Adoration corps et âme – une eucharistie de soi
- Sens de lecture :
• 1° _ Théologie spirituelle des saints ;
• 2° _ Témoignage d'expériences de l'animatrice de la communauté ;
• 3° _ L'extrait des Élévations de Sophie Prouvier.
- Publication précédente : La vision de Jean de l'Alverne
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« Le cœur de Jésus veut résider au milieu des siens sous la forme de sacrement, voilant non seulement sa divinité, mais encore son humanité même.
Et pour cela, il veut s'unir inséparablement aux espèces eucharistiques qui seront le voile sacramentel de sa présence, et la forme sensible du sacrifice et de la communion. (…)
Jésus : – Mon cœur choisit de préférence cette forme d'être sacramentel parce que l'homme aurait peur de ma gloire, il s'enfuirait de moi, comme les Israélites de Moïse à visage resplendissant.
2. Ma gloire humilierait l'homme, mes vertus glorifiées désespéreraient sa faiblesse, les ardeurs de mon amour non tempérées le consumeraient.
3. En voilant ma gloire, l'homme viendra vers moi ; en descendant vers le dernier des élus, l'homme y descendra avec moi.
Alors j'aurai plus de droit de lui dire : Mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur [Mt 11,29]. »
S. Pierre-Julien Eymard in Neuvaine du Sacré Cœur à Saint-Sulpice (intégrale) - Le cœur de Jésus instituant l'Eucharistie II (PO 7,10) – 5-14 juillet 1861, Paris.
Adoration corps et âme – une eucharistie de soi
« À partir du samedi 15 octobre 2011, avec cet événement à Notre-Dame-des-Champs confirmé par La vision de Jean de l'Alverne dans les Fioretti de Saint François d'Assise, je n'aurai de cesse de vouloir me rendre, plus particulièrement le vendredi, à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre – qui est aussi le sanctuaire de la Sainte Eucharistie, avec l'adoration perpétuelle.
C'est, deux ans plus tard, en décembre 2013, que je vécus ce qui va suivre.
2013 fut l'année des rencontres nouvelles suscitées par l'imprévu de Dieu. Il y eut d'abord Marthe Robin, en mars, avec le site internet officiel – de celle qui n'était pas encore la Vénérable –, qui me conduisit pour la première fois en retraite en Foyer de Charité, celui près d'Agen, Notre-Dame de Lacépède. En mai, le père postulateur de sa cause de béatification, Bernard Peyrous, l'évoqua au Sacré-Cœur de Montmartre où nous priions pour la France.
Puis, en juin 2013, je m'intéressai à une autre personne que je finis par rencontrer le 9 décembre. Cet homme, musulman, me fit le récit de sa vie les 20 et 21 décembre. Nous étions nés la même année, et avions grandis dans le même cœur de France, le Centre-Val-de-Loire. Cette rencontre et le récit des origines de cet homme provoqua en moi une vive émotion, au-delà de ce que je n'aurais jamais pu imaginer. C'est quand il me raconta que, lycéen à Issoudun – 36 - Indre - Diocèse de Bourges, mon diocèse d'origine –, seul français d'origine maghrébine au milieu de garçons catholiques, il avait été poussé, à l'âge de 19 ans, à rejoindre en banlieue de Bourges le local qui faisait office de mosquée, pour demander comment prier selon la foi musulmane avec le rite des ablutions. C'est ainsi qu'il fut converti à la foi de ses origines.
Quand il me fit sur deux jours ce récit, j'avais le désir pressant de me rendre à Montmartre pour adorer le Saint-Sacrement, mais ne pus m'y rendre. C'est alors que, dans ce désir contrarié, le 3ème jour, 22 décembre 2013, j'eus l'expérience suivante :
« C'était au réveil, vers 7h. J'eus une vision accompagnée d'affections corporelles et d'un transport. Dans mon lit, je me suis retrouvée en croix, couchée sur le ventre, le plexus solaire irradié d'Amour comme si cette zone corporelle était devenue une béance circulaire, d'où jaillit un tunnel transfigurant toutes notions d'espace et de temps. Ce tunnel avançait de façon fulgurante dans la nuit obscure de l'âme. Il me sembla qu'il alla jusqu'à l'origine de l'Amour du Christ reçu dans ma vie passée, avant mes 12 ans, quand j'allais faire ma première communion et profession de foi. C'est de cet Amour que mon plexus solaire irradiait, comme s'Il jaillissait d'un point d'éternité de mon passé. Dans le même temps, je pleurais abondamment, le visage couvert de larmes, ce qui trempa le drap.
