Le Sacré Cœur comme fête catholique (Eymard) / 8e Élévation (Prouvier)

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Après la série de publications liée à la Garde d'Honneur du Sacré Cœur (GDH récapitulatif) depuis juin 2024, nous reprenons le cycle tel qu'interrompu en mai 2024 (récapitulatif), comme suit : 

Rappel des circonstances
Le Père Eymard et Sophie Prouvier – cette dernière ayant reçu la révélation du Cœur Eucharistique de Jésus, à Besançon, en 1854 – sont indéfectiblement unis dans leur vocation propre d'abord sur la terre, et maintenant du haut du Ciel. L'une était venue à Paris rencontrer l'autre, en mai 1860. Elle lui raconte les révélations du Cœur Eucharistique de Jésus qu'elle reçut 6 ans plus tôt, dans la chapelle baroque Notre-Dame du Refuge de l'hôpital Saint-Jacques de Besançon. Et en juillet 1861, le Père Eymard médite le « Cœur de Jésus instituant l'Eucharistie » (prochaine publication du 19 décembre 2024) dans une grande prédication de Neuvaine au Sacré Cœur à Saint-Sulpice (Paris). 
Aussi dans la communauté du Cœur Eucharistique de Jésus – De Besançon à Paray-le-Monial nous reprenons où nous en étions en mai 2024 avec pour :
• Point n°1 cette Neuvaine au Sacré Cœur du Père Eymard ;
• et pour Point n° 2 les Élévations sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus de Sophie Prouvier.  

1° Neuvaine du Sacré Cœur à Saint-Sulpice de S. Pierre-Julien Eymard

5 juillet 1861 – Saint-Sulpice

• Introduction à la prédication & première publication : 

Sacré Cœur – Ouverture de la Neuvaine / 1ère Élévation.

• 1. L'amour humanisé

• 1. Jésus-Christ, l'amour de Dieu humanisé / 2e Élévation.

• 2. L'amour personnifié

• 2. Jésus-Christ, l'amour de Dieu personnifié en son cœur / 3e Élévation/

 • 3. L'amour perpétué / 4e Élévation

 ORIGINE DE LA DÉVOTION AU SACRÉ CŒUR • I. Dévotion chrétienne • Dévotion des saints au Sacré Cœur • Saintes / 5e Élévation.

 I. La dévotion au Sacré Cœur a 3 états • 1. Origine / 6e Élévation

 II. Le Sacré Cœur comme culte public • 2. Progrès • 3. Les rois / 7e Élévation

III. Le Sacré Cœur comme fête catholique

3. Triomphe

En 1856, les évêques de France réunis à Paris autour du légat, le cardinal Patrizzi, demandent par lui une grâce au Saint-Père* : l'approbation de la fête du Sacré Cœur pour l'Église universelle : « Ils demandèrent avec d'instantes prières qu'il daigne étendre l'office du Sacré Cœur de Jésus à l'Église universelle. – Il a plu à Sa Sainteté d'accueillir avec bienveillance les prières. Il désire offrir aux fidèles de nouveaux moyens pour les aider à aimer, aimer en retour, embrasser Celui qui nous a aimés et qui nous a lavés de nos péchés en son sang. C'est pourquoi il a ordonné que soit célébré chaque année selon le rite double majeur le vendredi qui suit l'octave du très saint Corps du Christ, l'office du Sacré Cœur de Jésus accordé au royaume de Pologne et au clergé de la Ville [de Rome] par la Sacrée Congrégation des Rites le 11 mai de l'an 1765, avec la messe correspondante Miserebitur. En observant toutefois les rubriques. » – Patrizzi préfet, Capalti secrétaire. – Les hauts faits de Dieu par les Francs. Conclusion : Gloire de la France, espérance de la France.

S. Pierre-Julien Eymard (PO 7,6)

* Les évêques de France sont réunis à Paris à l'occasion du baptême du prince impérial le 15 août 1856 par le cardinal Patrizzi, légat de Pie IX.

2° Élévation sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus de Sophie Prouvier

Huitième Élévation

Cœur outragé

Sixième plainte du Cœur Eucharistique de Jésus
aux pécheurs


I

Réflexion – L'outrage formel est le comble du mépris. Outrager quelqu'un qui nous aime est le dernier degré d'une odieuse cruauté, le dernier terme de l'abaissement moral. Mais lorsque celui qui nous aime revêt toutes les supériorités, tous les titres à l'affection, tous les droits à la reconnaissance, l'outrage devient le paroxysme d'une démence coupable, et le malheureux qui en assume le forfait se réprouve lui-même : « Tu les as fait descendre jusqu'au séjour des morts » (cf. Is 57,9).

