Ouverture de la 9aine au Sacré Cœur du Père Eymard – 1re Élévation au Cœur Euch…
Le Père Eymard et Sophie Prouvier – cette dernière ayant reçu la révélation du Cœur Eucharistique de Jésus, à Besançon, en 1854 – sont indéfectiblement unis dans leur vocation propre d'abord sur la terre, et maintenant du haut du Ciel. L'une était venue à Paris rencontrer l'autre, en mai 1860. Et en juillet 1861, le Père Eymard médite le « Cœur de Jésus instituant l'Eucharistie » dans une grande prédication de Neuvaine au Sacré Cœur à Saint-Sulpice (Paris).
Aussi la saison qui s'ouvre à nous dans la communauté du Cœur Eucharistique de Jésus – De Besançon à Paray-le-Monial aura pour point n°1 cette Neuvaine au Sacré Cœur du Père Eymard et pour point n° 2 les Élévations sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus de Sophie Prouvier.
1° Neuvaine au Sacré Cœur à Saint-Sulpice
Introduction
Cette Neuvaine au Sacré Cœur à Saint-Sulpice est une grande prédication du P. Eymard
où découvrir le lien intime du Cœur de Jésus & de la Sainte Eucharistie.
Partout il allumait le feu de l'amour envers le saint Sacrement
L'ensemble de la Neuvaine du Sacré Cœur à Saint-Sulpice qui dura 9 jours à la paroisse Saint-Sulpice de Paris, les 5-14 juillet 1861, fut suivie avec attention par Marguerite Guillot, première Supérieure des Servantes du Saint Sacrement (branche fondée par le Père Eymard en 1858, à Paris), qui nota dans son Journal II, p. 36 :
“Il [Eymard] fut prêcher une neuvaine à Saint-Sulpice. Nous allâmes l'entendre. Partout il allumait le feu de l'amour envers le saint Sacrement. L'église était remplie. Nous étions fières de ce que nous entendions exclamer autour de nous : Ah ! qu'il dit beau ! Qui est-il ? Jamais nous n'avons entendu prêcher ainsi sur le saint Sacrement.”
Prédication de Saint Pierre-Julien Eymard des 5-14 juillet 1861, à Saint-Sulpice - Paris
Neuvaine du Sacré Cœur à Saint-Sulpice
Sacré Cœur
5 juillet 1861 – Saint-Sulpice
Ouverture
Que le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ vous donne de connaître l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance, et vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu (Ep 3,19).
1° Vœu de saint Paul pour les Éphésiens, le nôtre pour vous. C'est le plus grand, le plus saint, le plus heureux. Il sera le fruit béni de ces saints exercices en l'honneur du Sacré Cœur de Jésus, il doit l'être.
2° La dévotion au Sacré Cœur est le culte souverain de l'amour dû à Jésus-Christ, notre Sauveur. Elle est l'âme, la fin de toute la religion, car la religion n'est que la loi, la vertu, la perfection de l'amour ; et le Sacré Cœur de Jésus en est la grâce, le modèle et la vie. Cette royale dévotion résume donc toute la sainteté de Jésus-Christ et la nôtre.
3° Mais qui pourra dire la sublimité, la profondeur, la largeur, l'étendue de l'amour de ce cœur divin ? [cf. Ep 3,18] Qui pourra en supporter les ardeurs, en révéler la beauté, la bonté, la perfection ? – Vous seul, ô mon Jésus ! vous seul le pouvez, vous seul le ferez en ces cœurs si purs et si dévoués à votre amour et à votre gloire.
Avant d'entrer dans la nature intrinsèque de la dévotion au Sacré Cœur de Jésus, examinons, mes frères, la nature de l'amour de Dieu pour l'homme, en Jésus-Christ notre Sauveur.
Nous adorons le cœur sensible, le cœur de chair de Jésus-Christ pour trois raisons :
1° parce que c'est le cœur d'un Dieu ;
2° parce que ce cœur est le trésor des grâces de Dieu ;
3° parce qu'il est l'agent premier de l'amour divin (ou le sanctuaire vivant de l'amour de Jésus-Christ), ou le principe, ou le gage sensible de l'amour.
Qu'est-ce que Jésus-Christ, mes frères ? – C'est l'amour de Dieu pour l'homme humanisé, personnifié, perpétué en l'incarnation du Verbe fait chair, de l'homme-Dieu.
