Le Cœur Eucharistique de Jésus de Besançon à Paray-le-Monial & 13ème Élévation
Sens de lecture :
• 1° _ « Institution de l'Eucharistie par le Cœur de Jésus » de saint Pierre-Julien Eymard ;
• 2° _ La Fraternité du Cœur Eucharistique de Jésus de Besançon à Paray-le-Monial ;
• 3° _ L'extrait des Élévations de Sophie Prouvier.
Publications précédentes : • Dessin du blason du Cœur Eucharistique de Jésus (suite du récit) & 12e Élévation
• St Joseph 2022 : Dessin du blason du Cœur Eucharistique de Jésus (« Comme un cerf altéré cherche l'eau vive… ») & 11e Élévation
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1° « Institution de l'Eucharistie par le Cœur de Jésus (III) »
de saint Pierre-Julien Eymard
Rappelons que la rencontre de Sophie Prouvier et du Père Eymard date de mai 1860.
Dans l'octave du Saint Sacrement suivant, le Père Eymard prêche à Rouen puis à Tours et emploie pour le première fois le vocable "Cœur Eucharistique de Jésus". Et c'est dans la Neuvaine au Sacré Cœur de juillet 1861 qu'il explicite et approfondit « le cœur de Jésus instituant l'Eucharistie ».
La fois précédente : « Institution de l'Eucharistie par le Cœur de Jésus (IIIa) »
Le cœur de Jésus instituant l'Eucharistie (III-b)
4° Lieu
– Mais au moins, dit la sainteté divine, vous ne serez que dans un temple digne de votre gloire, vous vous choisirez un prêtre digne de la royauté divine de ce mystère d'amour ? Le premier peuple de Dieu n'eut qu'un temple, mais magnifique, à Jérusalem. Dieu n'eut qu'un autel, qu'un grand prêtre. Le temple royal de la rédemption sera plus magnifique, son sacerdoce plus éclatant et plus saint : ainsi le veut la dignité, la sainteté de ce divin mystère.
Cœur de Jésus-Christ : – Mon amour est sans réserve, sans condition. Je multiplierai mon sacerdoce, comme les étoiles du ciel. Mes ministres couvriront le monde de temples et d'autels, afin qu'en tout lieu on m'offre à mon Père en oblation pure [cf. Ml 1,11]. Mes prêtres seront les incendiaires de ce feu divin que j'ai apporté du ciel et allumé au divin Tabernacle. Il faut que l'univers soit incendié par ce feu d'amour.
– Mais quoi ? le mauvais prêtre, un Judas ! un homme impur, consacrerait votre corps ! vous offrirait en oblation à votre Père céleste ! vous donnerait aux fidèles comme pain de vie ? Mais, Seigneur, votre amour vous égare.
– Oui, oui, dit le cœur de Jésus. J'obéirai à un Judas comme à un saint, à un ennemi de mon amour comme au disciple de ma dilection. J'obéis à mes bourreaux sur le calvaire pour être victime du salut du monde ; j'obéirai de même au sacrificateur de mon corps sur l'autel pour être un holocauste d'amour…
S. Pierre Julien Eymard (PO, 7,11)
in Neuvaine au Sacré Cœur à Saint-Sulpice (prédication intégrale)
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2° La Fraternité du Cœur Eucharistique de Jésus de Besançon,
à Paray-le-Monial, Jeudi de l'Ascension 2022 : le point de vue de Jehanne Sandrine
Après ma première participation à la Fraternité du Cœur Eucharistique de Jésus à Besançon, je fus donc poussée à écrire la chronique de cette journée du 17 mars 2022. Au terme de cette journée, décision avait été prise de façon collégiale de venir prier le Saint Sacrement pendant la nuit d'adoration, du Jeudi de l'Ascension au vendredi 27 mai 2022, Lui confiant l'avenir de la Fraternité, à Paray-le-Monial.
À cette occasion, j'organisai du lundi 23 au mardi 31 mai 2022 (fête de la Visitation), une bonne semaine de retraite à Paray. Je reproduisis le ”canevas” de ma retraite parodienne de Noël 2016–Nouvel an-2017 : d'abord à l'Ermitage Saint-Dominique, chez les Dominicaines du Saint Rosaire et du Sacré Cœur, ce qui me permettait d'être très libre, d'aller à la messe de 11h, à La Visitation.
Puis, il y eut la journée de la Fraternité, le jeudi 26 mai. Après la messe de l'Ascension à la basilique du Sacré-Cœur, à 11h, nous sommes allés déjeuner chez un couple de la Communauté de l'Emmanuel, venu de Besançon. Après le déjeuner, je rencontrai en la femme de ce couple un autre maillon dans la chaîne de la Fraternité du Cœur Eucharistique de Jésus de Besançon. Elle m'éclaira grandement sur l'histoire de la Fraternité et l'apport de chacun, confirmant mes intuitions de la journée du 17 mars 2022.
Puis, ce fut la nuit d'adoration du Jeudi de l'Ascension. La Providence avait choisi le jour où Jésus « va être enlevé au regard de tous », « en attendant la date inconnue de son retour dans la gloire », pour commencer une nouvelle ère de l'histoire (encore dans son enfance) de la Fraternité du Cœur Eucharistique de Jésus de Besançon, à Paray-le-Monial.
