Son impatience du sacrifice

Prédication Générale (PG 148) du Père Eymard, dont voici les chapitres précédents :
Le sacrifice de la croix et celui de l'autel
Présentation & Plan
Sainteté du sacrifice
1- Le Père éternel le reçoit sans indignation
L'institution du sacrifice honore Dieu
L'institution du sacrifice honore Dieu (suite)
2- Jésus-Christ honore son Père sans souffrance
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Son impatience du sacrifice
Oui, mes frères, le Fils de Dieu meurt en quelque sorte dès l'institution de ce sacrement adorable, on dirait qu'il est déjà sur le Calvaire et qu'il nous donne sa vie avant que de la perdre. – L'amour qu'il nous porte le presse si fort qu'il ne peut attendre jusqu'au lendemain, commençant à satisfaire dès cette institution l'impatience qu'il avait eue de mourir et qu'il avait si souvent manifestée : Je dois être baptisé d'un baptême et combien suis-je pressé qu'il s'accomplisse ! [Lc 12,50]
Que dis-je ! mes frères, le Fils de Dieu oppose même l'impatience qu'il avait de mourir sur l'autel à celle qu'il avait de mourir sur la croix. Avec quelles paroles énergiques n'exprime-t-il pas le désir violent qu'il a pour l'autel : J'ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous… [Lc 22,15] Eh quoi ! Judas n'a pas encore accompli son exécrable dessein, les bourreaux qui doivent le lier ne sont pas encore dans le jardin de Gethsémani [cf. Lc 22,47], et cet adorable Sauveur est dans l'impatience ; il entre dans le Cénacle et se met à table, il dresse lui-même sa croix, si je puis parler ainsi, et s'y attache de ses propres mains, il ouvre lui-même son cœur et ses veines, il sépare son sang de son corps : “Prenez, dit-il, mon corps” et puis séparément, “prenez, dit-il, mon sang.” [Mt 26,26-28] N'est-ce pas là être en état de mort ; et à ne considérer précisément que la force des paroles que Jésus-Christ prononce, l'amour ne met-il pas son corps dans un état en quelque façon semblable à celui où la douleur doit bientôt le mettre ? Je vis un agneau comme égorgé [Ap 5,6].
Saint Pierre-Julien Eymard (PG 148,7)