II

Jésus – « Unis contre moi, mes ennemis murmurent, à mon sujet, ils présagent le pire » (cf. Ps 40,8) : ils ont élevé contre moi une parole inique. Comme une épouse outrageant son époux qui l'aime, ainsi m'a outragé la maison d'Israël. Je ne vous ai fait que du bien, ô vous qui vous éloignez de moi, et, par là, vous me plongez dans la tristesse. En vous faisant naître sous une loi de grâce, je vous avais déjà privilégiés ; mais, je ne suis pas seulement venu pour vous apporter la grâce du salut, j'ai voulu que vous l'ayez avec plus d'abondance et que vos corps y participent, recevant de mon cœur une nourriture céleste, qui les glorifie dès cette vie, en déposant en eux un germe d'immortalité. Et voilà que par vos péchés, vous souillez ces corps devenus mes membres, vous les faites servir à l'iniquité plutôt  que de les respecter et d'attacher vos cœurs au mien. Vous n'avez pas voulu servir le Seigneur votre Dieu : Je ne servirai pas (cf. Jr 3,20), avez-vous dit, je ne servirai pas, préférant vous conduire seuls. Hélas ! avez-vous été plus vraiment libres, et votre bonheur est-il parfait ? Au lieu de ne servir qu'un Maître plein de sagesse et de bonté qui vous donnait la paix, vous vous êtes fait des dieux de toutes vos passions coupables et vous avez subi en esclavage leurs insatiables exigences. Maintenant, à la poursuite du bonheur qui s'est enfui, vous courez en criant : La paix, la paix ! (cf. Jr 6,14) mais hélas ! il n'y a plus de paix pour l'impie (cf. Is 57,21), mes entrailles se sont émues, et mon cœur qui de son tabernacle vous entend et vous suit, sait incomparablement mieux que vous tout le mal que vous vous faites à vous-mêmes, et tout celui que vous préparez, si votre péché, malgré mes appels, reste toujours sans repentance. Ah ! puisque vous n'êtes pas heureux, essayez au moins, maintenant, de retrouver ce qui peut vous donner la paix (cf. Lc 19,42) ouvrez vos yeux et vos cœurs, reconnaissez votre péché et convertissez-vous (cf. Ec 17,21), fils rebelles, revenez à moi votre père (cf. Is 44,22), et je guérirai le mal que vous vous êtes fait en vous détournant de moi.
Oh ! pasteurs fidèles, allez après eux avant qu'ils ne s'éloignent davantage, allez promptement, ceignez vos reins (cf. Jr 1,17), retrouvez-les, rendez-les moi.
Et vous, âmes dévouées, qui connaissez les chemins de mon cœur, ses désirs et son ardent amour, faites pour ce peuple égaré une efficace pénitence : Filles de Sion, revêtez-vous de cilices et de cendres et pleurez (cf. Jr 6,28) avec moi ; sauvez-les, car je ne veux pas être consolé que mes brebis perdues ne m'aient pas été ramenées. Oh ! alors nul ne les ravira de ma main (cf. Jn 10,28).

