Mort eucharistique

Prédication Générale (PG 148) du Père Eymard, dont voici les chapitres précédents :
Le sacrifice de la croix et celui de l'autel
Présentation & Plan
Sainteté du sacrifice
1- Le Père éternel le reçoit sans indignation
L'institution du sacrifice honore Dieu
L'institution du sacrifice honore Dieu (suite)
2- Jésus-Christ honore son Père sans souffrance
Son impatience du sacrifice
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Mort eucharistique
Il ne se contente pas de séparer ainsi son corps de son sang, il veut même que nous croyions que ce corps et ce sang sont sacrifiés dès ce moment et qu'il est lui-même dans un état de mort, écoutez les paroles qu'il ajoute : Ceci est mon corps livré pour vous [1Co 11,24]. Ceci est mon sang qui sera versé pour vous [cf. Mt 26,28]. Ce n'est pas, dit Jésus-Christ à ses apôtres, mon corps comme glorieux que je vous donne, c'est mon corps comme victime et qui va bientôt être immolé : livré pour vous ; ce n'est pas mon sang comme coulant dans mes veines que je vous offre, c'est mon sang comme répandu et prêt à être versé sur le Calvaire : mon sang qui sera versé pour vous.
À cela vous direz peut-être, mes frères, que malgré cet appareil lugubre, Jésus-Christ n'est point mort ni détruit dans ce sacrifice, puisque la douleur seule fait cesser de vivre. J'avoue, mes frères, que Jésus-Christ est vivant dans l'Eucharistie, mais admirez comment sa mort s'y accorde avec sa vie. – Il est vivant puisqu'il a le principe de la vie, qui est l'âme ; mais il est mort puisqu'il n'a pas les opérations libres. Le mouvement seul nous fait distinguer les choses vivantes de celles qui sont mortes. Or le Fils de Dieu est sans mouvement et sans action dans ce sacrement adorable ; il a une bouche et n'y parle point ; il a des mains et il n'y fait aucune action ; toutes ses parties sont dépouillées de leur extension naturelle, et réduites à un point. Et ainsi je trouve que si Jésus-Christ n'est point mort sur l'autel comme il doit être sur la croix, il y est du moins en état de mort puisqu'il y est privé de toutes les fonctions de la vie : Je vis un agneau comme égorgé [Ap 5,6].
Saint Pierre-Julien Eymard (PG 148,8)