La tendresse sauvera le monde...

« Vous serez nourris, portés sur la hanche ; vous serez choyés sur ses genoux. Comme un enfant que sa mère console, ainsi je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés.Vous verrez, votre cœur sera dans l'allégresse ; et vos os revivront comme l'herbe reverdit. » (Isaïe 66, 12-14)

Bonjour à tous !

Nous approchons du dé-confinement, courage !

Des patientes me disent souvent, parlant de leur bébé de quelques jours, quelques semaines : "On" m'a dit de ne pas trop le porter, il va s'habituer... " Ce à quoi je réponds : "Et vous, vous en pensez quoi ?" - "J'ai envie de le prendre, ça me fait trop mal de le laisser pleurer". Et je renchéris : "de toute façon, c'est trop tard, il est déjà habitué, quand il était dans votre ventre, c'est comme s'il était dans vos bras 24 h sur 24. Non seulement il est habitué, mais être dans vos bras fait partie de ses besoins existentiels, tandis que porter votre bébé fait partie de vos besoins de maman" (Et d'ailleurs, quel mal y a-t-il à aimer être dans les bras d'un être cher ?) Et pour bien les rassurer sur la nécessité de suivre les intuitions de leur cœur, je leur rappelle que dans des orphelinats d'après-guerre, on nourrissait les enfants mais sans les prendre dans les bras, sans marque de tendresse. Certains ont survécu, plus ou moins bien, à la mesure de leur résilience. D'autres ont développé des gestes autistiques de bercement (c'est ce que nous avons découvert dans les orphelinats de Roumanie après la chute de Ceausescu). D'autres en sont morts. 

Certains d'entre vous vont se demander où je veux en venir...??!!

Ce qui vaut pour les tout-petits vaut pour les personnes âgées et les personnes en fin de vie, nous le voyons tous les jours en cette période douloureuse. Et finalement, vaut pour tout être humain : oui, à tout âge, recevoir de la tendresse fait partie des besoins fondamentaux de toute personne humaine ! Pourra-t-on inscrire un jour dans les droits de l'homme : "droit à recevoir (et à donner !) de la tendresse" ? Nous ne prendrons jamais pleinement conscience de la violence des recommandations sanitaires actuelles, violence présente dans les mots mêmes  : « distanciation sociale » ; « gestes barrières » ; et même pour certains, de la généralisation à l'extrême du télétravail. Et de la détresse des personnes qui vivent seules, sans famille ou amis, ou qui, au sein même de leur famille, sont privées d'affection. Je n'aurais jamais imaginé l'intensité de la souffrance causé par le manque de tendresse !

Le numérique aurait-il fait de nous des êtres plus éthérés ?

Nous pouvons comprendre la mesure sanitaire pour éviter la surcharge des services de réanimation. Mais non, monsieur le président de la république, non, monsieur le ministre de la santé, voir sa famille sur une tablette, derrière un écran hygiénique – comme peuvent le vivre ceux qui ont vécu dans une chambre stérile lors d'une maladie – protégé par un masque, à un mètre de distance minimum, ne pourra jamais remplacer un contact humain, charnel (j'ose ce mot par opposition à virtuel…) tout simplement parce que nous sommes des êtres incarnés, constitués de chair et de sang, des êtres faits pour la relation. Sortir en scaphandrier, en combinaison haute protection ou masqué peut être nécessaire dans certaines circonstances et pour un temps très ponctuel, mais ne peut convenir pour de longs mois. Un geste technique en service de soins intensifs aurait-il plus de valeur et d'efficacité qu'une main nue serrant une autre main ? Ne faudrait-il pas associer les deux ? 

La négation de la dimension corporelle de la relation humaine n'est malheureusement pas un fait nouveau : nos relations sont devenues désincarnées, aseptisées, virtualisées par la peur : la peur qu'un geste d'affection soit  interprété comme un geste pédophile, du harcèlement sexuel, une provocation... a été renforcée par la peur du virus. Pour une société qui glorifie le corps, quel paradoxe !

Certes, il y a bien la grâce d'état ! Heureusement ! Mais nous avons plus ou moins de ressources pour le vivre. Ceux qui ont manqué de tendresse dans leur enfance ou qui ont subi des violences bien moins que ceux qui ont été choyés. Ceux pour qui le langage d'amour principal est le contact physique, bien moins que ceux dont le langage principal est le cadeau ou la parole valorisante. (Cf. Les langages de l'amour de Gary Chapman)

Et en plus, nous sommes privés du contact avec Jésus dans l'eucharistie ! Après l'équivalent de 2 carêmes, la faim d'assemblées dominicales et de Jésus hostie commence à se faire sentir. Je crois que c'est bon signe !

