Relique de saint : en quoi ces objets de piété nous touchent-ils encore ?

Le culte des reliques existe dans différentes religions et ce, dès l’Antiquité. De tous temps, les hommes ont  trouvé - à travers les objets appartenus aux défunts - un moyen de respecter, de prendre soin et de vénérer le souvenir d’une personne et de sa vie. Dans la tradition catholique, les reliques des saints sont l’objet d’une dévotion populaire qui a traversé les siècles, même si la ferveur n’a pas toujours eu la même intensité. Ces objets, ossements, vêtements gardés pieusement au cœur des églises furent l’objet de vénération et de prières, et parfois le lieu de beaux miracles. Mais comment une relique peut-elle nourrir ma vie de foi ? Puis-je faire une prière de guérison au pied d’un reliquaire et attendre un miracle sans risquer de tomber dans la superstition ou l'idolâtrie ?

 

Qu’est- ce qu’une relique pour les catholiques ?

Les reliques des saints dans la tradition catholique

Le dictionnaire Robert définit une relique comme “Fragment du corps d'un saint (ou objet associé à la vie du Christ ou d'un saint) auquel on rend un culte.” 

L’Eglise catholique précise la nature de ce culte et nous explique d’où vient le culte des reliques  : “Le culte rendu aux reliques, qui s’adresse aux saints est un culte de respect et non d’adoration, réservé à Dieu seul. Ce culte remonte aux martyrs des premiers siècles, sur les tombeaux desquels on venait prier et célébrer la messe.” (site édité par la Conférence des Évêques de France)

Les premières reliques chrétiennes étaient notamment les corps des martyrs (ce qu’il en restait). Si les messes ne sont plus célébrées sur les tombeaux, de nombreux autels d'Église renferment une relique d’un saint pour perpétuer cette tradition des premiers siècles.

Aux reliques des martyrs, considérées comme thaumaturges (sources de miracles), se sont ajoutées celles des autres saints catholiques qui ont suivi. Les reliques faisaient alors l’objet de pèlerinage notamment pour des demandes de guérison ou de protection particulière.

La croyance étant que les grâces peuvent également être transmises par les vêtements ou les objets comme le montrent certains passages de la Bible, comme celui tiré des Actes des Apôtres : “Par les mains de Paul, Dieu faisait des miracles peu ordinaires, à tel point que l’on prenait des linges ou des mouchoirs qui avaient touché sa peau, pour les appliquer sur les malades ; alors les maladies les quittaient et les esprits mauvais sortaient.” (Actes 19, 11-12)

Si ces objets (corporels ou matériels) sont des objets de dévotion ; à travers l’histoire, cette dévotion a pu prendre plus ou moins d’ampleur. 

Les abus et détournement autour des reliques - vol, trafic et commerce de reliques, apparitions de fausses reliques - ont existé au cours des siècles, ainsi qu’une confusion avec ce qui s'apparente davantage à de la superstition ou de la magie, détournant alors le fidèle de Dieu. C’est ce qui a pu être dénoncé entre autres au moment de la Réforme. Chez les protestants, il n’y a ni culte des saints, ni culte des reliques. Le concile de Trente, tout en l’autorisant, a encadré cette pratique afin d’éviter les déviances.

L’Histoire nous apprend ainsi que les reliques restent des supports à la vie de prière, des appels à la conversion et à se tourner vers Dieu, mais ne doivent jamais être recherchés pour elles-mêmes. Les reliques sont avant tout des signes de la présence de Dieu.

Exemples de reliques 

Voici quelques exemples de reliques : 

  • le corps incorrompu des saints comme celui du Curé d’Ars, de sainte Catherine Labouré ou, plus récemment, le corps intègre de Carlo Acutis, exposé à Assise.
  • une partie d’un corps : fragment d’os, doigt, cœur, cheveux, dent, sang … 
  • un vêtement ou morceau d’un vêtement, comme par exemple la sainte tunique à Argenteuil qui aurait couvert le Christ pendant sa passion.
  • un objet comme le bâton de saint Joseph conservé à Naples ou le linceul de Turin.

