3.1. L'amour veut vivre avec la personne aimée
Pourquoi l'Eucharistie ?
Prédication générale de septembre-octobre-novembre 1864, publiée en trois parties dans la revue Le Très-Saint Sacrement, Ire année (1864-1865).
3.1. L'amour veut vivre avec la personne aimée
1. Par elle, Jésus glorifié demeure près de l'homme ; il est le voisin de sa demeure, afin de rendre les rapports d'amitié plus faciles. Sa maison est toujours ouverte à quiconque désire le voir, le saluer. Il n'y a là ni garde angélique propre à nous effrayer, ni garde royale pour nous écarter, ni éclat de royauté et de puissance qui fasse trembler notre faiblesse ; on n'y voit pas même ces grandes vertus qui déconcerteraient les nôtres, si petites, si imparfaites ; tout est voilé, rien ne paraît que son amour. Jésus est là comme un ami déguisé, mystérieux, connu de son ami seul. Il laissera l'homme à ses devoirs de société, à ses affaires, il ne le veut gêner en rien. Seulement, quand il sera libre, ou aura besoin d'un conseil, d'un secours, d'une consolation, l'ami sacramentel est tout à son service. Et quand les deux amis ne pourront se parler, ils se regarderont de ce regard qui dit tout ; ils s'enverront mutuellement quelques messages d'amour, un courant électrique du cœur.
Oh ! oui, l'âme aimante connaît ces doux rapports avec son bien-aimé ! Elle sent son voisinage divin comme on sent celui du feu, comme l'enfant sent l'approche de sa mère.
Le voisinage de Jésus est parfois plus intime : ce Roi céleste ne dédaigne pas d'habiter sous le même toit que l'homme. Oh ! qu'elles sont heureuses les familles religieuses qui demeurent jour et nuit avec Notre Seigneur ! Ne demeure pas qui veut dans le palais des rois. Et cependant, ces rois que sont-ils ?
Des hommes à qui est échue une gloire, une puissance, une volonté d'un jour ; des hommes que les intrigues environnent, que le plus rusé courtisan gouverne, qu'une passion fait changer comme les vents de la mer.
Cela n'empêche pas qu'on ne se presse dans les antichambres des grands de ce monde ; il y a toujours foule, il faut assigner des jours et des heures d'audience ; tandis que le palais du Roi des rois, du Seigneur des seigneurs est bien souvent désert.
Comment peut-on abandonner cet ami divin qui voyage avec nous depuis dix-huit siècles ? Il a tout sacrifié à son affection pour nous ; il quitterait même son ciel, s'il le fallait. Son amitié est inaltérable, immuable même ; car, quelque délaissé qu'il soit de l'homme, il reste néanmoins près de lui et même chez lui, attendant un réveil du cœur, ou au moins un besoin de la vie qui le lui ramène. Que nous sommes inconséquents ou ingrats ! Nous ne nous reprochons pas même la triste solitude où nous le laissons : sommes-nous donc tout à fait insensibles ?
S. Pierre-Julien Eymard (PG 244,9)
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6