Dans l'Embrassement du Ciel – 9ème Élévation de Sophie Prouvier

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Chers amis priants du Cœur Eucharistique de Jésus,

En cet Avent, j'ai reçu quelque chose que je ne puis pas ne pas partager avec vous. Vous trouverez l'extrait des Élévations de Sophie Prouvier à la suite de ce récit.

Le jeudi 19 janvier 2023, nous reprendrons le fil de l'emblème du Cœur Eucharistique de Jésus, quelques jours avant la date anniversaire de la révélation à Sophie Prouvier, le 22 janvier 1854.

Jehanne Sandrine 

Dans l'Embrassement du Ciel

            Hier, vendredi 9 décembre 2022, j'étais en promenade dans la campagne hivernale du Pays Fort : depuis les Bleineries où je loge chez mes parents, à 1 km du village de Sury-ès-Bois[0] ; jusqu'aux hameau Charpignon qui est à 3 km, sur la route de Thou. Dans le nord-est du Cher, en Centre–Val-de-Loire. Promenade-chapelet (sans chapelet). Attirée par une ancienne chapelle transformée en maison. Un cyprès cache la petite statue de Jésus entrouvrant discrètement son vêtement sur sa poitrine.

« Un de ses disciples, — celui que Jésus aimait —, était couché (à table) contre le sein de Jésus. » (Jn 13,23)

            Si on se place, depuis la route, entre le mur et le cyprès, on le voit de profil. Depuis l'accotement de l'autre côté de la route, on distingue au-dessus de la palissade une plaque bleue et blanche typique des noms des rues parisiennes : « 18e arr. – Boulevard de la Chapelle ». L'arrondissement de la basilique du Sacré Cœur de Montmartre… en pleine campagne ! Les parisiens qui l'occupent de façon saisonnière savent ce qu'ils font…

            À mi-chemin sur la route de Thou, je passe devant un lieu-dit que j'ai baptisé pendant la première période de confinement, en 2020, – puisque je me suis retrouvée confinée à la campagne chez mes parents pendant presque 3 mois, communiant le samedi 14 mars à Vanves pour la dernière fois, et re-communiant quelques jours avant le dimanche du Saint-Sacrement à mon retour, en juin – lieu-dit, donc, qu'il m'a été donné de baptiser Vert–Sacré-Cœur [3]. Un trésor de paysage… caché. Niché au creux des collines bocagères. On y entre par un chemin à gauche de la route. Rien ne laisse présager ce lieu depuis la route. Des champs et des bois se déplient sous nos yeux, les bruissements de la nature très verte sont réverbérés dans les collines du cœur des bois. On y voit des chevreuils en paix, des oiseaux dont je ne connais pas les noms, le héron solitaire qui pousse son cri rauque, ou les grandes flèches des grues indiquant le midi du ciel… et qui passent au-dessus de la maison de Charpignon. Il y a un unique poirier sauvage qui penche sur les labours. Je vais parfois me reposer sur le piédestal en béton d'un pylône ou la ligne électrique passe, de pylône en pylône, rythmant le paysage de ses grands arcs noirs. Des étourneaux, des moineaux s'y reposent, parfois.

            C'est en passant devant ce lieu-dit Vert–Sacré-Cœur depuis la route de Thou, ne pouvant m'y rendre parce que les sangliers ont ravagé le chemin boueux, que j'ai pensé à la merveilleuse Providence. Comme si, depuis la maison de Charpignon qui était une chapelle, le Cœur sacré et eucharistique de Jésus rayonnait sur tout le Pays Fort, depuis cette toute petite statue debout, cachée derrière le cyprès, se dévoilant pour qui veut le voir, pour qui s'approche.

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11,28)

En 2020, j'ignorai la présence de cette chapelle transformée en maison.

            Trois cents mètres avant la hameau de Charpignon, après un noyer dénudé dont les épaisses feuilles s'accumulent sur l'accotement à droite, nous entrons dans ce que j'appelle un ”tunnel”. C'est une petite cathédrale formée par la ramure des arbres qui se rejoignent au-dessus de la route, depuis les deux accotements. J'ai entendu le cri d'une grue. Levant la tête pour voir la source du craquement, j'ai vu toute une formation de grues, très basses. Elles étaient si basses que j'ai entendu le brasement de l'air dans leurs ailes, cette épaisseur du son dans le mouvement puissant. Les plumes ne sont alors plus de cette légèreté silencieuse quand une se détache de l'oiseau. Là, c'était d'une incroyable concrétude. L'air était rendu charnel. Longtemps, j'ai entendu les grues craquer alors qu'elles m'étaient cachées par les arbres ; et que, bien loin, de toute façon elles n'étaient plus visibles à l'œil nu. Elles passèrent au-dessus de la toute petite statue de Jésus. Leur grand V pénétra dans la zone de rayonnement du Cœur de Jésus.

