2. Les monuments de la communion (suite)
Revue Le Très-Saint Sacrement : Janvier-mars-mai 1865
- Les catacombes et l'Eucharistie
- 1. L'Eucharistie comme sacrifice : 1. Les tombeaux-autels
- 1. L'Eucharistie comme sacrifice : 1. Les tombeaux-autels (suite)
- 1.2. Les fresques
- 2. Les monuments de la communion
2. Les monuments de la communion (suite)
Quant au poisson, que l'on retrouve presque à chaque pas, tout le monde sait qu'il est le symbole de Notre Seigneur, et que les premiers chrétiens aimaient à s'en servir pour ne pas révéler leurs mystères aux païens.
Il y a deux explications différentes sur l'origine de cet emblème. L'une se tire du mot grec ichthus*, ichthys*, qui signifie poisson, et dont toutes les lettres, considérées comme initiales, forment le commencement de ces mots : Iêsous Christos Theo Huios Sôtêr*, “Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur”. L'autre explication se prend dans le symbole même ; car, comme le poisson naît et vit dans l'eau, ainsi le chrétien naît à la vie spirituelle par les eaux du baptême et y demeure enseveli avec Jésus-Christ. On donnait familièrement le nom de ichthus*, poisson, au Sauveur du monde et saint Augustin a pu dire, dans la Cité de Dieu : “Ce mot est un nom mystique du Christ, lequel, plongé dans l'abîme de notre mortalité comme dans des eaux profondes, a pu y être vivant, c'est-à-dire sans péché.”
Tout cela nous fait comprendre à merveille le beau monument eucharistique qui a ravi tant de cœurs, au fond d'une chapelle récemment découverte des catacombes de Saint-Calixte et Saint-Sébastien. Deux magnifiques poissons nagent, portant sur leur dos des corbeilles remplies de pains et de flacons de vin. Qui ne verrait là, avec la plus vive émotion, Jésus-Christ portant à tous les rivages l'aliment précieux de sa chair et de son sang ?
Rappelons en passant les agapes, ces repas fraternels des premiers chrétiens, dont nous avons l'image touchante dans plusieurs catacombes, et particulièrement dans celles de Sainte-Priscille. Saint Paul nous apprend, dans sa première épître aux Corinthiens, que ces repas étaient ordinairement terminés par la communion [cf. 1Co 11,17-34]. C'est d'ailleurs ce que nous indiquent ici suffisamment, et les mets qu'on y voit figurer, et l'attitude profondément recueillie des convives.
Au reste, toutes les catacombes peuvent être considérées comme un vaste monument de la participation à l'Eucharistie. En effet, ces millions de martyrs qui reposaient sous leurs voûtes souterraines, où avaient-ils puisé, si ce n'est dans le pain des forts, le courage et la constance de combattre les combats du Seigneur jusqu'à la dernière goutte de leur sang ? La tradition, sur ce point, n'est pas muette, et bien des textes des Pères ou des martyrs eux-mêmes ne nous laissent aucun doute sur le soin qu'avaient les confesseurs et les vierges d'aller demander à la communion fréquente cet héroïsme surhumain qui lassait les bourreaux et faisait la stupéfaction des païens.
Ah ! que nous sommes loin de nos pères dans la foi ! Et cependant, pour traverser noblement les grandes misères qui nous entourent de toutes parts, ne nous faudrait-il pas un peu de leur énergie ? Recourons donc souvent, comme eux, à la table sainte ; abreuvons-nous du sang du Roi des martyrs, si nous ne voulons pas tout à fait dégénérer de notre glorieuse origine.
Saint Pierre-Julien Eymard [PG 251,6 (b)]
* Écrit en caractères grecs
Image : Peinture à fresque dans les Catacombes de Saint-Calixte, Rome, IIIème siècle :
Pain et poisson de l'Eucharistie
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6