2.2. Pour consoler son Église — Comme mère
Pourquoi l'Eucharistie ?
Prédication générale de septembre-octobre-novembre 1864, publiée en trois parties dans la revue Le Très-Saint Sacrement, Ire année (1864-1865).
2.2. Pour consoler son Église — Comme mère
L'Église est une mère et à ce titre encore le Sauveur lui devait l'Eucharistie. « Réjouis-toi, » disent le prophète et l'apôtre, « toi qui étais stérile ; pousse des cris d'allégresse, toi qui n'enfantais pas ; car voici que celle qui était abandonnée, a maintenant plus d'enfants que celle qui n'a point cessé d'avoir son époux » [Is 54,1 ; Ga 4,27].
Et de fait, l'Église figurative, celle de Moïse et du Sinaï [cf. Ex 19], est depuis longtemps inféconde ; elle n'enfante plus de prophètes, plus d'enfants d'Abraham. L'Église catholique a hérité de ses promesses : elle doit conquérir à sa foi et à son amour toutes les nations de la terre, qui deviendront ses filles par le baptême.
Mais quelle puissante nourriture cette divine Mère donnera-t-elle aux hommes pour en faire d'autres Jésus-Christ ? Comment formera-t-elle des confesseurs, des vierges et des martyrs, si ce n'est par le pain des forts et par le vin qui fait germer les vierges [cf. Za 9,17] ? Aussi, comme ils croissent vigoureux les vrais enfants de la sainte Église romaine ! Il n'y en a pas de semblables dans le monde. On ne saurait leur comparer ni les enfants du protestantisme, qui, privés de sacerdoce et d'autel, n'ont pour nourrir leur âme qu'une vaine figure et une parole morte ; ni les enfants du schisme, qui, séparés de la famille, ne connaissent presque plus l'usage de l'aliment divin ; ni les enfants de la synagogue, qui, mourant d'inanition, demandent inutilement à leur mère un pain qu'elle n'a point voulu. Nous seuls avons le vrai pain sacré, non plus seulement pour les lévites, mais pour tous les fidèles, depuis l'enfant qui fait ses premiers pas dans la vie, jusqu'au vieillard qui touche à la tombe.
Voilà notre force, et voilà notre joie : grâce à l'Eucharistie, les chrétiens célèbrent un festin où tous, sans jalousie ni distinction, participent à la même table divine et boivent à la même coupe céleste. C'est la riante fête de la vraie fraternité, que nous pouvons faire durer toujours ; car le pur froment des élus ni le vin enivrant de la sainteté ne sauraient s'épuiser entre les mains de l'Église, qui nous les présente sans cesse.
Ah ! que Jésus-Christ soit donc à jamais loué d'avoir laissé à son Épouse, pour la consoler et lui témoigner son amour, non pas un portrait sans vie, mais tout lui-même ! Qu'il soit à jamais loué d'avoir donné à notre Mère, pour ses enfants, cet aliment de force et de joie ! Sachons, de notre côté, apprécier et goûter cet aliment ; ne faisons pas à l'Église et au Sauveur l'injure de le méconnaître ; prenons-le chaque jour, du moins en esprit : c'est le moyen de nous conserver dignes d'un tel Père et d'une telle Mère.
S. Pierre-Julien Eymard (PG 244,7)
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Légende de l'image : La Cène, détail d'une fresque de 1446, Collection Dagli Orti.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6