« J'attirerai à moi tous les hommes. » (Jn 12,32)

            Arrivée au carrefour du hameau de Charpignon, j'ai été accueillie par un chat orangé tapis sur le bord de la route. Pour ne pas l'effrayer, je l'ai traversée tout en le regardant, et lui ne cessait de me fixer de ses yeux vert-bleuté. J'ai sorti le Huawei de ma mère pour prendre une photo de l'ancienne chapelle. C'est l'unique photo que j'ai pu prendre. Me déplaçant de manière à cadrer la plaque bleue parisienne sur la façade, c'est le scann du QRCode qui s'est enclenché, sans que je ne parvienne à l'éliminer. Je suis donc repartie avec la photographie panoramique où la statue du Sacré Cœur de Jésus – réminiscence du buisson des noisetiers où Il révèle sa poitrine à Marguerite-Marie, à la Visitation de Paray-le-Monial – est à peine visible, dans l'ombre de la maison.

« La puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. » (Lc 1,35)

La marche de manœuvre pour le voir depuis la route est très restreinte. En fait, on ne peut voir sa poitrine. Il faut désirer Le voir.

            Je suis retournée au petit pont sur la Salereine – ce cours d'eau se divise plusieurs fois pour former des rus qui se rejoignent et se jettent dans la Sauldre, plus loin…– traversant le hameau aux maisons fermées. Dans un sens, puis dans l'autre, je passai et repassai. Au carrefour, j'ai repris la petite côte qui monte vers Sury-ès-Bois, d'où j'étais venue. Par cette cathédrale des arbres presque nus, en haut de laquelle j'avais assisté au vol des grues, entendu leur craquement et l'air brassé puissamment. Et, lors de ce petit parcours sous les ramures, un rouge-gorge s'est posé à ma droite, sur une branche, et m'a suivie jusqu'à un certain autre arbuste pour disparaître. Il a disparu comme Jésus rompant le pain à Emmaüs : le temps que je me fasse la réflexion que la poitrine de l'oiseau correspondait à la flamme ardente du Cœur de Jésus, sacré et eucharistique… Comme pour me dire : « Je suis là, je suis avec toi, toujours, ne te sens pas abandonnée, tu n'es pas seule, ne crains pas. »[2] Avec cette allégresse propre au rouge-gorge que nous éprouvons en présence de cet oiseau de Dieu si familier.

            Il y eut la majesté puissante des grues en formation, grand V si proche…

« Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes. » (Mt 23,37 ; Lc 13,34)

– manifestation de la présence de Dieu : depuis toujours j'ai vu Dieu en le vol des grues.
— Au nom du Père…

            Il y eut l'Amour familier du Cœur Eucharistique de Jésus, rappelé par le rouge-gorge
— Du Fils…

            Dans l'Embrassement du Ciel. — Et du Saint Esprit…


Notes récit

[1] Cf. Adoration Saint Martin – Ré-évangéliser les campagnesau 2°.

[2] "Ne crains pas" chant d'après Isaïe, interprété par Celebratio :  Podcast

[3] Vidéo Le beau pasteur au 'Vert Sacré Cœur' – 5 mai 2020 (1er grand confinement)

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ÉLÉVATIONS de Sophie Prouvier – L'extrait

Chacune des 20 Élévations se développe en 3 prises de paroles :
– I Réflexion ­– II Jésus – III L'âme


Neuvième Élévation

Cœur méconnu des hommes

Septième plainte du Cœur Eucharistique de Jésus
à tous les fidèles

I

Réflexion – Quand on porte un nom célèbre, être méconnu être méconnu et passer pour rien est simplement une erreur, qui ne peut blesser que la vanité. Mais être méconnu dans la droiture de ses pensées ou la pureté des sentiments de son cœur, c'est une souffrance légitime parce qu'elle blesse la justice et une vérité à laquelle on a droit. Mais si l'être méconnu est un bienfaiteur insigne dont les actes généreux ont inondé la vie d'un être aimé, la souffrance est plus profonde parce que la blessure est dans le cœur en même temps que dans la justice et la vérité. Pour le cœur méconnu, il est encore une autre peine : forcé de mésestimer ceux qu'il aime, il est exposé à ne plus les aimer.

