5e jour – 2è méditation – Insensibilité du cœur
Grande retraite de Rome du Père Eymard – 65 jours en 1865
– Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici :
- Présentation générale
- Contexte • JOUR 0 – Résolutions nécessaires • 1 – L'objet de sa retraite
- 1er JOUR – Sur saint Paul • 2e JOUR – Sur saint Paul (suite) • – Sur ces paroles : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? • 3e JOUR – Péché – Sur Jésus-Christ • – Sur mes péchés • – Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ • 4e JOUR – Comment je me suis donné à Notre Seigneur • – Sur le don de moi et ses conséquences • 3e méditation – Sur la légèreté de caractère • 5e JOUR – Sur la légèreté de caractère (suite)
5e jour – lundi 30 janvier 1865
2e méditation – Insensibilité du cœur
Je n'ai pas médité sur le sujet préparé, du 11e chapitre de l'Imitation. La grâce m'a porté à examiner la seconde maladie de mon âme : l'insensibilité de mon cœur pour les choses de Dieu.
Il y a là assurément un état d'infidélité, de punition, car mon cœur, si sensible de lui-même, si tendre quand il voit pleurer, si reconnaissant quand on fait quelque chose pour lui, si dévoué pour le reconnaître, est cependant d'une insensibilité absolue à l'égard de Dieu – et même à la vue de mes péchés, de la Passion de Notre Seigneur.
Les maux futurs, la privation des mérites de moins, tout cela ne me fait rien. Une chose cependant me touche, c'est l'humiliation du péché, extérieure du moins, de n'avoir pas la paix avec Dieu, mais cette paix d'amitié.
Et cette insensibilité spirituelle devient même naturelle. Je suis peu sensible à mes frères. Je n'aime pas leurs témoignages d'affection, ni de personne ; ma pauvre sœur a le même sort. La mort me touche peu ; la souffrance cependant, beaucoup.
Il y a donc bien longtemps que je n'ai pas senti la componction du cœur, que j'ai pleuré aux pieds de Notre Seigneur. Je pleurerais plus facilement aux pieds de la très sainte Vierge, avec Madeleine, saint Pierre, saint Jean au Calvaire – la sympathie.
J'ai remercié le bon Dieu de ne m'avoir pas traité comme un voleur, un infidèle, un banqueroutier frauduleux ; de m'avoir laissé en religion, prêtre en fonction, ayant même la réputation de ces états, imméritée, bien clair*.
Je comprends que je ne mérite pas de verser des larmes de dévotion, encore moins d'amour, pas même celles de la douleur et de la pénitence. Ce serait une trop grande consolation, un témoignage de la bonté de Dieu trop grand. Je ne mérite pas l'honneur de Madeleine, ni la visite de Pierre.
Une douleur sèche, voilà la part de l'orgueil humilié, d'un cœur qui trop longtemps s'est aimé finalement.
Qu'est-ce qui pourrait amollir ce cœur de fer, de glace ? Le feu de l'amour. Il faut que je voie l'amour de Notre Seigneur pour moi, ce que son amour lui a fait supporter de moi, me circonvenir, me faire faire du bien, attendre. « Dieu m'a aimé le premier, » [1Jn 4,19], alors que j'étais son ennemi, indifférent, infidèle !
Quand mon orgueil, mon amour-propre sera sous le poids de tant d'amour de Notre Seigneur, peut-être cette glace se fondra-t-elle… Mais je recule devant le détail de l'amour de Dieu et le mien.
Là est le « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » [Ac 9,6]
Il y a si longtemps que je rebute la bonté de Dieu qui m'appelle, m'invite, me presse, vient à moi. Je ne l'ai pas écouté. Je l'ai laissé, j'ai couru où il ne voulait pas. On rend la pareille.
S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,11)
* ”bien clair” : C'est un usage de la langue de son époque. Aujourd'hui, nous dirions : ”c'est clair”.
Découvrez la nouvelle communauté de prière Cœur Eucharistique de Jésus – Élévations de Sophie Prouvier animée par Jehanne Sandrine.
1ère publication : À l'ombre de l'église du Cœur Eucharistique de Jésus – Paris 20
2cde publication : La vision de Jean de l'Alverne
3 commentaires
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6