39e JOUR – Dimanche 5 mars 1865 – 1re méditation – Centre de vie

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La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865

 – Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici : 

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39e JOUR
Dimanche 5 mars 1865

1re méditation – Centre de vie

Que le bon Dieu est bon ! Il a soulevé un peu mon âme un peu accablée, et qui aurait été facilement paresseuse !

La sainte Eucharistie est mon centre naturel, surnaturel et final, par état de vocation. Sa pensée doit donc être facile ! – Par état, je demeure chez Notre Seigneur, autour de son autel, de son trône. Or, demeurer chez quelqu'un, c'est y être tout entier. Demeurer chez un si grand Roi, c'est avoir une demeure bien honorable. Demeurer chez Notre Seigneur Jésus-Christ, c'est demeurer chez la Bonté même. Il faut donc être bien stupide, bien vicieux, bien ingrat pour n'y pas rester.

La sainte Eucharistie est l'objet même de mon travail*, est mon travail. Son service direct est ma part : son culte, son adoration, son service immédiat, qui exige toute l'application de ma pensée, toute l'étude de mon intelligence, toute l'énergie de ma volonté, tout l'hommage de mon corps. Tout doit donc être préparation et application en moi au service de la divine Eucharistie !

La sainte Eucharistie est la fin de ma vie, fin absolue qui renferme toutes les autres fins, puisque Notre Seigneur est l'alpha et l'oméga. Lui plaire, l'aimer, le servir, voilà le temps et l'éternité pour moi. Je suis et je dois suivre partout mon Maître.

Demeurant chez Notre Seigneur, je suis toujours chez lui, je travaille toujours avec lui et sur lui, quand je suis dans la loi et la grâce de mon service, puisque je dois communiquer ses ordres, organiser son service, le soutenir.

Mais il faut que le Dieu eucharistique soit ma pensée naturelle et surnaturelle dominante, mon point de centre, la loi de ma vie. Autrement, je pourrais faire comme un enfant à ses amusements, un ivrogne dans l'occasion, un esclave de ceux que je dois amener à mon maître !

Or voici la grande grâce de ma méditation, et que j'ai bien comprise : je dois rester chez Notre Seigneur, travailler sur lui et pour lui, – non par l'esprit, car mon esprit doit être à l'attention de la chose à faire, c'est une consigne, un surveillant, un ouvrier que mon esprit, ce n'est pas le maître. – Non par une vertu à pratiquer en le servant, ce serait être un ouvrier à une chose, à une aptitude. Puis demeurer dans une vertu, ce serait trop demeurer chez soi, être à ses pièces !

Je dois donc demeurer chez Notre Seigneur, avec Notre Seigneur, dans une pensée, dans un sentiment affectueux, dans la dévotion de l'amour, de lui, de sa gloire. Et tout doit nourrir cette pensée affectueuse. Elle doit aussi alimenter, perfectionner tout le reste, comme sa saveur, la pensée maîtresse. Or jusqu'ici j'ai été dans la pensée intellectuelle de l'Eucharistie, dans l'étude de l'Eucharistie, dans les moyens extérieurs du succès, et non dans la moelle, dans le cœur de cet amour divin. Voilà pourquoi je me suis toujours agité. J'ai travaillé beaucoup d'esprit, de corps, d'extérieur, mais non de cœur, d'affection. Aussi, mon centre était l'esprit, la science de l'Eucharistie, de l'écorce de la Société, et non son centre de vie,
– centre qui me doit être si facile, puisque j'en ai l'idée, la connaissance,
– centre qui est ma grâce d'état,
– centre qui doit former et alimenter les vertus chrétiennes et évangéliques, sans que j'aie besoin de chercher ailleurs,
– centre qui me nourrit de suite, puisque c'est une atmosphère de lumière, de suavité, de paix. – C'est Notre Seigneur.

Mais il faut, ô moi ! que tu sortes de toi, que tu vives du cœur, en la bonté de Jésus Eucharistie ! Il faut un amour de noble passion, qui enlève tout d'un coup, qui donne tout d'un trait. « Lui-même vivra par moi car il demeure en moi » [cf. Jn 6,57-58].

Mais ô mon Dieu ! pourquoi aimez-vous l'homme à ce point, de faire tout pour lui en ce monde ? de mettre à son service les anges et les saints ? de vous mettre vous-même à ma disposition ? d'oublier votre majesté, votre dignité, vos droits, pour me prier de vous aimer, de répondre à votre amour par le mien ? de vous préférer à votre ennemi, qui est le mien aussi, au démon ? de ne pas m'attacher à d'autre qu'à vous, finalement du moins ?

Mais oubliez-vous que je ne suis rien, que je n'ai que la disposition de mon cœur ? Ne dirait-on pas que vous ne pouvez pas être heureux sans moi ? que vous avez besoin de moi ? Et cependant, je ne vous aime pas de tout mon cœur ! Je me fais prier, poursuivre. Je suis parcimonieux pour vous ! Ô folie !

DéjeunerImitation, lib. 1, c. 24
« Celui qui aime Dieu de tout son cœur ne craint ni la mort ni le supplice, ni le jugement, ni l'enfer, parce que l'amour parfait nous donne un sûr accès auprès de Dieu. – Donc tout est
vanité, hors aimer Dieu et le servir lui seul. » [Im 1, 24: 41] 

S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,81)


*« materia circa quam » : expression empruntée au langage de la théologie scolastique ; littéralement : « la matière au sujet de laquelle ». On peut retranscrire la phrase en ces termes : « La sainte Eucharistie est l'objet même de mon travail ».

Prière de la communauté

ÂME DU CHRIST / ANIMA CHRISTI – Vidéo pour chanter : https://youtu.be/g8qOI_SH3eo

ÂME DU CHRIST Âme du Christ, sanctifie-moi Corps du Christ, sauve-moi Sang du Christ, enivre-moi Eau du côté du Christ, lave-moi Passion du Christ, fortifie-moi Ô bon Jésus, exauce-moi Dans tes blessures, cache-moi Ne permets pas que je sois séparé de Toi De l'ennemi, défends-moi À ma mort, appelle-moi Ordonne-moi de venir à Toi Pour qu'avec tes saints je Te loue Dans les siècles des siècles Ainsi soit-il. Ancienne prière reprise par Saint Ignace de Loyola Prière finale des Exercices spirituels ANIMA CHRISTI – Vidéo pour chanter : https://youtu.be/g8qOI_SH3eo – Ref/ Anima Christi, sanctifica me. Corpus Christi, salva me. Sanguis Christi, inebria me. Aqua lateris Christi, lava me. 1. Passio Christi, conforta me. O bone Jesu, exaudi me. Intra vulnera tua absconde. 2. Ne permittas a te me separari. Ab hoste maligno defende me. In hora mortis meae voca me. 3. Et iube me venire ad te, Ut cum Sanctis tuis laudem te. Per infinita saecula saeculorum.

2 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Saint Pierre-Julien Eymard – Prophète de l'Eucharistie

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