32e JOUR – Dimanche 26 février 1865 – 1re méditation – Adoration
La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865
– Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici :
Récapitulatif des publications
- Présentation
- Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier : Saint Paul – Rome
Rédemptoristes — Mercredi 1er février - 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
- 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
- 4e Semaine : Jeudi 16 février – Mercredi 22 février 1865
- 29e JOUR – Jeudi 23 février 1865 • 1re méditation – Travailler sous Notre Seigneur
• 2e méditation – Gloire de Notre Seigneur• 3e méditation – Retour - 30e JOUR – Vendredi 24 février 1865 • 1re méditation – Ministre de Jésus-Christ (a)
• 2e méditation – Ministre de Jésus-Christ (b)• 3e méditation – Société, grâces - 31e JOUR – Samedi 25 février 1865 • 1re méditation – Société et moi• 3e méditation – Besoin de Dieu
32e JOUR
Dimanche 26 février 1865
1re méditation – Adoration
J'ai médité sur l'adoration.
J'ai vu d'abord que mes adorations sont bien défectueuses en deux choses : pensées trop vagues, – adoration de zèle. Il ne s'agit en adoration, ô mon âme, ni d'être apôtre, ni d'être Supérieur. Il faut être simplement adorateur, c'est-à-dire faire de tout mon être, de toute ma vie actuelle et future, un hommage de justice et d'amour à Notre Seigneur Jésus-Christ au très saint Sacrement de l'autel, exposé solennellement pour moi – l'adorer par moi. Voilà le point essentiel. « C'est vous que je veux, et non pas vos dons » [cf. Im 4, 8: 3].
Il faut que j'adore Notre Seigneur, son amour dans le très saint Sacrement, ses sacrifices, son état, sa bonté – en un mot, la cause de l'institution, de la perpétuité, de la multilocation* de l'Eucharistie. Que je me mette aussi en rapport avec la grâce constitutive et alimentaire de ce divin Sacrement, s'unir à Notre Seigneur par cette grâce, le glorifier dans son état sacramentel. Et alors mon âme sera dans sa vie. « Demeurez dans mon amour » [Jn 15,9]. Il ne faut pas que j'aille à l'Eucharistie par les mystères et les vertus de Notre Seigneur, mais bien à ces mystères et à ces vertus, de l'Eucharistie à eux. C'est le soleil qui produit les rayons. C'est trop long de remonter au soleil par un rayon, on s'arrête en route.
La grande grâce de ma méditation a été de voir l'excellence de notre vocation, qui fait de l'adoration un état stable, l'exercice principal de la vie, et la fin même de la perfection de l'état religieux, – de faire par devoir et par vœu ce que dans le monde on fait librement et si rarement ; – d'être ainsi la Société de Notre Seigneur, sa garde divine, – de faire ce que fait le ciel.
Mais mon esprit était trop plein de pensées. Mon âme a trop couru, trop voulu voir le beau, l'excellence, au lieu de voir le bon de l'amour pour moi.
J'y reviendrai. Retour. Action de grâces. 1 heure.
S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,67a)
* En traitant de la présence du Christ dans l'Eucharistie, le P. Eymard utilise à plusieurs reprises le terme de “multilocation”. Le mot désigne, selon le P. A. de Solignac, s.j., “la présence simultanée d'une même personne en plusieurs lieux” (DSp 10, 1837). Dans ses exposés, le P. Eymard se réfère au phénomène mystique de la bilocation, dont il est question, entre autres, dans les vies de saint François Xavier et de saint Alphonse de Liguori. Il y trouve argument pour parler de la “multilocation” du Christ dans son sacrement. Si ceux-là ont pu bénéficier d'une telle grâce, à combien plus forte raison le Christ a-t-il le pouvoir de réaliser un “miracle”, bien plus grand, en “multipliant” sa présence en d'innombrables lieux, partout où il y a un prêtre qui célèbre. C'est une approche qui porte la marque de son époque et qui relève d'une théologie désuète. En utilisant ce terme ou celui de “multilocalité”, le Père entendait bien être fidèle à la doctrine catholique, mais son langage ne saurait être retenu. Selon saint Thomas d'Aquin, le corps du Christ n'est pas dans le sacrement comme dans un lieu : il y est présent, non sous le mode des dimensions, mais par mode de “substance” (Somme théologique, 3e part., quest. 76, art. 5). La présence du Christ est sacramentelle.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6