II

 Jésus – Je suis venu à vous comme un Roi plein de douceur[1]. J'espérais être compris et trouver des cœurs ouverts dans lesquels il me fût possible de répandre toute la richesse de mon amour, l'avant-goût des joies du ciel et les contentements purs de la terre promis aux âmes de bonne volonté[2]. Pour cela, je me suis donné comme nul ami, nul époux ne se donna jamais ; je me suis livré en nourriture, je vous ai faits mes maîtres dans l'Eucharistie où vous disposez de moi, à tout heure, je me suis laissé confiné dans d'obscures retraites[3], et là, au fond de vos pauvres tabernacles de pierres ou de bois, je suis demeuré, attendant que, touchés de tant d'amour et pénétrés de reconnaissance, vous veniez comme réchauffer mon cœur avec l'ardeur des vôtres ; et voilà que je n'en suis pas moins au milieu de vous presque comme un inconnu. Lorsque vous rendez vos hommages à mon corps sacramentel, mon Cœur sacré, heureusement aimé dans ses autres demeures, est oublié dans l'Eucharistie, comme on oubli un mort enseveli depuis longtemps. Depuis longtemps en effet, je l'ai découvert aux miens, ce Cœur Hostie, mais ils ne l'ont pas reçu avec l'amour que j'avais lieu d'attendre. Cependant mes soupirs ont été entendus, et, connaissant tout le mal que vous vous êtes fait à vous-mêmes, mon cœur s'attendri et il cherche quelque raison pour être indulgent… 

Puisque je suis un Dieu caché, un Cœur voilé, me dis-je, n'ai-je point dû m'attendre à être quelquefois méconnu ?… ne vous pardonnerai-je pas ce long oubli de vos cœurs pour le mien, lorsque vous m'avez aimé de quelque autre manière ? Oui, je vous pardonnerai, mais puisqu'aujourd'hui vous le connaissez, aimez-le et apportez-lui votre amour au lieu qu'il a choisi pour se donner à vos âmes. Vous, adorateurs zélés de l'Eucharistie, vous, amis de mon Sacré Cœur, venez accroître encore, dilater, réjouir, compléter ici le culte que déjà vous me rendez ; venez fervents, venez tièdes, venez pécheurs, venez tous, et venez avec confiance si vous venez avec amour. Tout n'est pas perdu pour vous être un moment égarés, fussiez-vous même, hélas ! allés loin dans la voie du mal ; je sais le limon dont vous êtes formés, et puisque c'est mon cœur qui vous appelle, ne craignez point : ce qui est perdu, je le rechercherai ; ce qui est égaré, je le ramènerai ; ce qui est faible, je le fortifierai[4]. Venez donc, et si vous apportez un esprit de paix pour me faire oublier votre ingratitude, je n'aurais qu'un même cœur avec vous[5]. Or, maintenant que vous avez reçu mes plaintes et vous êtes humiliés, mon cœur va s'ouvrir à l'espérance et vous confier ses désirs.

III

L'âme – Quoi Jésus, vous m'appelez encore sur votre cœur, au lieu de me punir ? voilà où vient aboutir la juste indignation que nous avons méritée !… Nous avons péché contre le ciel et contre vous, Seigneur, et parce que repentant je retourne à mon Père, vous m'ouvrez aussitôt vos bras.

 Ah ! quel Cœur incompréhensiblement bon et tendrement généreux est le vôtre, Seigneur ! Sur la terre, vous aviez encore de saintes colères, de justes châtiments : dans l'Eucharistie, vous n'êtes plus que douceur. Ah ! pourquoi trop tard vous ai-je connu, trop tard vous ai-je aimé ! Comment se peut-il qu'en adorant votre Présence réelle, je n'aie pas senti que ce trésor du ciel donné à la terre ne pouvait être qu'un don de votre Cœur et son domaine ? Celui qui aime avec discernement, dit l'auteur de l'Imitation, fait plus attention au cœur de celui qui donne, qu'au don lui-même…

