50e JOUR /65 – Jeudi 16 mars 1865 – 1re méditation – Lois – 2e méditation
La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865
– Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici :
Récapitulatif des publications
- Présentation
- Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier : Saint Paul – Rome
Rédemptoristes — Mercredi 1er février - 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
- 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
- 4e Semaine : Jeudi 16 février – Mercredi 22 février 1865
- 5e Semaine : Jeudi 23 février – Mercredi des Cendres, 1er mars 1865
- 6e Semaine : Jeudi 2 mars – Mercredi 8 mars 1865
- 7e Semaine : Jeudi 9 mars – Mercredi 15 mars 1865
50e JOUR
Jeudi 16 mars 1865
1re méditation – Lois
Je me suis demandé quelles lois j'avais à suivre dans le gouvernement de mon être pour la vie surnaturelle. Et Notre Seigneur a daigné m'éclairer sur la marche à suivre, et la manière de me conduire avec mon corps, mon esprit et mon cœur.
1° Avec mes sens, en commandant et de façon forte, comme avec des esclaves toujours prêts et disposés à se révolter, comme avec des enfants raisonneurs, comme avec des paresseux, qui disent : je ne puis pas. Ainsi agit un commandant, un maître. Ainsi agissait saint Paul : « Je meurtris mon corps et le traîne en esclavage » [1Co 9,27].
Ainsi l'Imitation : « Mettez un frein à l'intempérance » [Im1,19:17], comme à un cheval ; « Combats courageusement » [Im1,21:9], parce que le premier choc est terrible. C'est celui de la violence. « Des violents s'emparent du Royaume de Dieu » [Mt 11,12]. Ils enlèvent sans pourparlers, sans permission. Il faut que les sens sachent qu'ils ont un maître dur et sévère, et ne leur donner raison que lorsqu'ils tomberont blessés à mort. Et encore, il faut recevoir la mort debout.
2° Avec l'esprit, avec patience Il est faible, léger, ignorant. Il faut le conduire comme l'enfant à l'école, par l'attention simple, par l'intérêt de la chose, par le sentiment du bon plaisir de Dieu et du recueillement en sa bonté paternelle dans les difficultés. Comme on dit à un enfant : travaillez pour faire plaisir à vos parents.
Il ne faut pas une contention absorbante, mais une attention dirigeante.
La pensée de Dieu pour l'esprit consiste plutôt en une simple vue de Dieu, comme les enfants qui rencontrent les yeux du maître – mais une vue d'amour, un sentiment filial de faire plaisir.
3° Avec le cœur, avec mortification. Le cœur est fort, c'est la force de l'homme. Il s'attache toujours à la créature pour lui, finalement. Il est avare. Il est égoïste. Il fait continuellement des provisions. Ou veut avoir des centres où il se repose.
« Brûle, coupe, n'épargne pas », voilà la prière de saint Augustin.
« Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même » [Mt 16,24], voilà la condition absolue de Notre Seigneur.
On ne peut servir, aimer, deux maîtres opposés.
Donc, il faut conduire le cœur par le sacrifice, lui arracher violemment ses idoles, lui briser sans pitié ses chaînes, l'enlever de l'incendie, des voleurs, du volcan, de la peste. Voilà le premier acte. « Des violents s'en emparent » [Mt 11,12], car le Royaume de Dieu, c'est le cœur de l'homme.
Puis, le cœur libre ira se jeter aux pieds de son Seigneur et de son Dieu, car « Tu nous as faits pour toi, Seigneur »*. Et s'il pleure, c'est la fièvre qui pleure. S'il souffre, c'est la plaie qui se guérit. S'il veut regarder en arrière, c'est de le souffleter, comme un délit de mépris contre Dieu. Qui donnera le soufflet ? L'Ego : un cœur terrestre ou somnolent ne se réveille que de cette manière.
Imitation, lib. 1, c. 3 :
« Parce que plusieurs s'occupent davantage de savoir que de bien vivre, ils s'égarent souvent, et ne retirent que peu ou point de fruit de leur travail.
Certes, au jour du jugement, on ne nous demandera point ce que nous avons lu, mais ce que nous avons fait ; ni si nous avons bien parlé, mais si nous avons bien vécu.
Celui-là possède la vraie science, qui fait la volonté de Dieu et renonce à la sienne. » [Im1,3:24,26,36].
Quelle bonne leçon ! Il est bien certain que je fais « comme les abeilles : ce n'est pas pour vous-mêmes que vous faites votre miel. »**
2e méditation
+ Cardinaux 3. Cénacle
S. Pierre-Julien Eymard (NR 44,106)
* Saint Augustin, Confessions, 1,1.
** Virgile, Tiberii Claudii Donati vita, c. 18.
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6