La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865

 – Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici : 

Récapitulatif des publications

• Présentation
• Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier : Saint Paul – Rome
  Rédemptoristes — Mercredi 1er février
• 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
• 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
• 4e Semaine : Jeudi 16 février – Mercredi 22 février 1865

29e JOUR
Jeudi 23 février 1865

1re méditation – Travailler sous Notre Seigneur

J'ai revu Notre Seigneur sous la dépendance absolue de son Père, répétant fidèlement et avec amour sa parole, ses actions, accomplissant parfaitement ses ordres, ne faisant rien, ne disant rien de lui-même.

J'ai admiré Notre Seigneur à Nazareth, avec cette vie inutile pour le monde, cachée aux hommes, si simple en elle-même. Et cependant, le Père la préfère à toutes les autres. Il préfère son divin Fils et notre Sauveur le glorifiant et nous sanctifiant caché, n'ayant que lui pour témoin, travaillant de son pauvre état à des choses de si peu de valeur ! C'est que cette vie cachée est toute à Dieu par le sacrifice de soi, glorifie plus Dieu que par tous les dévouements en dehors de soi. C'est le règne de Dieu en soi. C'est qu'il y a plus d'ouvriers que de maîtres. C'est que la vie contemplative est plus parfaite que la vie active : elle est la mort, le tombeau de l'amour-propre. Notre Seigneur change ma voie, ma grâce, en voulant me garder près de sa divine personne, en m'attirant plus à lui par l'intérieur. C'est donc une bien grande grâce.

Je travaillerai avec le Roi dans son cabinet. Je serai son confident. J'exécuterai directement ses ordres. Je dirai ses paroles mêmes et rien autre. Je ferai les actions qu'il me montrera. J'exécuterai les plans qu'il m'aura faits. Je serai lui en répétition, le corps de son âme, la liberté de son désir, l'exécution humaine et qu'il rendra divine par notre union.

Mais qu'est-ce que je dois faire principalement ? Travailler en l'intérieur, en mon intérieur, sur moi d'abord. « Le Christ demeurant en moi fait ses œuvres » [cf. Jn 14,10]. Mais pour le faire demeurer en moi, comment faire ? C'est de demeurer en lui. Notre Seigneur demeurera en moi en raison de ma demeure en lui. Cette demeure se fait par le don renouvelé par l'hommage, activé par les actes de vertu, fortifié, soutenu en l'amour et l'amour actif et non jouissant. Le feu ne jouit pas de lui-même, ni la vie, puisqu'elle se dépense et se donne.

Oh ! qu'il y a longtemps que Notre Seigneur m'attire. Et toujours, je fuyais vers le dehors, m'imaginant comme les gens grossiers qu'il n'y a que le mouvement, le travail extérieur, le dévouement qui valent quelque chose. C'est-à-dire que l'on n'aime pas rester toujours dans une maison où la misère, l'infirmité, les douleurs siègent. On sort d'ennui. Ou bien d'amour étranger. Ou bien, c'est le gaz de la vanité qui s'échappe.

Oraison jaculatoire : Vis en moi, règne en moi, commande en moi. 

À déjeuner : Imitation, lib. 3, c. 43 :
« Mon fils, ne vous laissez pas émouvoir au charme et à la beauté des discours des hommes, car le royaume de Dieu ne consiste pas dans les discours, mais dans les œuvres. »
« Ne lisez jamais pour paraître plus savant ou plus sage. »
« Ils ont fait plus de progrès en quittant tout, que par une profonde étude. » 
« Soyez attentif à mes paroles, qui enflamment le cœur, éclairent, attendrissent l'âme, et la remplissent de consolation. » [Im 3, 43 : 1 , 3, 13, 2].

S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,60)