Pourquoi l'Eucharistie ?

Prédication générale de septembre-octobre-novembre 1864, publiée en trois parties dans la revue Le Très-Saint Sacrement, Ire année (1864-1865).

• Pourquoi l'Eucharistie ?
  • 1. Pour glorifier son Père

Le Sauveur en adoration

Là, le Sauveur continuera les adorations de sa vie mortelle, particulièrement celles qu'il faisait dans le sein virginal de sa mère immaculée ; car, dans les saintes espèces, il ne sera pas moins prisonnier que dans les chastes flancs de Marie.

Au tabernacle, il sera quelquefois peut-être plus pauvre qu'il ne le fut dans la crèche ; et là, comme dans l'étable de Bethléem, il offrira à son Père la plus parfaite action de grâces qu'il puisse recevoir sur la terre et dans les cieux. Jésus le remerciera continuellement des faveurs incessantes qu'il daigne accorder aux hommes devenus ses membres.

Il le priera pour eux, sans interruption, dans son sacrement d'amour ; il le priera le jour pour ceux qui travaillent, qui combattent, qui se dévouent, afin que notre travail soit saint, nos combats victorieux, et notre dévouement persévérant ; il le priera la nuit pour ceux qui souffrent, pour ceux qui ne prient pas ; car il faut que la prière soit permanente, afin de tenir toujours ouvertes les sources de la grâce et toujours actifs les rapports du ciel avec la terre.

Ainsi, jusqu'à la fin du monde, le Père céleste sera parfaitement adoré au milieu de nous, et la terre ne cessera de donner au ciel son fruit d'honneur et de bénédiction.

La prière, qui est la loi de la grâce et de la sanctification, s'élèvera du saint ciboire comme un encens d'agréable odeur, et fera descendre sur tous les hommes cette rosée divine qui fécondera leurs pensées et leurs œuvres. Nous nous retrouverons dans le véritable Éden de l'homme racheté, et la sainte Trinité aura, par ce sacrement, sa digne demeure ici-bas.

Remarquons aussi que pendant sa vie mortelle le Sauveur n'adorait, ne priait, ne travaillait à la gloire de son Père que dans sa personnalité propre ; tandis que par l'Eucharistie, il se dilate, il s'étend, il se multiplie indéfiniment. Grâce à la communion, il s'incarnera en quelque sorte dans tous ceux qui le recevront ; il adorera, il priera, il souffrira en eux ; il sera toute leur vie.

S. Pierre-Julien Eymard (PG 244,3)

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Légende de l'image : La Cène, détail d'une fresque de 1446, Collection Dagli Orti.