S. Pierre-Julien Eymard (PO 7,1)
2° Élévation sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus
de Sophie Prouvier
Première Élévation
Cœur Eucharistique de Jésus,
Doux compagnon de notre exil, je vous adore
I
Réflexion. – Un compagnon d'exil, qui n'est pas un exilé, ne peut être que l'ami généreux de celui dont il partage volontairement la disgrâce. – D'où vient un tel héroïsme dans l'amitié ? Est-ce d'une grande intelligence ? Non, c'est d'un grand cœur. L'intelligence peut éclairer le dévouement, l'admirer, mais elle ne l'inspire pas. Le cœur seul est capable des actes généreux, parce que l'amour seul fait aimer le sacrifice, y trouver du bonheur : « l'amour ne connaît pas la peine, et, s'il y a une peine, cette peine se change en amour*. »
II
Jésus. – L'homme n'a pas ici-bas de cité permanente et il cherche en gémissant le lieu de son repos. C'est dans l'Eucharistie que j'ai dressé ma tente, à côté de la tienne sur cette terre d'exil, ô mon peuple bien-aimé, j'ai voulu être à côté de toi, et là, j'ai fixé mes yeux et mon cœur : mes yeux pour suivre tes pas, voir tes travaux, tes combats, considérer tes épreuves et les compter ; recueillir tes bonnes œuvres et les présenter à mon Père afin qu'il n'entre pas en jugement avec toi ; mais qu'il pardonne tes péchés quand ton repentir touchera sa miséricorde ; j'y suis avec mon cœur pour le consoler en partageant ta douleur, pour alléger ton fardeau, reposer ta fatigue, appuyer ta faiblesse et par-dessus tout te donner un breuvage mystérieux, mêlé à un pain de vie, que j'ai préparé dans ma sollicitude de peur que tu ne défailles en chemin. Mon tabernacle te protégera de son ombre durant le jour et il te sera une retraite assurée contre l'orage ; il portera mon nom, un nom nouveau que je n'avais pas encore manifesté et qui sera désormais publié dans toute la terre. J'ai pour toi un cœur d'ami sincère, ne crains rien ; si tu me restes fidèle, je te porterai secours sur le lit de ta douleur et je retournerai ta couche dans tes infirmités.
Comme une mère caresse son enfant lorsqu'il pleure, de même, quand tes soupirs iront vers la patrie, je remplirai ton âme des plus douces consolations.
Mais prends garde, n'abuse pas de mes largesses, en me voyant ainsi abaissé jusqu'à toi. N'oublie jamais que ce cœur d'ami, venu du ciel, c'est celui du Seigneur ton Dieu.
III
L'âme. – Seigneur, si un léger service me pénètre de reconnaissance envers celui qui me l'a rendu, quels seront pour vous les sentiments de mon cœur ? Ami céleste, ô mon Roi, Jésus présent et vivant au milieu de cet univers, dans votre Humanité où repose votre Divinité ! Vous y êtes, là comme ailleurs, le Dieu souverain : mais là vous ne régnez que par le cœur, parce que votre puissance n'y triomphe que par l'amour. Je vous adore sur cet humble trône de votre charité, qui resplendit aux yeux des anges comme un ostensoir de feu placé au sommet du globe terrestre, éclairant et réchauffant l'univers et attendant ses hommages. Nos yeux ne le voient pas, mais notre foi le sait, et nos âmes le sentent. Je vous adore, ô Présence réelle de mon Sauveur, cœur parfait, qui seul possédez tout ce que le mien désire dans un ami qui voudrait aimer sans mesure. Je vous adore au fond de cette fange dont vous vous êtes approché pour me secourir. J'adore votre cœur corporel, ô Jésus ! parce qu'en vous tout est adorable, et spécialement l'organe qui a servi votre amour ici-bas ; mais quand j'adore votre cœur, c'est aussi et c'est surtout l'amour immense qui nous l'a donné que j'adore. Que d'autres, au nom de la science, placent le siège de l'amour où ils voudront : pour moi, je sens mon amour dans mon cœur ; et mon cœur devient tout amour. Et pourtant ce cœur de chair qui bat plus fort dans ma poitrine au seul nom de ce que j'aime, n'est pas ce qui aime en moi ; il n'en est que le symbole ennobli par l'action qu'il en reçoit, et je dis avec le psalmiste : Mon cœur et ma chair ont tressailli pour le Dieu vivant. Le cœur qui aime, qui est l'étincelle de la charité en nous, où est-ce donc ? Dites-le, savants, si vous connaissez votre âme ; car c'est dans l'âme qu'il doit se trouver, à cet endroit secret le plus élevé où sont les vestiges de notre ancienne grandeur ; dans cette faculté créée pour aimer le bien et le vouloir, pour aimer surtout le souverain Bien, dans cette puissance surélevée, déifiée par la charité, la plus haute des vertus théologales, celle qui durera éternellement et qui est dès ici-bas la vie éternelle commencée. Ce que je sais bien, c'est que mon cœur, tel qu'il est, je le dois au Seigneur, car j'ai entendu une mystérieuse parole, qui semble m'ouvrir ses domaines et me mettre sur la trace de ses divins secrets : « Mon fils, donne-moi ton cœur et considère mes voies ».
* : S. Augustin, De bono viduitatis, XXI P.L., XL, 448.
Image : thelivingheartco – L'art catholique contemporain enraciné dans la Tradition Sacrée – Michigan, États Unis
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6