Ici, la vérité, le don et le donnant sont un, l'attention ne saurait donc être moindre pour l'un et l'autre ; mais cette attention de nos âmes, elle doit être éveillée néanmoins, pour doubler, centupler notre amour, notre reconnaissance, nos retours envers un tel Donateur pour un pareil Don. Ah ! Cœur Eucharistique de Jésus, je ne vous ai pas seulement méconnu, je vous ai repoussé sous ce titre, sous de puérils prétextes, invoquant la loi comme si la loi pouvait condamner ce qui la confirme, comme s'il ne fallait pas accomplir la loi et ne point rejeter ce qui est juste et bon avec elle[6] ! Je vous ai donc aussi, ô Cœur de mon Jésus, laissé seul et sans consolation dans vos tabernacles, oublié, délaissé, humilié, outragé et méconnu des hommes ! Malheureux que je suis, où irai-je pleurer mes ingratitudes, comment les réparer, dans quelle obscurité les expier ? Ah ! je le sais où j'irai : j'irai dans l'obscur sanctuaire où vous êtes seul comme un prisonnier, je me riverai à vos chaînes, je les couvrirai de baisers et ne vous quitterai plus, ô mon Maître adoré ; Alors, peut-être jetterez-vous un regard de pitié sur moi, et ce regard sera mon salut, mon pardon, ma justification, ma réhabilitation ! Seigneur, vous avez dit une fois à l'épouse infidèle : Reviens à moi et je te recevrai[7].

 Me voici, ô miséricordieux Jésus, je reviens, que voulez-vous que je fasse ?

(Neuvième ÉlévationCœur méconnu des hommesSeptième plainte du Cœur Eucharistique de Jésus à tous les fidèles)

 
Notes Élévations

[1] Cf. Mt 21,5.
[2] Lc 11,4.  
[3] Cf. Ps 142,3.
[4] Cf. Ez 44,16.
[5] Cf. Cor 13,11.
[6] Cf. Lc 11,42. 
[7] Cf. Jr 3,1.

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Crédits photographiques

– Le rouge-gorge ©Gérard Laillier : https://www.gerard-laillier.com/2015/12/rouge-gorge-familier.html

– L'ancienne chapelle ©Sandrine Treuillard

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Prochaine publication pour fêter la révélation du Cœur Eucharistique de Jésus à Sophie Prouvier (22 janvier 1854) : le 19 janvier 2023.

Prière de la communauté

ÉLÉVATIONS de SOPHIE PROUVIER (1817-1891) – Mère Marie de l'Eucharistie

ÉLÉVATIONS SUR LA PRIÈRE AU CŒUR EUCHARISTIQUE DE JÉSUS Cœur Eucharistique de Jésus, doux compagnons de notre exil, je vous adore. Cœur Eucharistique de Jésus, Cœur solitaire, Cœur humilié, Cœur délaissé, Cœur oublié, Cœur méprisé, Cœur outragé, Cœur méconnu des hommes, Cœur aimant nos cœurs, Cœur suppliant qu'on l'aime, Cœur patient à nous attendre, Cœur pressé de nous exaucer, Cœur désirant qu'on le prie, Cœur foyer de nouvelles grâces, Cœur silencieux voulant parler aux âmes, Cœur doux refuge de la vie cachée, Cœur maître des secrets de l'union divine, Cœur de Celui qui dort, mais qui veille toujours. Cœur Eucharistique de Jésus, ayez pitié de nous. Jésus-hostie, je veux vous consoler, Je m'unis à vous, je m'immole avec vous, Je m'anéantis devant vous, Je vais m'oublier pour penser à vous, Être oublié et méprisé par amour pour vous, N'être compris, n'être aimé que de vous. Je me tairai pour vous entendre et me quitterai pour me perdre en vous. Faites que je soulage ainsi votre soif de mon salut, votre soif ardente de ma sainteté, et que, purifié, je vous donne un pur et véritable amour. Je ne veux plus lasser votre attente : prenez-moi, je me donne à vous. Je vous remets tout mon agir, mon esprit pour l'éclairer, mon cœur pour le diriger, ma volonté pour la fixer, ma misère pour la secourir, mon âme et mon corps pour les nourrir. Cœur Eucharistique de mon doux Jésus dont le sang est la vie de mon âme, que je ne vive plus, mais que vous viviez seul en moi. Ainsi soit-il.

2 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Cœur Eucharistique de Jésus - De Besançon à Paray-le-Monial

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