44e JOUR – Vendredi 10 mars 1865 – 1re méditation – Raison de la sainte pauvreté
La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865
– Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici :
Récapitulatif des publications
- Présentation
- Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier : Saint Paul – Rome
Rédemptoristes — Mercredi 1er février - 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
- 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
- 4e Semaine : Jeudi 16 février – Mercredi 22 février 1865
- 5e Semaine : Jeudi 23 février – Mercredi des Cendres, 1er mars 1865
- 6e Semaine : Jeudi 2 mars – Mercredi 8 mars 1865
- 43e JOUR : Jeudi 9 mars 1865 • 1re méditation – Pauvreté de Notre Seigneur – religieux • 2e méditation – Tempête
44e JOUR
Vendredi 10 mars 1865
1re méditation – Raison de la sainte pauvreté
La pauvreté n'est pas estimable, ni aimable par elle-même, puisqu'elle est une privation, une punition.
Elle est devenue noble en Notre Seigneur Jésus-Christ qui l'a épousée, et en a fait son état et sa forme de vie, – le fondement de la vie évangélique, – sa première béatitude, – son héritière divine.
Elle est sainte, parce qu'elle est la grande vertu de Notre Seigneur, celle qui répare la gloire de Dieu perdue par le péché originel et les péchés personnels.
– Elle produit la vertu de pénitence par les privations d'état. Elle est l'occasion naturelle de la grande vertu de patience, qui est l'œuvre chrétienne parfaite.
– Elle est l'âme et l'aliment de l'humilité ; elle en est l'humiliation naturelle.
– Elle suppose la douceur, une grande force de caractère pour souffrir beaucoup et longtemps. Car la souffrance pure, sans consolation, sans secours du moins bienveillants, forme son état ordinaire.
Comme vertu positive, elle est douce, on ne donne rien à un pauvre en colère. Elle est honnête, elle respecte tout le monde, surtout les grands bienfaiteurs. Elle est reconnaissante, c'est sa puissance. Elle prie, c'est sa vie.
Elle est glorieuse à Dieu :
– Elle bénit sa sainte volonté en tout.
– Elle est contente de son état, que Dieu lui a fait.
– Elle se sert de tout ce qui le compose comme d'hommages à Dieu, ainsi que Job.
– Elle adore et aime Dieu plus que tout. Sa sainte volonté, c'est sa richesse.
– Elle s'abandonne comme un enfant à sa providence paternelle, de miséricorde, de bonté et quelquefois de justice.
– Elle est la pauvre de Dieu – « Décharge sur le Seigneur ton fardeau » [Ps 54,23].
Elle est donc bien belle la pauvreté aux yeux de Dieu, quand elle est chrétienne, mais ravissante quand elle est religieuse, spontanée. C'est le vrai amour souverain par le don de tout, par l'abandon en tout. La jouissance a perdu l'homme. La pauvreté le relève, le béatifie.
Comme elle est admirable, cette pauvreté de Jésus au très saint Sacrement ! Là, dépouillé de toute gloire, de tout bien naturel, de toute liberté. Il est là à la charité de l'homme, à sa merci. C'est le vrai amour.
En cette méditation, ce qui m'a frappé le plus, c'est de voir la bonté, la prodigalité de cette divine providence sur moi et sur la Société. Combien j'ai tort de n'être pas son enfant abandonné en tout, dans les petites souffrances, dans le choix de ce qui est à mon usage, dans les voyages, et même dans tout acte religieux simple.
Et combien je l'ai offensée, cette belle vertu ! Combien j'ai été peu digne d'être en la compagnie de Notre Seigneur. Tout ce qui est personnel est l'ennemi de cette royale vertu.
J'aimerai encore plus saint François, son amant divin, son apôtre si puissant.
Je suis revenu sur ma résolution d'hier au soir. Jamais d'adulation, de faiblesse, pour la paix, pour l'estime. Mais agir seulement dans le calme, par la vérité personnelle et par le devoir de la justice ou de la charité.
Imitation, lib. 1, c. 7 : « L'homme humble jouit d'une paix inaltérable, la colère et l'envie troublent le cœur du superbe » [Im 1, 7: 13].
Cet article, venu après mon action de grâces, où je voyais une douceur par caractère de vanité, puis vivacité, énergie, menaces, mesures violentes par le même principe, c'est bien la lumière de Dieu.
Deo gratias. Voilà le camp, l'ennemi, le combat de Dieu.
S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,92)
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6