L'emblème du Cœur Eucharistique de Jésus avec Sophie Prouvier – & 10e Élévation

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  • Sens de lecture :

• 1° _ « Institution de l'Eucharistie par le Cœur de Jésus » de saint Pierre-Julien Eymard ;
• 2° _ L'emblème du Cœur Eucharistique de Jésus : avec Sophie Prouvier et au XXIè siècle ;
• 3° _ L'extrait des Élévations de Sophie Prouvier.

Publications précédentes : • De la « pentecôte eucharistique » (S. P-J Eymard) & 8e Élévation de S. Prouvier
Dans l'Embrassement du Ciel (le Cœur de Jésus en pleine campagne !) – 9ème Élévation de Sophie Prouvier 

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1° « Institution de l'Eucharistie par le Cœur de Jésus »
de saint Pierre-Julien Eymard

Rappelons que la rencontre de Sophie Prouvier et du Père Eymard date de mai 1860.
Dans l'octave du Saint Sacrement suivant, le Père Eymard prêche à Rouen puis à Tours et emploie pour le première fois le vocable "Cœur Eucharistique de Jésus". Et c'est dans la Neuvaine au Sacré Cœur de juillet 1861 qu'il explicite et approfondit « le cœur de Jésus instituant l'Eucharistie ».

Peinture murale de Pauline Kaspers – 1938.
Chœur de l'église du Cœur Eucharistique de Jésus, Paris 20e.

Le cœur de Jésus instituant l'Eucharistie (I)

Quel combat, quel assaut eut à soutenir le cœur de Jésus-Christ contre Dieu et contre lui-même. 
Exorde
Je ne vous laisserai pas orphelins [Jn 14,18].

I. Le ciel redemande son roi
Il a combattu. Il a vaincu le prince des ténèbres. Il a triomphé de la mort. L'œuvre de la rédemption est achevée. Portes, levez vos frontons,… il va entrer, le roi de gloire ! [Ps 23,7].

Jésus ressuscité le doit à ses âmes rachetées des Limbes. Son Père lui a préparé son trône à sa droite. Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à ma droite [Ps 109,1].

Le cœur de Jésus ne peut se résoudre à laisser sa nouvelle famille, ses enfants du calvaire, seuls sur ce champ de bataille, seuls au milieu de leurs ennemis, seuls dans cette vallée d'exil et de larmes. Touché de la douleur du cœur de ses disciples à ce mot d'adieu, il leur dit : Que votre cœur cesse de se troubler, je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous [Jn 14,1.18].

Mais comment ? L'amour ne connaît pas d'obstacles. Il ne recule devant aucun sacrifice. Eh bien ! l'amour de Jésus-Christ aura deux trônes : un de gloire, au ciel ; et l'autre, de grâce, sur la terre – un de puissance et de majesté, et l'autre, de douceur et d'humilité. Le cœur de Jésus aura deux cours : la cour céleste et la cour humaine. Et si la puissance de son amour n'avait pu faire le miracle de bilocation, don qu'il a fait même à quelques saints – saint François Xavier, saint Liguori, saint Antoine de Padoue – Jésus aurait préféré le séjour de l'homme au séjour des cieux. Un roi victorieux préfère ses compagnons d'armes à toute sa cour de service de paix. Et Jésus préfère l'homme, le dernier des pauvres, à sa propre gloire, à son propre triomphe, à sa cour angélique…

Job : Qu'est-ce que l'homme ? [Jb 7,17]
David : Qu'est donc le mortel, que tu t'en souviennes, le fils de l'homme, que tu veuilles le visiter ? [Ps 8,5]

S. Pierre-Julien Eymard (PO 7,9)

in Neuvaine du Sacré Cœur à Saint-Sulpice des 5-14 juillet 1861,
à Saint-Sulpice - Paris  Le cœur de Jésus instituant l'Eucharistie (I)

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2° L'emblème du Cœur Eucharistique de Jésus avec Sophie Prouvier

Une fille de l'Institut des Vierges de Jésus et Marie, fondé par Sophie Prouvier – Mère Marie de l'Eucharistie – et qui l'a connue directement, a signé par ses seules initiales « V. M. » la préface de la biographie qu'elle rédigea. Dans les lignes qui suivent tirées de cette biographie intitulée « Vie de la Révérende Mère Marie de l'Eucharistie Fondatrice et première Supérieure Générale de La Société des Vierges de Jésus et de Marie » (publié en interne à la congrégation, en 1934], Sophie Prouvier est nommée « Vénérée Mère » ou « Bonne Mère » par sa fille spirituelle, ”V. M.”.

