La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865

 – Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici : 

Récapitulatif des publications

• Présentation
• Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier : Saint Paul – Rome
  Rédemptoristes — Mercredi 1er février
• 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
• 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
• 4e Semaine : Jeudi 16 février – Mercredi 22 février 1865
• 5e Semaine : Jeudi 23 février – Mercredi des Cendres, 1er mars 1865
• 6e Semaine : Jeudi 2 mars – Mercredi 8 mars 1865
  
  
• 43^e JOUR : Jeudi 9 mars 1865 • 1re méditation – Pauvreté de Notre Seigneur – religieux • 2e méditation – Tempête
• 44e JOUR : Vendredi 10 mars 1865 • 1re méditation – Raison de la sainte pauvreté

44^e JOUR
Vendredi 10 mars 1865

2e méditation – Même sujet – vertu

J'ai remercié Notre Seigneur de cette tempête qui, de temps en temps, soulève les flots. J'ai été obligé de réciter les bras en croix le miserere, prosterné. Quelle violence ! Ceci ne peut venir de l'esprit de Notre Seigneur, et serait pour moi la cause de bien des péchés, si Dieu ne m'arrêtait – et pour la Société, la cause de grandes perturbations peut-être.

Que j'aie été froissé, peiné, piqué de sa manière, de ses principes, de ses paroles contraires, tout cela ne peut légitimer un état d'irritation, une disposition à l'humilier : ce serait trop personnel. D'ailleurs, il agit et croit bien agir. C'est une âme qui se cramponne à ce qu'il croit le meilleur, et qui a peur de se rendre à discrétion.
Dieu ne lui laisse donc pas cette lumière ; il n'en est pas responsable.

J'ai donc tort de vouloir être trop supérieur avec lui. Ce que je dois faire, c'est de me mettre dans le silence, dans l'attente des occasions de la divine Providence. – C'est de laisser la question d'autrui et de ne regarder que le silence, la patience, la douceur, la charité et faire par la prière ce que je ne dois pas faire par l'épée.

Mais ne communiquer à personne ma petite épreuve. Ce serait effeuiller la fleur.
Vraiment, je n'aurais jamais cru avoir si mauvais caractère ! Je suis devenu impatient, babillard, indiscret dans le langage et les conversations. Je tranche.

Mais je pourrais presque dire que c'est mon plus grand défaut aujourd'hui – « Nous cherchons un soulagement pour notre cœur fatigué de pensées diverses », dit l'Imitation [Im 1, 10: 5].
Que faire ? Je sens bien que la nature ne peut pas corriger le naturel vicieux, qu'il me faut la grâce de Dieu. Il faut donc bien prier. Je l'ai un peu plus fait ce matin.

Je sens que, n'étant pas assez fort, il faut éviter l'occasion ou me tenir dans le négatif, dans la fuite du combat ou le silence, marcher à raison de mon calme et de la grâce de Dieu.
C'est là le grand combat à livrer. Le saint recueillement y gagnera, et la vertu.

Au fond, il y a une raison vraie. C'est ce qui m'a trompé, ou porté à la sévérité intérieure surtout. Puis, tout revient. L'imagination grossit. Le démon excite, le faux zèle presse. Hélas ! quand le feu est à la maison, il ne faut pas y mettre encore des inflammables. C'est de l'eau. C'est d'isoler.
Je dois absolument m'interdire toute discussion intérieure, prier et excuser, m'accuser et m'humilier devant Dieu.

Ah ! si j'avais eu plus de constance à la règle pratiquée, plus de vie de famille, plus de prière, je n'aurais pas exposé mon âme, ma paix, la Société.
C'est moi qui suis alors en scène, et non les autres. Il faut alors traiter d'abord avec Dieu et avec moi avant tout.

 S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,93)