54e JOUR – Lundi 20 mars 1865 – 1re méditation – Vie de la sainte Famille

Nous sommes dans les jours décisifs de la Grande retraite de Rome. Le Vœu de la personnalité approche, le 21 mars 1865, summum de la spiritualité eucharistique eymardienne…
La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865
– Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici :
Récapitulatif des publications
• Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier :
Saint Paul – Rome Rédemptoristes
— Mercredi 1er février
• 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
• 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
• 4e Semaine : Jeudi 16 février – Mercredi 22 février 1865
• 5e Semaine : Jeudi 23 février – Mercredi des Cendres, 1er mars 1865
• 6e Semaine : Jeudi 2 mars – Mercredi 8 mars 1865
• 7e Semaine : Jeudi 9 mars – Mercredi 15 mars 1865
• 50e JOUR : Jeudi 16 mars 1865 • 1re méditation – Lois • 2e méditation • 3e méditation – Amour personnel de Jésus • 4e méditation – Science
• 51e JOUR : Vendredi 17 mars 1865 • 1re méditation – Vie d'amour de Jésus pour moi
• 2e méditation – Très sainte Vierge • 3e méditation – Compassion de la très sainte Vierge
• 52e JOUR : Samedi 18 mars 1865 • 1re méditation – Passion personnelle de Notre Seigneur
• 53e JOUR : Dimanche 19 mars 1865 • 1re méditation – Saint Joseph (a) • Saint Joseph (suite) • 2e méditation – Consécration à saint Joseph • 3e méditation – Saint Joseph adorateur
54e JOUR
Lundi 20 mars 1865
1re méditation – Vie de la sainte Famille
J'ai médité sur la vie de la sainte Famille, c'est-à-dire de Marie et de Joseph en Jésus.
J'ai médité sur ces trois points :
– 1° Jésus était le centre d'amour de Marie et de Joseph. « Où que soit le corps… » [Mt 24,28]. « Où est ton trésor, là sera ton cœur » [Mt 6,21]. De sorte que avoir Jésus, c'était tout le centre de la famille. On ne tenait ni à Bethléem, ni à Nazareth, ni à l'Égypte. Avoir Jésus, c'était la maison du cœur.
Comme saint Joseph revenait vite, et avec joie et bonheur à la maison où était le divin enfant ! Comme il ne perdait point de temps, loin de lui ! Il savait que Jésus était l'amour divin incarné !
Ainsi ma maison, ma famille, mon centre, c'est le Jésus de la maison de la Société que j'habite. Je dois être son Joseph, n'être bien que là.
– 2° Jésus était la fin de la vie de Marie et de Joseph. On ne vivait, on ne travaillait que pour lui.
Oh ! avec quel plaisir saint Joseph travaillait pour gagner un peu de pain au divin enfant et à sa vierge et divine mère ! Comme il rapportait avec bonheur le petit salaire de son travail ! Et quand il avait un peu plus de peine, comme sa peine lui était agréable, parce qu'elle avait pour fin Jésus !
Ainsi Jésus Hostie doit être la fin de ma vie, puisque je suis le Joseph de son état sacramentel. Il doit être la loi de ma vie, la joie et le bonheur de ma vie. Et quelle vie plus belle que celle du très saint Sacrement !
– 3° Jésus était l'aliment continuel de la vie d'union et de l'amour divin de Marie et de Joseph. Ils étaient si heureux de le regarder, de l'entendre, de le voir travailler, obéir, prier. Il faisait tout si bien.
Mais surtout, ils étaient bien plus heureux de voir son intérieur, ses intentions ; de connaître ses sentiments, le motif de ses vertus ; de le voir choisir et chercher les occasions de pauvreté, d'obéissance, de pénitence ; de le contempler dans ses abaissements et ses anéantissements ; de voir comment il renvoyait tout à la gloire de son Père, ne voulant rien pour lui comme Fils de l'homme, comme homme, mais renvoyant tout honneur, tout amour à la divinité.
Jésus, Marie et Joseph n'avaient qu'une vie, ne voulaient qu'une chose : glorifier le Père céleste.
Ah ! voilà ce que je devrais faire. Pour cela, il faut que j'entre dans l'union de Marie et de Joseph, que je partage leur vie, cette vie de famille, cette vie intime dont Dieu seul eut le secret.
Mon âme était bien heureuse de contempler l'intérieur de la sainte Famille, ce qu'on y faisait, l'Évangile de famille de Jésus, les belles soirées de prière et de conversations célestes de Nazareth. Assurément, Jésus expliquait à Marie et à saint Joseph tout ce que les saintes Écritures disent de lui. Il leur révélait le Calvaire et toutes ses scènes d'humiliations et de douleurs. Il devait leur montrer la place des clous à ses mains et à ses pieds, afin de commencer en Marie et Joseph les vertus du Calvaire. Il devait leur parler de l'Église, des Apôtres, des religieux, de ma pauvre misère, de son amour pour moi.
Nazareth était devenu le ciel de l'amour et le paradis terrestre, non d'Adam premier, mais du second Adam, de la seconde Ève, des vertus les plus pures, de l'amour le plus saint.
Quel beau et céleste parfum devait s'exhaler de ce céleste parterre habité par le Verbe incarné, la mère de Dieu, le juste Joseph ! Comme le Père céleste devait y prendre ses délices, les anges l'admiration – le démon, la frayeur !
Et moi, ce sera l'amour, et…*
Imitation, lib. 3, c. 23 :
« Unissez-moi à Vous par l'indissoluble lien de l'amour : car vous suffisez seul à celui qui vous aime, et tout le reste sans vous n'est rien » [Im 3, 23: 26].
S. Pierre-Julien Eymard (NR 44,115)
* Phrase inachevée.