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            « Une autre douleur qui fit souffrir notre Vénérée Mère jusqu'au jour de « l'éternelle consolation », vint des oppositions dirigées contre la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus à l'occasion d'une supplique adressée au Souverain Pontife par Mgr Lecot, archevêque de Bordeaux, en novembre 1890, demandant l'approbation d'un emblème pour la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus. Dans le courant de juin 1891, notre Vénérée Mère apprit que cette demande était refusée.

« Ce n'est pas une chose importante, disait-elle alors, cependant elle m'affecte, je ne l'avais pas pressentie. »

Ce fait fut diversement interprété. La vérité était ceci : un décret du Saint Office, daté du 3 juin 1891, venait de paraître disant que les ”emblèmes” du Cœur Eucharistique de Jésus n'étaient pas à ”approuver” par le Saint Siège apostolique. Il n'y était donc pas question de la dévotion elle-même. Le culte du Cœur Eucharistique de Jésus, les indulgences, les confréries, rien n'était atteint ; mais le Saint Siège ne jugeait pas à propos d'approuver les emblèmes.

            À la fin de l'été 1891, plusieurs articles parurent dans différentes revues. Ils produisaient le décret du 3 juin, y joignant une note de Pie IX sur les dévotions nouvelles et en tiraient les conclusions les plus malveillantes et les moins fondées sur la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus, car on sait que Pie IX aimait cette dévotion, qu'il l'avait autorisée et que la note citée ne la concernait pas. Mais le rapprochement de ces documents et les conclusions qu'on pouvait en tirer, étaient de nature à troubler les âmes insuffisamment éclairées. C'est pourquoi notre Vénérée Mère rédigea une note destinée à rétablir la vérité. Elle y fait voir quelle sécurité offre aux âmes la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus, aussi bien sous le rapport de la théologie que par les documents approbateurs émanés non seulement du corps épiscopal, mais du Saint Siège lui-même. Elle fit imprimer et répandre ces documents et envoya son propre travail à Mgr Lecot, archevêque de Bordeaux, à Mgr Marpot, évêque de St Claude et à d'autres zélateurs de la dévotion. Ces sages mesures servirent à faire tomber bien des préventions.

            À peu près vers le même temps, Bonne Mère apprit que le cardinal Monaco, secrétaire du Saint Office, avait assuré que le décret ne proscrivait rien, qu'on n'avait pas cru expédient d'approuver l'emblème, mais que la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus ne serait jamais réprouvée par la Sainte Église, que le Saint Office ne ferait rien contre elle, qu'on pouvait rassurer les fidèles que le décret avait inquiétés.

            Cette affirmation fut pour notre Bonne Mère, comme un baume bienfaisant.

« Sans cette assurance, disait-elle, je crois bien que comme le petit Tarcisius, je serais tombée sous les coups en serrant avec amour mon trésor sur mon cœur, car l'opposition triomphante fait gémir tous les échos de ses clameurs. »

Malgré ces témoignages rassurants qui malheureusement ne pouvaient être rendus officiels, notre Vénérée Mère restait grandement affligée devant la multiplicité des publications malveillantes qui continuaient à se reproduire les unes les autres et détournaient de la Dévotion ceux qui n'étaient pas éclairés par la question.

« Ma souffrance est profonde, écrit-elle en octobre, mais ma confiance est indestructible. Je sens que je puis en mourir ; mais il se donnerait à Lui-même la mort que j'espérerais encore en Lui. Je mourrai il se peut sans avoir vu son triomphe, mais son triomphe viendra. Debout près de la Croix, je pleure et j'espère en la résurrection de sa gloire aujourd'hui opprimée. Depuis cinquante sept ans, j'ai fait et souffert toutes choses, privée du sentiment de la foi, hors en certaines circonstances, comme celle du 22 janvier [1854 : révélation au Tabernacle, à Besançon- ndr], et à cette heure encore la tentation me porte à l'inquiétude sur mon salut. Jamais cependant le démon n'a touché en moi au Cœur Eucharistique ; le Tabernacle était mon lieu réservé, encore qu'il n'en sortit pas plus de consolations sensibles. Mais c'est au moins une consolation spirituelle que la paix et la confiance qui reposent en mon âme. »

Sophie Prouvier rendit le souffle deux mois plus tard, le mardi 29 décembre 1891.


"Emblème" ou "blason spirituel" dessiné par ©Sandrine Treuillard, 2022
sur une photographie du Tabernacle de la Chapelle Notre-Dame-du-Refuge,
Hôpital Saint-Jacques, Besançon.

