4e jour – 1re méditation – Comment je me suis donné à Notre Seigneur
Grande retraite de Rome du Père Eymard – 65 jours en 1865
– Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici :
- Présentation générale
- Contexte • JOUR 0 – Résolutions nécessaires • 1 – L'objet de sa retraite
- 1er JOUR – Sur saint Paul • 2e JOUR– Sur saint Paul (suite) • – Sur ces paroles : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? • 3e JOUR – Péché – Sur Jésus-Christ • – Sur mes péchés • – Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ
4e JOUR – dimanche 29 janvier 1865
1re méditation – 1 heure – Comment je me suis donné à Notre Seigneur
J'ai vu comment je ne me suis donné à Notre Seigneur au très saint Sacrement que par le dévouement de l'amour, que par le service, le culte, le zèle. La nature y trouvait son élément, la vanité et l'activité de l'esprit aussi.
L'entraînement du combat, du zèle, faisait en moi une chaleur de piété, de ferveur, d'amour de sentiment au moment. Et voilà tout.
Je me suis plaint à Dieu de m'avoir trop béni sous ce rapport.
Je l'ai remercié des épreuves des sujets et même de la pénurie. Assurément, je n'étais pas dans la condition intérieure de les bien élever, de les nourrir, de leur communiquer la grâce intérieure de la Société. De là, ces désertions, ces hommes à idées personnelles. J'ai remercié Notre Seigneur de ”Angelus qui me colaphizet” – ”un ange de Satan chargé de me souffleter” [2Co 12,7]. C'était une grande grâce. La crainte m'arrêtait ou me stimulait. C'est inouï que ces luttes au retour de Rome, deux fois, avant chaque fait, œuvre, fondation. Que ces coups de fouet ont été de grandes grâces !
Qu'est-ce qu'il me faut ? Me donner à Jésus-Christ, et le servir par le don, l'holocauste de moi-même. ”Non tua volo, sed te” –” C'est vous que je veux, et non pas vos dons” [cf. Im 4, 8: 3]. Notre Seigneur m'a fait comprendre qu'il préfère le don de mon cœur à tous les dons extérieurs que je pourrais lui faire, quand bien même je lui donnerais les cœurs de tous les hommes, sans lui donner le mien. ”Præbe, fili, cor tuum mihi” – ”Mon fils, donne-moi ton cœur” [Pr 23,26].
Par conséquent Notre Seigneur préfère :
– un acte d'humilité personnelle à toutes les gloires que je lui consacrerais ;
– un acte de renoncement personnel à tous les hommages des succès, du zèle, des conversions. C'est de moi que je donne ;
– un acte de pauvreté personnelle à tous les accroissements extérieurs de la Société et même de son Royaume extérieur par la Société ;
– un acte de mortification à toutes les vertus de dévouement, parce que c'est de moi et que le reste est hors de moi.
Voilà ce que je n'ai jamais donné, étudié, ce que j'ai craint. Il est temps d'en finir. Surtout que Notre Seigneur m'a montré quels torts je fais par cela à sa gloire, quel dommage je porte à la Société étouffée, que de misères je m'attire, même corporelles.
Voilà ma méditation. C'est la méditation fondamentale. Il faut que je bâtisse là-dessus.
Trois fois, j'ai tiré de l'Imitation ceci (lib. 3, c. 13)* :
« L'ennemi du dehors est bien plus vite vaincu, quand l'homme n'a pas la guerre au-dedans de soi. L'ennemi le plus terrible et le plus dangereux pour votre âme, c'est vous, lorsque vous êtes divisé en vous-même.
Il faut que vous appreniez à vous mépriser sincèrement, si vous voulez triompher de la chair et du sang. »
« L'amour désordonné que vous avez encore pour vous-même, voilà ce qui vous fait craindre de vous abandonner sans réserve à la volonté des autres » [Im 3, 13: 4-7]. – Ce voluntati est visible quand on vient me déranger de ce que je fais avec plaisir ou pour me débarrasser. Dieu va toujours en me libérant et contrariant.
S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,8)
* ”L'imitation de Jésus-Christ” de Thomas A. Kempis, ouvrage écrit en latin à la fin du XIVe siècle, est le livre de chevet du Père Eymard, souvent cité en latin dans sa Grande retraite de Rome. Nous en donnerons directement la traduction en français.
2 - Le fil rouge : Se donner :
Très rapidement, apparaît le thème qui va se développer tout au long de sa recherche.
Le 29 janvier, il choisit comme thème de sa méditation : Comment je me suis donné à Notre Seigneur. Il découvre qu'il ne s'est donné au service du Seigneur que par vanité. Et il se demande :
Qu'est-ce qu'il me faut ? Me donner à Jésus-Christ, et le servir par le don, l'holocauste de moi-même. C'est toi que je veux, et non tes dons [cf. Im 4, 8: 3]. Notre Seigneur m'a fait comprendre qu'il préfère le don de mon cœur à tous les dons extérieurs que je pourrais lui faire, quand bien même je lui donnerais les cœurs de tous les hommes, sans lui donner le mien. Mon fils donne-moi ton cœur [Pr 23,26] [NR 44,8 ; V,226].
Voilà une méditation qu'il juge fondamentale.
Père André Guitton, sss – Le Don de soi - à la suite de S. Pierre-Julien EYMARD
Découvrez la nouvelle communauté de prière Cœur Eucharistique de Jésus – Élévations de Sophie Prouvier animée par Jehanne Sandrine.
1ère publication : À l'ombre de l'église du Cœur Eucharistique de Jésus – Paris 202cde publication : jeudi 17 mars !
4 commentaires
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6