Frère Laurent de la Résurrection : vie, expériences spirituelles et prières
Frère Laurent de la Résurrection était un frère convers des Carmes déchaux, en Lorraine. Il est particulièrement connu grâce à un recueil de lettres et d’entretiens, publié après sa mort. Mystique catholique, il y raconte sesexpériences spirituelles, entièrement centrées sur la pratique de la présence de Dieu.
Biographie de Laurent de la Résurrection
Frère Laurent de la Résurrection, de son nom de naissance Nicolas Herman, naît en 1614 à Hériménil, près de Lunéville, dans le duché de Lorraine (en Meurthe-et-Moselle actuelle). À dix-huit ans, il vit sa première expérience mystique, qui le marque profondément : il voit un arbre nu en plein hiver puis a aussitôt une vision de ce même arbre fleuri au printemps. Il est alors pris d’un grand élan d’amour pour Dieu et pour sa Création.
Toutefois, il choisit de s’engager dans l’armée du duc de Lorraine, Charles IV, qui combat les envahisseurs français. En effet, le duché de Lorraine est alors ravagé par la guerre de Trente (qui débuta en 1618 et s'acheva en 1648).
Nicolas échappe par deux fois à la mort mais sort grièvement blessé du siège de Rambervillers de 1635. Quelque temps plus tard, il décide de quitter la Lorraine, malheureusement dévastée par la famine et la peste.
Le jeune homme décide alors de devenir ermite. Toutefois, il est surpris de constater qu’il ne trouve ni la paix ni la ferveur religieuse qu’il espérait dans cette vie érémitique. Alors, il abandonne son ermitage et trouve une place de laquais chez Gaspard III de Fieubet, conseiller ordinaire du roi Louis XIV, et chancelier de la reine Marie-Thérèse d’Autriche.
Progressivement, l’idée de devenir moine s’installe dans l’esprit de Nicolas. Un de ses oncle est carme, cela l’intéresse.
Aussi, à vingt-six ans, il demande à entrer au couvent des Carmes déchaux de la rue de Vaugirard comme frère convers (laïc lié à un ordre religieux, chargé des travaux agricoles ou manuels et des affaires séculières d’un monastère). C’est à ce moment-là qu’il prend le nom de Frère Laurent de la Résurrection. En 1642, il prononce ses vœux de frère convers. Chaque jour, il consacre deux heures à l'oraison, alors que sa fonction ne l’y oblige pas, pour tâcher de se mettre en présence de Dieu : « Je m'appliquais soigneusement le reste du jour, et même pendant mon travail, à la présence de Dieu, que je considérais toujours auprès de moi, souvent même dans le fond de mon cœur, ce qui me donna une haute estime de Dieu ».
Pendant quinze ans, il est le cuisinier de son couvent puis exerce le métier de savetier, jusqu’à sa mort. Frère Laurent sort parfois de son couvent afin de faire de longs voyages (jusqu’en Auvergne ou en Bourgogne) pour chercher des provisions.
À la fin de sa vie, il souffre atrocement d’une sciatique qui le fait boiter, mais il ne perd en rien sa bonne humeur caractéristique.
Au début de l’année 1691, Frère Laurent tombe malade, malgré une première guérison son état empire. Il meurt, « avec la paix et la tranquillité de quelqu’un qui dort » racontent les témoins de son décès, le 12 février 1691.
Son biographe, l’abbé Joseph de Beaufort, dira de lui : « La vertu du frère Laurent ne le rendait point sauvage. Il avait un accueil ouvert, qui donnait de la confiance et faisait sentir qu’on pouvait tout lui découvrir et qu’on avait trouvé un ami… Ce qu’il disait était simple, mais toujours juste et rempli de sens. Au travers d’un extérieur grossier, on découvrait une sagesse singulière, une liberté au-dessus de la portée ordinaire d’un frère convers, une pénétration qui dépassait tout ce que l’on en attendait. Sa bonne physionomie, son air humain et affable, sa manière simple et modeste lui gagnaient l'estime et la bienveillance de tous ceux qui le voyaient ».
