ne rend pas l’homme un simple réceptacle de la volonté de Dieu, car il doit encore répondre. En effet, la grâce « déplace » la volonté intérieure sans l’entraver : elle élève la capacité de choisir le bien, mais laisse intacte la liberté de consentir ou de refuser. Cette interaction entre grâce et liberté prévient le fatalisme. Dieu connaît d’avance qui acceptera son appel, car Dieu est hors du temps, mais il ne force aucune décision. Chaque être humain demeure responsable de sa réponse, et la culpabilité ou la béatitude découlent de cette coopération libre. Ainsi, la prédestination révèle la miséricorde de Dieu : il offre la grâce, mais le Salut ne s’accomplit que si l’homme l’accepte librement et accueille la grâce sanctifiante. En effet, voici ce que saint Paul dit aux Romains : « En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé » (Romains 10, 9). 

Prédestination et providence

La providence désigne le plan global grâce auquel Dieu orchestre l’ensemble de la création vers sa fin ultime. La prédestination est une partie de cette providence, mais se concentre sur le Salut des hommes. La providence prépare le terrain : elle ordonne les événements historiques, les circonstances de la vie et les rencontres qui permettent à la grâce d’opérer. Dans ce cadre, la prédestination apparaît comme un acte particulier de la providence, où Dieu, par son amour, désigne les âmes qui, par le biais de sa grâce prévenante, seront capables d’atteindre la béatitude. Ainsi, Dieu « prévoit » le Salut de certains, tout en laissant chaque individu libre de répondre positivement ou négativement. Dans ses lettres aux Éphésiens, saint Paul précise ceci : « En lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ. » (Ephésiens 1, 11). 

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Questions générales sur la prédestination

Dieu prédestine‑t‑il des âmes à aller en enfer ?

Non. La doctrine catholique enseigne que Dieu n’a pas prédestiné les âmes à la damnation ; il offre la grâce à tous, mais le rejet de cette grâce relève de la liberté humaine.

La prédestination nie‑t‑elle la liberté de l’homme ?

Non, au contraire, la grâce prévenante ouvre la possibilité de répondre librement à l’amour de Dieu. L’homme reste libre de consentir ou de s’en détourner.

Pourquoi Saint Augustin et les pélagiens s’opposaient‑ils ?

Saint Augustin affirmait la nécessité de la grâce divine pour le salut, tandis que les pélagiens soutenaient que l’homme pouvait, par ses propres forces, mériter le Salut sans l’aide de Dieu. Pour eux, la grâce n’était qu’une aide facultative et non nécessaire au Salut.