Culte des reliques : support de grâces ou superstition ?

Entre les débats sur l’authenticité de certaines reliques, les abus et le risque de tomber dans une forme de superstition, peut-on vraiment prêter foi aux reliques ?

Les reliques, source de bien des miracles …

Les miracles qui ont eu lieu autour des saints, même après leur mort, à travers leurs reliques, sont nombreux. 

Si certains ne peuvent pas toujours être vérifiés mais font l’objet de croyances populaires contribuant à l’histoire et à l’aura du saint, à travers des récits hagiographiques (comme l’illustre la Légende dorée de Jacques de Voragine), des grâces inexpliquées continuent à apparaître autour des reliques. C’est le cas, par exemple, de la guérison miraculeuse de Pauline Jaricot sur les reliques de sainte Philomène, ou de l'Abbé Charles Anne, guérit après avoir prié une neuvaine à sainte Thérèse de Lisieux en portant un sachet de ses cheveux à son cou.

Il est important de noter que ces miraculés ne faisaient pas que se tenir près des reliques mais priaient le saint et demandaient son intercession. Ils ont été guéris par leur foi, par la grâce de Dieu et avec l’intercession d’un saint ; les reliques étant des supports à leurs prières.

… et de nombreuses dérives

Le principe des reliques est aussi vieux que le monde et la tendance humaine des hommes à désirer se rassurer par la présence matérielle d’un objet y est pour quelque chose. Une relique - dans la religion catholique - n’est pas un talisman, un porte-bonheur ou un gri-gri.

Pour éviter tout dérapage, il n’est maintenant plus permis à une personne seule - laïc ou religieux - d’obtenir une relique d’un saint ; ces dernières ne sont attribuées qu’à une communauté ou une paroisse pour le “culte public des fidèles”. Et le commerce des reliques est strictement interdit par l’Eglise.

Si les reliques doivent faire l’objet de soin, de respect et de piété, il est important de se préserver de tout fétichisme ou idolâtrie.

La nécessité de rechercher Dieu avant tout

Il est donc important de bien distinguer la vénération d’un saint (à travers sa relique) de l’adoration qui ne peut concerner que Dieu lui-même.

Saint Jérôme nous le rappelle clairement : « Nous n'adorons pas les reliques, nous ne les adorons pas, de peur de nous prosterner devant la créature plutôt que devant le créateur. Mais nous vénérons les reliques des martyrs pour mieux adorer Celui dont elles sont les martyrs. » (Ad Riparium, i, PL, XXII, 907).

Ce n’est pas l’objet lui-même qui est vénéré, mais le saint à travers lui. Et derrière ce saint, c’est la figure de sainteté et sa ressemblance au Christ. La relique nous aide donc à contempler le Christ, l’action de Dieu sur Terre, incarnée dans un saint. Elle ne doit pas détourner notre regard du Christ pour devenir attachement à l’objet lui-même. 

Dans ce sens, la valeur d’une relique réside avant tout dans sa capacité à nourrir notre foi, notre capacité d’abandon à l’amour de Dieu et à son agir dans notre vie. 

L’Eglise Catholique, dans son catéchisme, redit son attachement à cette forme de piété populaire : “Hors de la Liturgie sacramentelle et des sacramentaux, la catéchèse doit tenir compte des formes de la piété des fidèles et de la religiosité populaire. Le sens religieux du peuple chrétien a, de tout temps, trouvé son expression dans des formes variées de piété qui entourent la vie sacramentelle de l’Église, tels que la vénération des reliques, les visites aux sanctuaires, les pèlerinages, les processions, le chemin de croix, les danses religieuses, le rosaire, les médailles, etc.”. (article 1674)

Aujourd’hui, comment les reliques peuvent -elles nourrir ma foi ?

Comme objet de témoignages

Derrière chaque relique, il y a une histoire. L’histoire d’une vie, l’histoire d’un combat spirituel, l’histoire d’une victoire dans la foi. Découvrir les reliques et tout ce qu’elles nous transmettent du saint dont elles sont issues, mais aussi des fidèles à travers les temps qui ont prié autour d’elles, nous permet de mieux comprendre la foi chrétienne. Ce sont des témoignages précieux de l’Eglise à travers les siècles. Et pour chaque chrétien, pouvoir s’ancrer dans une histoire, se rappeler que nos combats ont déjà été vécus (et gagnés !) par d’autres est une force.