Prières de Frère Laurent
Prière de Laurent de la Résurrection pour adorer le Seigneur
« Je fais ce que je ferai dans toute l’Éternité : je bénis Dieu, je loue Dieu, je l’adore et je l’aime de tout mon cœur ; c’est là tout notre métier, mes frères, d’adorer Dieu et de l’aimer, sans se soucier du reste. Ainsi soit-il ».
Prière de Laurent de la Résurrection pour rendre grâce à Dieu
« C'est trop, Seigneur ! C'est trop pour moi ; donnez, s'il vous plaît, ces sortes de faveur et ces consolations aux pécheurs et à ces gens qui ne vous connaissent point, afin de les attirer par-là à votre service. Car pour moi qui ai le bonheur de vous connaître par la foi, il me semble que cela devrait suffire ; mais parce que je ne dois rien refuser d'une main aussi riche et aussi libérale que la vôtre, j'accepte, mon Dieu, les faveurs que vous me faites ; ayez pour agréable, s'il vous plaît, qu'après les avoir reçues, je vous les rende telles que vous me les avez données, car vous savez bien que ce n'est pas vos dons que je cherche et que je désire, mais c'est vous-même, et que je ne peux me contenter de rien moins. Ainsi soit-il ».
Dix citations de Frère Laurent de la Résurrection
- « Pendant vos repas et vos entretiens, élevez quelques fois vers Dieu votre cœur : le moindre mouvement lui sera toujours fort agréable »
Frère Laurent de la Résurrection : Lettre n° 9 à une dame, vers 1689
- « Nous ne saurions trop avoir de confiance en un ami si bon et si fidèle qui ne nous manquera jamais ni en ce monde, ni en l'autre »
Frère Laurent de la Résurrection : Lettre n° 10 à une dame du 29 octobre 1689
- « La Présence de Dieu, c'est en quoi consiste toute la vie spirituelle : en la pratiquant, on devient spirituel en peu de temps »
Frère Laurent de la Résurrection : Lettre n° 3 à une religieuse, 1685
- « Nous servir de toutes les œuvres de notre état pour marquer à Dieu notre amour et entretenir sa présence en nous... Je retourne mon omelette dans la poêle pour l’amour de Dieu »
Frère Laurent de la Résurrection : Mœurs, n° 10
- « Notre sanctification dépend, non du changement de nos œuvres, mais de faire pour Dieu ce que nous faisons ordinairement pour nous-mêmes »
Frère Laurent de la Résurrection : Quatrième entretien, 25 novembre 1667, n° 44
- « Une petite élévation du cœur suffit, un petit souvenir de Dieu, une adoration intérieure... aussi courtes qu'elles soient, ces prières sont très agréables à Dieu »
Fr. Laurent de la Résurrection : Lettre n° 6 à une dame, du 12 octobre 1688
- « La pratique la plus sainte et la plus nécessaire en la vie spirituelle est la présence de Dieu. C'est de se plaire et de s'accoutumer en sa divine compagnie s'entretenant amoureusement avec lui en tout temps »
Frère Laurent de la Résurrection : Maxime n° 6
- « Regarder toujours Dieu et sa gloire en tout ce que nous faisons, ce que nous disons et entreprenons. Que la fin que nous prétendons soit d’être les plus parfaits adorateurs de Dieu. »
Frère Laurent de la Résurrection : Maxime n°2
- « Adorer Dieu en vérité, c’est le reconnaître pour ce qu’il est et nous reconnaître pour ce que nous sommes. »
Frère Laurent de la Résurrection : Maxime n°13
- « La présence de Dieu est donc la vie et la nourriture de l’âme, qui se peut acquérir avec la grâce du Seigneur. »
Frère Laurent de la Résurrection : Maxime n°25
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