Pourquoi l'Eucharistie ? — 1. Pour glorifier son Père
Pourquoi l'Eucharistie ?
Prédication générale de septembre-octobre-novembre 1864, publiée en trois parties dans la revue Le Très-Saint Sacrement, Ire année (1864-1865).
Pourquoi l'Eucharistie ?
L'Eucharistie, c'est la survivance de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la terre après sa glorieuse Ascension dans le ciel.
Pourquoi cette nouvelle vie au milieu des hommes ? Est-ce donc que le Sauveur n'a pas rendu assez de gloire à son Père par son Incarnation ? La Rédemption n'a-t-elle donc pas été complète sur la Croix ?
Pourquoi ces nouveaux et nombreux calvaires qui couvrent le monde ?
Oui, l'Incarnation a infiniment glorifié Dieu, et la Passion du Sauveur a racheté surabondamment tous les hommes ; mais ce qui suffisait à la Justice divine ne suffisait pas à l'amour de Jésus pour son Père, pour son Église, pour chaque homme ; et voilà pourquoi il a institué l'Eucharistie.
S. Pierre-Julien Eymard (PG 244,1)
1. Pour glorifier son Père
Jusqu'à l'Eucharistie, Jésus avait glorifié son Père céleste, surtout par l'humiliation de sa nature divine unie à la nature humaine. Le Verbe s'est fait chair, dit saint Jean [Jn 1,14], pour exprimer ses profonds abaissements. Le Fils de Dieu s'est fait esclave, dit saint Paul, et s'est anéanti en se faisant homme [cf. Ph 2,7]. Isaïe le voit dans sa Passion comme un lépreux, le dernier des hommes, un maudit [cf. Is 53,3].
Voilà jusqu'où le Sauveur est descendu pour honorer son Père et lui rendre, par son humilité, la gloire que l'orgueil de l'homme lui avait dérobée. C'est à cette vue si touchante que le Père, ravi en quelque sorte de tant d'amour, s'est écrié au Jourdain [Mt 3,17] et sur le Thabor : “C'est ici mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances.” [Mt 17,5]
Tel est le premier sacrifice du Verbe incarné. Mais il veut en instituer un autre plus magnifique. La nature humaine de Jésus n'a pas été abaissée dans l'Incarnation ; elle a été élevée, au contraire, jusqu'à la Divinité ; et les plus grandes humiliations de sa vie et de sa mort n'ont pu lui ôter, même extérieurement, toute sa gloire divine et humaine.
Eh bien ! c'est cette gloire, aujourd'hui parfaite dans son état triomphant, que le Sauveur veut immoler ici-bas à la gloire de son Père. Il veut que la gloire de son corps, de son âme et de sa divinité soit suspendue, éclipsée, anéantie devant les hommes jusqu'à la fin des siècles, pour que notre méchant orgueil ait toujours un puissant contrepoids. Il ne se présentera plus sous la forme d'un esclave, comme dans l'Incarnation ; il en revêtira une plus vile encore, celle du pain, afin de pouvoir être tout à la fois une victime perpétuelle à la gloire de son Père et le divin viatique de notre pèlerinage.
Alors les anges et les saints admireront le plus étonnant des spectacles ; ils verront le Roi du ciel quitter sa couronne d'honneur et de puissance, voiler sa gloire infinie, lier tous les membres de son corps sacré et s'unir inséparablement aux espèces sacramentelles.
La terre, alors, sera le vrai royaume de Dieu le Père ; il y régnera sur l'ordre de la grâce dans les hommes et sur tout l'ordre de la gloire dans Jésus-hostie ; et l'auguste sacrement sera le plus tendre objet de ses complaisances.
S. Pierre-Julien Eymard (PG 244,2)
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Légende de l'image : La Cène, détail d'une fresque de 1446, Collection Dagli Orti.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6