Comme invitation à incarner ma prière

Une relique invite à se mettre en chemin. Elle peut donner un sens à nos prières qui parfois peuvent être arides. 

  • Ce peut être l’occasion d’un pèlerinage sur le lieu de la relique : prendre du temps, bouger mes habitudes, me mettre en chemin, découvrir un nouveau lieu … c’est aussi faire de la place et de la disponibilité à Dieu dans ma vie
  • Derrière la relique, c’est à un saint que je demande son intercession. Découvrir ce saint, ces charismes, comprendre en quoi sa vie, son exemple résonne en moi, c’est autant de petites lumières qui peuvent éclairer mon propre chemin.
  • Devant une relique, je suis porté par la ferveur des autres croyants. La prière communautaire porte et quand je sens moi-même que ma prière faiblit, je peux simplement aussi me nourrir de la foi de ses frères et sœurs qui m’entourent.

“Les saints sont nos modèles de prière et nous leur demandons aussi d’intercéder pour nous et pour le monde entier auprès de la Sainte Trinité. Leur intercession est leur plus haut service du dessein de Dieu. Tout au long de l’histoire de l’Église, se sont développés, dans la communion des saints, différents types de spiritualité, qui apprennent à vivre et à pratiquer la prière.” (Catéchisme de l’Eglise Catholique)

Où voir de saintes reliques ?

Où se trouvent les reliques ?

Les reliques, placées dans des reliquaires ou des châsses, sont gardées dans des églises. Les premières reliques des martyrs étaient enchâssées dans l’autel même des églises. Maintenant elles sont généralement placées dans une partie de l’église, dans la crypte mais parfois la châsse ou le reliquaires est visible, les fidèles pouvant ainsi le contempler

Certaines (quand la taille le permet) sont parfois sorties et font l’objet de processions à certaines périodes.

Liste des principales reliques en France

  • La sainte tunique à Argenteuil
  • Les reliques de la sainte Chapelle, qui sont les reliques du Christ, gardées maintenant à Notre Dame de Paris notamment un fragment de la croix du Christ, un clou de la Passion, la sainte lance et la couronne d’épines.
  • Les reliques de sainte Thérèse de Lisieux à la basilique et au carmel de Lisieux.
  • Les reliques de sainte Marie-Madeleine dont une partie est gardée en la basilique Saint-Maximin-la-Sainte-Baume.
  • Les reliques de saint Thomas d’Aquin, en l’église de Saint-Sernin à Toulouse

… et il existe aussi bien d’autres reliques de saints plus régionaux à découvrir près de chez soi !

Priez les saints avec Hozana

Découvrez de nombreuses propositions gratuites sur le site ou l’application Hozana pour prier et se laisser enseigner par ces grands témoins de la foi que sont les saints. Vous pouvez par exemple découvrir chaque lundi, une publication pour vous faire connaître un saint et son ancrage dans l’histoire de la France, ou recevoir chaque matin la présentation du saint du jour.

Vous pouvez également confier vos prières à de grands intercesseurs à travers des neuvaines : comme cette neuvaine à sainte Thérèse de Lisieux ou celle à Carlo Acutis, ce jeune saint du XXIème siècle dont le corps incorrompu est une des plus belles reliques de notre temps.

  1. Site du diocèse de Versailles : https://www.catholique78.fr/priercelebrer/prier/venerer-les-reliques
  2. Catéchisme de l’Eglise Catholique https://www.vatican.va/archive/compendium_ccc/
  3. https://eglise.catholique.fr/
  4. https://archives.carmeldelisieux.fr/naissance-dune-sainte/les-proces-la-sainte-de-therese/le-proces-apostolique/les-miracles-de-la-beatification/

Association Hozana - 8 rue du Palais de Justice, 69005 Lyon

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