46e JOUR – Di. 12 mars 1865 – 1 & 2e méditat° – Douceur intérieure de Notre Sgnr
La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865
– Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici :
Récapitulatif des publications
- Présentation
- Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier : Saint Paul – Rome
Rédemptoristes — Mercredi 1er février - 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
- 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
- 4e Semaine : Jeudi 16 février – Mercredi 22 février 1865
- 5e Semaine : Jeudi 23 février – Mercredi des Cendres, 1er mars 1865
- 6e Semaine : Jeudi 2 mars – Mercredi 8 mars 1865
- 43e JOUR : Jeudi 9 mars 1865 • 1re méditation – Pauvreté de Notre Seigneur – religieux • 2e méditation – Tempête
- 44e JOUR : Vendredi 10 mars 1865 • 1re méditation – Raison de la sainte pauvreté
• 2e méditation – Même sujet – vertu - 45e JOUR : Samedi 11 mars 1865 • 1re méditation – Très sainte Vierge • 2e méditation – Soumission • 3e méditation – Jésus maître
46e JOUR
Dimanche 12 mars 1865
1re & 2e méditations – Douceur intérieure de Notre Seigneur
J'ai médité sur la douceur de Notre Seigneur, comme formant son vrai caractère, son esprit et sa vie. « Mettez-vous à mon école, car je suis doux » [Mt 11,29]. Il n'a pas dit : « Mettez-vous à mon école, car je suis pauvre, mortifié, dévot, pieux, sage, silencieux ». Rien de tout cela. Mais doux, parce que l'homme déchu est naturellement colère, haineux, jaloux, susceptible, vindicatif, homicide dans son cœur, furieux dans ses yeux, venin sur sa langue, violent dans ses membres. La colère, c'est sa nature, parce qu'il est naturellement orgueilleux, ambitieux, sensuel.
Parce qu'il est malheureux et humilié de son état, c'est un être aigri, comme on le dit d'un homme qui a souffert des autres.
1° Notre Seigneur est doux dans son cœur. Il aime son prochain. Il veut son bien. Il lui veut du bien. Il ne pense qu'au bien qu'il peut lui faire. Il ne juge du prochain que dans sa miséricorde, et non dans sa justice, ce n'est pas l'heure. « Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » [Lc 19,10]. – « Ce sont les malades qui ont besoin de médecin » [Lc 5,35].
C'est une tendre mère – le bon Samaritain : c'est Jésus-Christ. Chaque enfant faible, le pécheur, le juste, tous ont une place de tendresse dans son cœur. « Venez à moi, vous tous qui peinez », etc. [Mt 11,28].
Il n'y a donc dans le cœur de Jésus ni indignation contre ceux qui le méprisent, qui l'injurient, qui lui veulent du mal, qui lui en font, qui lui en feront. Il les connaît tous. Il n'y a que de la compassion, de la peine de leur malheur. « À la vue de la ville, il pleura sur elle » [Lc 19,41].
Mais comment Notre Seigneur pouvait-il être doux pour ses ennemis méchants, mauvais, pour Judas ?
Il était doux par nature. « L'Agneau de Dieu » [Jn 1,22].
Il était doux par vertu, parce que son Père en était glorifié.
Il était doux par mission de son Père. La douceur devait être le caractère du Sauveur, pour attirer les pécheurs, les encourager à venir à lui, les attacher à lui, à sa loi.
La douceur devait être la vertu caractéristique des siens, parce qu'elle est le fruit de l'amour.
J'ai bien besoin de cette douceur de cœur. Je ne l'ai pas, et n'en ai que l'apparence. Et souvent les pensées, les jugements contraires. Pourquoi ?
– Parce que depuis quelque temps, je ne combats pas assez les souvenirs pénibles.
– Parce que je laisse aller mon imagination à des représentations de luttes, de combats, d'assauts de courage, d'énergie, comme les fiévreux qui, une fois l'accès passé, ne peuvent plus marcher.
– Parce que je juge trop des choses et des personnes par rapport au succès de la Société, ou sous le rapport de l'autorité, ou des vertus extérieures d'obéissance, d'humilité, de discipline.
Je devrais en juger comme Notre Seigneur, ou dans sa sainteté ou dans sa miséricorde – ou dans une mission à la plus grande gloire de Dieu. Alors, la charité serait pour moi.
« L'homme humble jouit d'une paix inaltérable » [Im 1, 7: 13]. « Il s'appuie sur Dieu » [Im 2, 2: 11].
2° Jésus est doux dans son esprit. Il ne voit que Dieu son Père dans le prochain. Il ne veut voir dans les hommes que des créatures de Dieu. C'est le Père qui aime son fils, qui pleure ses égarements, qui le cherche pour le ramener, qui soigne ses plaies, n'importe leur origine, qui veut lui rendre la vie de Dieu. Alors, son esprit est dans le devoir de la paternité envers son enfant, dans les moyens efficaces, dans la peine de son malheureux enfant. C'est le bien qui l'occupe. C'est pour son bien qu'il travaille, et non dans la colère, l'indignation et la vengeance.
David demandant la vie d'Absalom, pleurant amèrement sa mort.
La très sainte Vierge, Mère de douleurs, sa compassion sur Jésus et sur les pécheurs.
La vraie charité se nourrit à l'esprit comme au cœur du bien, et non des contraires.
Elle ne sépare jamais l'homme de son état surnaturel ou futur, ne l'isole pas de Dieu, car autrement ce serait un ennemi.
1 Cor. 13, saint Paul : « La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n'est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. La charité ne passe jamais » [1Co 13,4-8]. Ainsi, tout ce détail se rapporte à la vraie douceur de Notre Seigneur.
Retour. Ce que je disais de mon cœur, je dois surtout le dire de mon esprit, de mon imagination, qui me fatiguent dans l'oraison par les tempêtes qu'ils soulèvent subitement en moi. Ce sont de vraies furies, une tourbe révolutionnaire à mettre le feu partout et l'épée en tout.
C'est ma faute. Je ne coupe pas de suite cette mèche qui brûle. Un peu plus de promptitude et un regard vers Dieu, et tout serait apaisé.
Imitation, lib. 3, c. 28 :
« Ce n'est pas une prudence médiocre que de savoir se taire au temps mauvais, et de se tourner vers moi intérieurement, sans se troubler des jugements humains.
Que votre paix ne dépende point des discours des hommes ; car, qu'ils jugent de vous bien ou mal, vous n'en demeurez pas moins ce que vous êtes. Où est la véritable paix et la gloire véritable ? N'est-ce pas en Moi ?
Celui qui ne désire point de plaire aux hommes et ne craint pas de leur déplaire, jouira d'une grande paix.
De l'amour déréglé et des vaines craintes naissent l'inquiétude du cœur et la dissipation des sens. » [Im 3, 28: 4-10].
Comme le bon Maître a été bon ! C'est vraiment le complément de la grâce d'hier et de ce matin !
Espère en Dieu, ô mon âme ! Te voilà sur les vertus fondamentales.
S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,97)
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6