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3° « ÉLÉVATIONS » de Sophie Prouvier – L'extrait

Chacune des 20 Élévations se développe en 3 prises de paroles :
– I Réflexion ­– II Jésus – III L'âme

Dixième Élévation

Cœur aimant de nos cœurs

Premier désir du Cœur Eucharistique de Jésus :
Nous rendre heureux

I

Réflexion –  Qu'est-ce que l'amour ? L'amour considéré en Dieu, sa source première, est Dieu lui-même. Dieu est amour : « Deux caritas est »[1]. En Dieu tout est amour, jusqu'à sa colère ; ses châtiments sont un amour de justice, et ses épreuves un amour de sagesse, comme ses bienfaits un amour de tendre dilection. Toutes les formes de l'amour parmi les hommes sont émanées en principe de cet océan divin : l'amour est né de Dieu[2] ; s'il reste pur, il remonte à son principe comme la rosée au firmament, et il retombe plus abondant sur le point d'où il s'est levé.
            
Cette étendue sans limites et sans fond de la charité divine est tout à la fois océan et fournaise ; mais c'est un flot qui submerge sans engloutir, c'est un feu qui brûle sans détruire[3].

« Aimer Jésus, Fils de Dieu, oh ! le bienheureux incendie !… le doux rafraîchissement »[4] !

II

Jésus – Je t'ai aimé d'un amour éternel. Je t'aimais avant que tu fusses né, voilà pourquoi je t'ai donné la vie, ce trésor du temps avec lequel mes élus achètent les biens de l'éternité ; ne le dépense pas en vain, ce trésor de la vie humaine dont chaque parcelle contient en principe le bonheur parfait que tu rêves. Il ne sera complet que dans le ciel, il est vrai, mais dès ici-bas il a des avant-goûts qui dépassent toutes les joies de la terre. Pourquoi le cherches-tu hors de moi, ce bonheur, tandis que seul je le possède, et que seul je désir te le donner ? Peut-être ne descends-tu pas le demander aux sources empoisonnées, ce qui te rassure, mais tu ne te laisses pas davantage entraîner à l'odeur de mes parfums, et ton pauvre cœur, altéré et toujours vide par un côté, va se heurtant aux choses créées qui n'ont pas et ne peuvent pas te donner ce que tu mendies.

Ton cœur, c'est moi qui l'ai fait[5], et je l'ai fait à la mesure du mien, c'est-à-dire aussi grand que je voulais y verser d'amour. J'en connais donc l'étendue, c'est pourquoi je te dis que jamais il ne pourra se suffire de ce que tu poursuis de meilleur.  
        
Retourne-toi, chère âme, convertere[6], retourne-toi de grâce, et tu me rencontreras, car moi aussi je poursuis un objet qui me fuit, que je désire, que j'aime ton cœur même, oui, comme s'il était indispensable à mon propre bonheur ; mais je le suis au tien et ce m'est une même chose. J'ai soif, oui, de ta paix ; de ta joie, de la plénitude de ton être, c'est-à-dire de la plénitude de ton cœur en tant que je dois le combler. C'est donc l'un de l'autre que nous avons soif. « Ah ! si tu connaissais le don de Dieu et quel est celui qui te demande à boire » ! 

Si tu comprenais la valeur de ce don suprême ! Il n'est pas seulement l'eau vive, la grâce, il est l'auteur même de la grâce, la vie à sa source divine et son aliment céleste : le pain vivant qui sustente le monde, l'Eucharistie, le Cœur aimant vos cœurs et qui, pour ton bonheur, te supplie de l'aimer. « Mon fils donne-moi ton cœur ». « Praebe, fili mi, cor tuum mihi » (Prov.23, 26).

III

L'âme – Quoi, Seigneur, de toute éternité vous m'avez aimée ? J'ai donc été conçue dans votre Cœur éternellement aimant au sein de votre Père ? Et vous ne m'avez sans doute donné l'être que pour me donner un cœur qui vous aimât, qui vous rendît amour pour amour[7] et qui goûtât le vrai bonheur préparé à vos élus !… et moi, insensée, je suis allée offrir cet attrait du vrai, du beau, du bon que vous avez déposé pour vous dans mon âme, je suis allée l'offrir à d'autres qu'à vous ; et pendant ce temps-là vous m'attendiez, vous me suiviez ! Ah ! Seigneur ! est-ce bien moi l'objet d'un tel prodige de bonté, mon cœur est subjugué, ma raison confondue.