Tandis que ces affections corporelles traversaient mon corps, mon âme… je fus transportée en esprit dans le Sanctuaire du Sacré-Cœur et de la Sainte Eucharistie, la basilique de Montmartre. Je me vis, c'est-à-dire que, couchée dans mon lit sur le ventre, je vis mon corps vêtu d'une aube blanche, prosterné en croix sur le ventre à-même la dalle du sanctuaire. Mon regard était très précisément situé depuis le grand orgue, et je voyais la nef et mon corps en plongée depuis cet endroit de l'orgue. En même temps, j'étais dans mon corps en ce lieu et je sentis corporellement le contact de mon corps avec le sol, au pied des marches de l'autel, en adoration du Saint Sacrement perpétuellement exposé, plus haut. Mais je ne pleurais pas à Montmartre, dans cette prosternation qui était une offrande de moi-même. C'est dans mon lit que je pleurais. À Montmartre, la croix de mon corps en offrande était sûre et paisible.
Un détail subsiste, très précis : ma joue gauche était contre la pierre de la dalle et je vis mon bras droit couvert de la manche blanche de l'aube et ma main droite, nue. Au bout de mes doigts, je vis juste le bout des doigts de la main gauche de ce musulman que j'emportai dans ma vision. Main et doigts à plat sur le sol, comme la mienne, mais pas comme la mienne. Seule la main de **** était à plat, et perpendiculaire à ma main. C'est qu'il était lui-même prosterné comme le font les musulmans lors de leur prière, le front contre le sol. Mais je ne vis que le bout de ses doigts, à fleur de mes doigts, de ma main, de mon bras droit en croix blanche, comme la sainte Eucharistie est blanche. »
Extrait de l'annexe à la Relecture panoptique d'une neuvaine de retraite ignatienne – Discernement vocationnel, février 2021, pp. 68-69. Image : la couverture ce cette Relecture…
– Jehanne Sandrine –
ÉLÉVATIONS de Sophie Prouvier – L'extrait
Treizième Élévation
Cœur pressé de nous exaucer
Quatrième désir du Cœur Eucharistique de Jésus :
Notre médiateur auprès de son Père
I
Réflexion. – Savoir vouloir et savoir attendre sont la marque d'une grande force et d'une grande sagesse. La mesure d'un désir est en rapport avec l'ardeur du cœur qui l'éprouve ; et si ce désir est dans l'ordre, il s'accroît de son excellence. D'après cela on peut comprendre quelle est la force des désirs de Jésus par rapport à nous, et quelle inqualifiable violence est faite à son Cœur quand notre force d'inertie annule son désir de nous accorder ce qu'il sait nous être nécessaire ; il pourrait nous incliner tout de suite à le vouloir, mais c'est alors qu'il s'impose d'attendre, car sa sagesse qui atteint avec force d'une extrémité du monde à l'autre, dispose tout avec douceur.
Est-ce à dire que notre inertie a une puissance supérieure à la volonté de Dieu pour lui faire obstacle ? Non, certes, rien ne résiste à la volonté divine quand elle est absolue, mais celle qu'il daigne exprimer comme un désir n'est qu'une volonté relative à la liberté que lui-même nous a laissée. Toutefois, ce royal désir n'en est pas moins un ordre pour le sujet docile ; refuser de s'y conformer serait une révolte.
II
Jésus. – Mon désir est d'être votre Médiateur. « Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera »*. Demandez et vous recevrez. Vous ne demandez pas assez. La flèche lancée vers son but, l'éclair qui sillonne la nue, ne sont pas aussi rapides que l'élan de mon Cœur offrant à mon Père la supplication pure. Hier je voulais bien attendre, aujourd'hui je veux me hâter, car il se fait tard, le jour est sur son déclin. Vos jours sont comptés et le temps presse car il passe ; vous l'avez perdu à me faire attendre : regagnez-le et avancez maintenant. Les besoins sont grands : les âmes se perdent, l'Église souffre, je reste méconnu et mon Père est offensé : la charité me presse, il faut que la charité de la terre appelle la charité du ciel, il faut que la misère implore la miséricorde. Je suis pressé comme on l'est dans l'angoisse du cœur devant le péril imminent de ceux qu'on aime : envoyez-donc vers moi vos plus pressantes supplications. Je suis le seul intercesseur près de mon Père, ne l'oubliez pas, le seul à être parmi vous capable de lui offrir une prière digne de lui, parce que je suis « l'Homme-Dieu », l'homme sans reproche, pressé d'intercéder pour le peuple, présentant le bouclier de son ministère dans vos supplications pour détourner la colère du Seigneur. C'est pour cela que je me suis placé entre la terre et le ciel dans les tabernacles de l'Eucharistie, adorateur en votre nom et médiateur près de mon Père ; que votre supplication soit instante, confiante, persévérante et désintéressée.
* Jn 15,23
(Treizième Élévation – Cœur pressé de nous exaucer – Quatrième désir du Cœur Eucharistique de Jésus : Notre médiateur auprès de son Père I & II - pp. 91-93)
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Photo : Abbaye de Sablonceaux (17) – Tente dressée pour la Pentecôte - Communauté du Chemin Neuf – © Sandrine Treuillard - Mai 2019
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Prochaine publication dans 3 semaines : le jeudi 28 avril 2022.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6