La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865

 – Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici : 

Récapitulatif des publications

• Présentation
• Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier : Saint Paul – Rome
  Rédemptoristes — Mercredi 1er février
• 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
• 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
• 4e Semaine : Jeudi 16 février – Mercredi 22 février 1865
• 29e JOUR – Jeudi 23 février 1865 • 1re méditation – Travailler sous Notre Seigneur
  • 2e méditation – Gloire de Notre Seigneur• 3e méditation – Retour
• 30e JOUR – Vendredi 24 février 1865 • 1re méditation – Ministre de Jésus-Christ (a)
  • 2e méditation – Ministre de Jésus-Christ (b)• 3e méditation – Société, grâces
• 31e JOUR – Samedi 25 février 1865 • 1re méditation – Société et moi• 3e méditation – Besoin de Dieu
• 32^e JOUR – Dimanche 26 février 1865 • 1re méditation – Adoration
  • 2 & 3e méditation – Lecture de l'Imitation
• 33^e JOUR – Lundi 27 février 1865 • 1re méditation – Adoration

34^e JOUR
Mardi 28 février 1865

Matin

Adoration au Jésus^*.

Méditation – le soir

Recueillement aux pieds de Notre Seigneur.

S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,70)

* Il s'agit de l'église du Gesù, l'église principale des Jésuites à Rome, où reposent les restes de saint Ignace de Loyola et de saint François Xavier. On y célébrait la reposition des Quarante heures.

35^e JOUR
Mercredi 1er mars 1865 – Mercredi des Cendres

1re méditation – Sur la pénitence

J'ai considéré Dieu imposant à nos premiers parents coupables leur pénitence. Comme la bonté de Dieu éclate en cette circonstance, où il aurait dû se mettre dans une grande colère ! Il met, au contraire, les coupables sur la voie du pardon, en leur offrant l'occasion de l'humilité du repentir, mais le péché rend insolent !

Dieu ne se fâche pas de leur insolence. Il ne les punit pas comme les anges rebelles. Il ne les fait ni frapper, ni enchaîner, ni humilier par les autres créatures. Ce sont ses pauvres créatures, déjà assez malheureuses. C'est un père qui corrige pour pardonner, qui accompagne même ses pauvres pécheurs. Il laissera lui-même ce paradis, comme un père laisse une maison veuve de ses enfants.

Quelle pénitence leur infligera Dieu ? Une pénitence corporelle. Rien que cela. « Maudit soit le sol à cause de toi ! À force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. Il produira pour toi épines et chardons, et tu mangeras l'herbe des champs. »

« À la sueur de ton visage, tu mangeras ton pain, jusqu'à ce que tu retournes au sol dont tu as été tiré. Car tu es poussière et tu retourneras à la poussière » [Gn 3,17-19].
« Le Seigneur Dieu fit à l'homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit » [Gn 3,21] !
« Et le Seigneur Dieu le renvoya du jardin d'Éden pour cultiver le sol d'où il avait été tiré » [Gn 3,23].
« Il bannit l'homme » [Gn 3,24].

Comme on voit bien le cœur d'un père ! Il ne confie pas le coupable à des exécuteurs de sa justice. C'est lui-même qui lui parle, qui lui intime sa pénitence, qui lui fait ses premiers vêtements, qui le fait sortir du Paradis, et qui sort avec lui.

Puis, ce Rédempteur promis, – la très sainte Vierge Marie immaculée, « elle-même t'écrasera la tête » [Gn 3,15].

Or, pourquoi cette pénitence corporelle ? l'humiliation de ce vêtement, cette poussière de son existence, ce travail, ces sueurs, ces épines de la terre, – et à Ève ces angoisses et misères de mère, cette domination, cette soumission ?

Dieu punit le corps, parce que l'âme est devenue charnelle, et il punit l'âme par ce qu'elle a aimé plus que lui.

Puis, le corps a été l'instrument du péché, a joui du fruit défendu. C'est l'esclave qui s'insurgera continuellement contre le maître – la conscience, la raison. Il faut le réduire tout d'abord, couper la racine charnelle des trois concupiscences.

Ainsi, pénitence du corps, pénitence de justice, de réparation de la sainteté en l'homme, et de la gloire de Dieu.

Puis Notre Seigneur, second Adam, est venu et, comme fils d'Adam, a épousé notre état, afin de l'élever jusqu'à la vertu, jusqu'à sa perfection. Il fait même l'exercice de l'amour parfait. Il a aimé et glorifié son Père par la souffrance, l'humilité et la pauvreté.

La très pure et parfaite Vierge Marie, sa divine Mère, a vécu de même. De sorte que la pénitence est non seulement une vertu de justice pour moi, grand pécheur, mais une vertu de Notre Seigneur en moi, un fruit de sa grâce, la plus belle fleur à offrir à sa gloire.

Je suis obligé à la pénitence, non seulement comme pécheur mais comme prêtre de Jésus-Christ, corédempteur, afin de sauver les âmes. « Et je complète [en ma chair…] » [Col 1,24]. Mais aussi comme religieux, puisque la pénitence est le fondement de la vie religieuse, l'âme des vœux, la vraie vie de Jésus-Christ. « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive chaque jour » [Mt 16,24].

Afin de mieux voir le sequatur, j'ai médité, suivi Notre Seigneur au désert, jeûnant, faisant pénitence. Toutes ces réflexions m'ont trouvé sec et froid. J'ai demandé à Notre Seigneur la grâce et l'esprit de pénitence :
1° ne rien prendre entre les repas,
2° recevoir bien tout ce qui arrive de la Providence, choisir ce qui [illisible].

À déjeuner : Imitation, lib. 3, c. 51 :
« Il est nécessaire, à cause du vice de votre origine, que vous descendiez quelquefois à des choses plus basses, et que vous portiez, malgré vous, et avec ennui, le poids de cette vie corruptible.
Tant que vous traînerez ce corps mortel, vous éprouverez un grand dégoût et l'angoisse du cœur. »

S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,71)