III

L'âme – Ô Jésus, vous êtes vraiment le bon pasteur, et vous avez bien des fois et de bien des manières donné votre vie pour vos brebis (cf. Jn 10,11). Ah ! oui, mon Sauveur, vous résister, vous outrager est bien une folie, mais hélas ! une monstrueuse folie qui a conscience de ses actes et qui réunit en chacun d'eux bien des crimes… les bourreaux qui vous crucifiaient au Calvaire étaient coupables, certes, et insensés, mais ils étaient d'ignorants mercenaires, de grossiers instruments d'une haine étrangère à leur volonté, et après tout, d'aveugles exécuteurs de vos dispositions secrètes dans le mystère de notre rédemption. Les mérites de votre sang ne les avaient pas encore purifiés, la loi de grâce n'avait pas dessillé leurs yeux. Ils étaient cruels, oui, mais véritablement des hommes sans raison ; et voilà précisément pourquoi votre prière s'élevait pour eux à votre père : « Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. » (cf. Lc 23,34)
Combien différente, hélas ! est notre condition, et quelles excuses trouver à une folie aussi éclairée que la nôtre ? nous qui avons reçu les grâces infuses du saint Baptême, et qui, dès notre enfance, avons, pour la plupart, connu votre sainte loi ; nous qui avons été nourris de la fleur du froment (cf. Ps 80,17) et qui peut-être dans un temps avons connu, pressés sur votre cœur, les ineffables douceurs de votre Eucharistie ; nous, protégés, conduits, soutenus dans les diverses phases de notre vie par les innombrables prodiges de votre Providence ; c'est nous qui vous avons outragé !! Ah ! si nous ne sommes pas de ceux qui ont dévasté vos pavillons et vos tabernacles (cf. Jr 4,20), combien plus avons-nous contristé votre cœur et outragé votre sainteté en laissant le péché dévaster le temple du Saint-Esprit que vous avez édifié en chacun de nous, pour en faire le lieu de votre repos !!! de votre repos, ô Jésus ! vous que les cieux ne peuvent contenir (cf. 1 R 8,27), et qui vouliez bien choisir mon cœur pour tabernacle vivant du vôtre, cœur si étroit déjà, et où, malheureux ! j'ai fait entrer le péché !
Ô Seigneur, mon Dieu, ô Créateur, ayez compassion de vos créatures inconsidérées. Voyez, nous ne nous entendons pas nous-mêmes ; nous ne savons pas ce que nous voulons, et nous nous éloignons de cela même que nous cherchons, que nous aimons et que nous désirons, quand instinctivement nous cherchons ce qui peut nous contenter. C'est ici que doit resplendir votre miséricorde ; qu'elle est grande, Dieu de bonté, la demande que je vais vous faire : écoutez-la, je vous en supplie, de grâce, aimez encore ceux qui ne vous aiment pas ; ouvrez à ceux qui ne frappent point ; guérissez ceux qui non seulement prennent plaisir à être malades, mais qui travaillent à le devenir davantage… vous avez dit, ô très doux Jésus, que vous êtes venu pour convertir les pécheurs : les voilà, ô mon Dieu, prenez pitié de ceux qui n'ont point pitié d'eux-mêmes…
N'écoutez que votre cœur, ô Jésus, il est notre avocat, et sauvez-nous (Ste Thérèse d'Avila).


(Huitième Élévation – Cœur outragé – Sixième plainte du Cœur Eucharistique de Jésus aux pécheurs)


Prière de la communauté

ÉLÉVATIONS de SOPHIE PROUVIER (1817-1891) – Mère Marie de l'Eucharistie

ÉLÉVATIONS SUR LA PRIÈRE AU CŒUR EUCHARISTIQUE DE JÉSUS Cœur Eucharistique de Jésus, doux compagnons de notre exil, je vous adore. Cœur Eucharistique de Jésus, Cœur solitaire, Cœur humilié, Cœur délaissé, Cœur oublié, Cœur méprisé, Cœur outragé, Cœur méconnu des hommes, Cœur aimant nos cœurs, Cœur suppliant qu'on l'aime, Cœur patient à nous attendre, Cœur pressé de nous exaucer, Cœur désirant qu'on le prie, Cœur foyer de nouvelles grâces, Cœur silencieux voulant parler aux âmes, Cœur doux refuge de la vie cachée, Cœur maître des secrets de l'union divine, Cœur de Celui qui dort, mais qui veille toujours. Cœur Eucharistique de Jésus, ayez pitié de nous. Jésus-hostie, je veux vous consoler, Je m'unis à vous, je m'immole avec vous, Je m'anéantis devant vous, Je vais m'oublier pour penser à vous, Être oublié et méprisé par amour pour vous, N'être compris, n'être aimé que de vous. Je me tairai pour vous entendre et me quitterai pour me perdre en vous. Faites que je soulage ainsi votre soif de mon salut, votre soif ardente de ma sainteté, et que, purifié, je vous donne un pur et véritable amour. Je ne veux plus lasser votre attente : prenez-moi, je me donne à vous. Je vous remets tout mon agir, mon esprit pour l'éclairer, mon cœur pour le diriger, ma volonté pour la fixer, ma misère pour la secourir, mon âme et mon corps pour les nourrir. Cœur Eucharistique de mon doux Jésus dont le sang est la vie de mon âme, que je ne vive plus, mais que vous viviez seul en moi. Ainsi soit-il.