Alors, pour ne pas sombrer dans le pathos et la désespérance, que pouvons-nous faire pour tenir dans la durée cet état de « distanciation sociale » qui ne sera pas levé le 11 mai ? Que pouvons-nous apporter à notre monde en manque de tendresse ? Quelques propositions pour aujourd'hui… que chacun pourra compléter, élaborer...

  • Nous pouvons commencer par accueillir notre souffrance et reconnaître notre besoin de tendresse, différent pour chacun !
  • Si cela nous est donné, nous pouvons rendre grâce pour la compassion (= action de souffrir avec) que cet état nous fait éprouver physiquement et spirituellement vis-à-vis des personnes les plus seules qui vivent la distanciation sociale plus douloureusement que nous ou qui la vivent toute l'année. La compassion nous rend plus proches…
  • Rendre grâce parce que nous pouvons grandir dans notre amour pour le Christ : par notre souffrance nous ressentons les sentiments du Christ quand nous nous détournons de lui. 
  • Demander à Marie de pouvoir ressentir physiquement sa tendresse, comme elle l'a manifesté à Jésus nouveau-né, et tout au long de sa vie :

Elle mit au monde son fils premier-né, elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire car il n'y avait pas de place à l'hôtellerie. (Luc 2,7)

  • Relire dans l'Evangile les passages où Jésus touche : par exemple la guérison de l'aveugle né, le lavement des pieds… Et lui demander de venir nous toucher nous aussi !
  • Poser un acte de douceur ou de charité vis-à-vis de nous-mêmes… car c'est en étant doux avec nous-mêmes que nous serons davantage en mesure d'offrir de la douceur et de l'amour.
  • Avec le psaume 138, prendre conscience que nous avons une valeur inestimable dans le cœur de Dieu. Et ça, nos gouvernants ne pourront pas nous l'enlever ! Citer quelques-unes de nos qualités (éventuellement en se faisant aider par une personne de confiance) peut-être bienvenu !

C'est toi qui as créé mes reins, qui m'as tissé dans le sein de ma mère. Je reconnais devant toi le prodige, l'être étonnant que je suis. (Ps 138, 13-14)

  • Esquisser un sourire à soi, à quelqu'un dans la rue, ou juste comme ça, parce que c'est bon…
  • Poser un acte de charité ou de réconciliation vis-à-vis d'un autre, en faisant preuve d'inventivité.
  • Laisser Nicodème et Joseph d'Arimathie mettre du baume sur nos cœurs et nos corps blessés, comme ils ont pris soin du corps de Jésus…

Ils [Joseph d'Arimathie et Nicodème] prirent donc le corps de Jésus et l'enveloppèrent de bandelettes, avec les aromates, comme c'est la coutume d'ensevelir chez les Juifs. (Jean 19,40) 

  • Bénir, éventuellement avec l'aide d'un psaume de bénédiction pour stimuler le cœur, comme nous l'avons fait récemment…
  • Ruminer Isaïe, pour se rappeler que Dieu est avec nous et que nous avons du prix à ses yeux.

« Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t'aime, je donne des humains en échange de toi, des peuples en échange de ta vie. Ne crains pas, car je suis avec toi. » (Isaïe 43, 4-5)

  • Poser un acte de foi et de confiance avec le psaume 22 ou le psaume 130… 

« Seigneur, je n'ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins ni merveilles qui me dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère » (psaume 130, 1-2)

Belle journée ! Que Dieu nous revête de sa tendresse et de ses bénédictions !

Sans nous lasser, confions-nous à notre maman du Ciel.

Prière de la communauté

Souvenez-vous (saint Bernard)

Souvenez-vous, ô très douce Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre sainte protection imploré votre assistance et réclamé votre secours, ait été abandonné. Animé d’une pareille confiance, O Vierge des vierges, ô ma Mère, je viens vers vous et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. Ô Mère du Verbe incarné, ne méprisez pas mes prières, mais daignez les écouter et les exaucer favorablement. Amen !

Merci ! 160 personnes ont prié

10 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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