Je comprends encore, ô Seigneur, que vous aimiez vos créatures demeurées innocentes et belles comme lorsqu'elles sortirent de vos mains, que vous souriiez à l'enfant qui bégaie votre nom, au cœur sans souillure qui resplendit votre image, à l'âme tournée en haut qui cherche votre face, à l'ouvrier laborieux qui travaille à votre vigne ; mais les criminels comme moi, les ouvriers de la dernière heure, comment, pureté infinie, pouvez-vous les aimer ? Ah ! mon Maître adoré, un autre miracle a suivi votre premier miracle d'amour dans ma création ; pour montrer que le coupable peut être aimé, vous, Agneau sans tache, vous vous êtes fait, osé-je dire ? l'immense coupable de la terre !… vous vous êtes courbé sous le poids de nos crimes, vous en avez bu la honte et porté le châtiment ! Mais vous n'avez pas connu le remords ? Ah ! le remords, il est resté mon supplice ; mais, ô prodige du dernier excès, vous voulez encore si je le veux, le noyer dans un dernier fleuve d'amour sorti de votre Cœur Eucharistique pour effacer les péchés du monde : la douceur de votre présence sacrée sur cette terre et l'étroite union que vous nous permettez avec vous, ô Cœur trois fois miséricordieux de mon Créateur, de mon Sauveur et de mon plus tendre ami ! C'en est trop ! Je le retourne vers vous. Prenez ce pauvre cœur ingrat, le voilà pour toujours ; dès aujourd'hui, travaillons à le refaire, à le détacher de tout, pour ne l'attacher qu'à vous seul, car c'est un cœur droit, un cœur fort, un cœur chaud que vous voulez ; le tiède, vous le vomissez. Eh bien, oui, avec votre grâce il deviendra tout cela, car je le veux et vous le voulez, tout est là.  Tous les jours, en me purifiant un peu plus, j'établirai des ascensions dans mon cœur, je m'élèverai vers vous, Seigneur.

 

(Dixième Élévation – Cœur aimant de nos cœurs – Premier désir du Cœur Eucharistique de Jésus : Nous rendre heureux)

 
NOTES Dixième Élévation

[1] Cf. 1 Jn 4,8

[2] Cf. Imitation de Jésus-Christ, 1.III, ch.V.

[3] Cf. Ex. 3,2

[4] Cf. Saint Bernard, Sermons sur le Cantique des cantiques, XV, P.L., CLXXXIII, 847.

[5] Cf. Ps. 33,15.

[6] « Convertere », le thème du Carême dans lequel nous sommes entrés hier…

[7] « Rendre amour pour amour » est le leitmotiv de Marguerite-Marie Alacoque pour le Sacré Cœur de Jésus.

   

 

Prière de la communauté

ÉLÉVATIONS de SOPHIE PROUVIER (1817-1891) – Mère Marie de l'Eucharistie

ÉLÉVATIONS SUR LA PRIÈRE AU CŒUR EUCHARISTIQUE DE JÉSUS Cœur Eucharistique de Jésus, doux compagnons de notre exil, je vous adore. Cœur Eucharistique de Jésus, Cœur solitaire, Cœur humilié, Cœur délaissé, Cœur oublié, Cœur méprisé, Cœur outragé, Cœur méconnu des hommes, Cœur aimant nos cœurs, Cœur suppliant qu'on l'aime, Cœur patient à nous attendre, Cœur pressé de nous exaucer, Cœur désirant qu'on le prie, Cœur foyer de nouvelles grâces, Cœur silencieux voulant parler aux âmes, Cœur doux refuge de la vie cachée, Cœur maître des secrets de l'union divine, Cœur de Celui qui dort, mais qui veille toujours. Cœur Eucharistique de Jésus, ayez pitié de nous. Jésus-hostie, je veux vous consoler, Je m'unis à vous, je m'immole avec vous, Je m'anéantis devant vous, Je vais m'oublier pour penser à vous, Être oublié et méprisé par amour pour vous, N'être compris, n'être aimé que de vous. Je me tairai pour vous entendre et me quitterai pour me perdre en vous. Faites que je soulage ainsi votre soif de mon salut, votre soif ardente de ma sainteté, et que, purifié, je vous donne un pur et véritable amour. Je ne veux plus lasser votre attente : prenez-moi, je me donne à vous. Je vous remets tout mon agir, mon esprit pour l'éclairer, mon cœur pour le diriger, ma volonté pour la fixer, ma misère pour la secourir, mon âme et mon corps pour les nourrir. Cœur Eucharistique de mon doux Jésus dont le sang est la vie de mon âme, que je ne vive plus, mais que vous viviez seul en moi. Ainsi soit-il.

4 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Cœur Eucharistique de Jésus - De Besançon à Paray-le-Monial

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