« L'ascension du Fils près de son Père conditionne la suite de l'œuvre missionnaire dans laquelle nous vivons encore, deux mille ans plus tard. Cette séparation est nécessaire afin que tous puissent entrer dans l'ère de l'Esprit Saint. Le Christ lui-même l'expliquera en des termes très clairs : « Je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je m'en aille, car, si je ne m'en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l'enverrai » (Jn 16,7). En célébrant l'Ascension, nous devenons témoins du retour du christ vers son Père et de l'envoi de l'Esprit Saint. »*
Durant l'heure nocturne que je passai devant la sainte Eucharistie exposée à la Chapelle Saint-Jean, à mi-course de mon adoration un papillon clair surgit d'en bas par la gauche, s'éleva en une dynamique volute devant l'ostensoir et disparu dans les hauteurs de la charpente. Ce fut l'unique signe sensible que je reçus comme un clin d'œil du Seigneur…
Le vendredi 27 mai, la Fraternité participa à la messe de 11h. L'après-midi de ce vendredi, j'entrai en clôture à La Visitation** pour les vêpres, jusqu'au mardi de la Solennité de la Visitation. La veille de mon départ, je rencontrai une sœur que j'avais rencontrée en janvier 2017. Je lui parlai de la révélation du Cœur Eucharistique de Jésus à Sophie Prouvier qu'elle ne connaissait pas, et cette visitandine m'affirma que, lors de la fête du Cœur Eucharistique de Jésus – dans les années 1920 et 1930, quand ce culte avait été promulgué et répandu officiellement par Benoît XV en 1921 –, il y avait des processions du Saint Sacrement et que c'était la fête dans tout Paray ! Ceci corrobora mon intuition que la représentation de Jésus en mosaïque sur la porte du Tabernacle du Maître-autel, Chapelle saint Claude La Colombière, avait été réalisée par l'atelier des frères Mauméjean, en 1932, en connaissant cette révélation du Cœur Eucharistique de Jésus instituant l'Eucharistie, le Jeudi saint, alors que la prière des Élévations était déjà bien répandue depuis au moins deux décennies.
Durant cette semaine de l'Ascension 2022 à Paray-le-Monial, j'ai vraiment été comblée de grâce, en même temps que ‘privée de sommeil' : je ne dormis que 4-5 heures par nuit pendant cette semaine où le Seigneur me laissa être travaillée au corps, de l'intérieur comme de l'extérieur…
* Cf. Père Paul-Antoine Drouin, Une absence à portée de main – Regard sur la liturgie – Revue Magnificat n° 366, Mai 2023, p. 431.
** Album : Monastère de la Visitation - Paray-le-Monial – 27-31 mai 2022 où les photos sont légendées.
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3° ÉLÉVATIONS de Sophie Prouvier – L'extrait
Chacune des 20 Élévations se développe en 3 prises de paroles :
– I Réflexion – II Jésus – III L'âme
Treizième Élévation
Cœur pressé de nous exaucer :
Quatrième désir du Cœur Eucharistique de Jésus :
Notre médiateur auprès de son Père
I
Réflexion. – Savoir vouloir et savoir attendre sont la marque d'une grande force et d'une grande sagesse. La mesure d'un désir est en rapport avec l'ardeur du cœur qui l'éprouve ; et si ce désir est dans l'ordre, il s'accroît de son excellence. D'après cela on peut comprendre quelle est la force des désirs de Jésus par rapport à nous, et quelle inqualifiable violence est faite à son Cœur quand notre force d'inertie annule son désir de nous accorder ce qu'il sait nous être nécessaire ; il pourrait nous incliner tout de suite à le vouloir, mais c'est alors qu'il s'impose d'attendre, car sa sagesse qui atteint avec force d'une extrémité du monde à l'autre, dispose tout avec douceur.
Est-ce à dire que notre inertie a une puissance supérieure à la volonté de Dieu pour lui faire obstacle ? Non, certes, rien ne résiste à la volonté divine quand elle est absolue, mais celle qu'il daigne exprimer comme un désir n'est qu'une volonté relative à la liberté que lui-même nous a laissée. Toutefois, ce royal désir n'en est pas moins un ordre pour le sujet docile ; refuser de s'y conformer serait une révolte.
II
Jésus. – Mon désir est d'être votre Médiateur. Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera*. Demandez et vous recevrez. Vous ne demandez pas assez. La flèche lancée vers son but, l'éclair qui sillonne la nue, ne sont pas aussi rapides que l'élan de mon Cœur offrant à mon Père la supplication pure. Hier je voulais bien attendre, aujourd'hui je veux me hâter, car il se fait tard, le jour est sur son déclin. Vos jours sont comptés et le temps presse car il passe ; vous l'avez perdu à me faire attendre : regagnez-le et avancez maintenant. Les besoins sont grands : les âmes se perdent, l'Église souffre, je reste méconnu et mon Père est offensé : la charité me presse, il faut que la charité de la terre appelle la charité du ciel, il faut que la misère implore la miséricorde. Je suis pressé comme on l'est dans l'angoisse du cœur devant le péril imminent de ceux qu'on aime : envoyez-donc vers moi vos plus pressantes supplications. Je suis le seul intercesseur près de mon Père, ne l'oubliez pas, le seul à être parmi vous capable de lui offrir une prière digne de lui, parce que je suis « l'Homme-Dieu », l'homme sans reproche, pressé d'intercéder pour le peuple, présentant le bouclier de son ministère dans vos supplications pour détourner la colère du Seigneur. C'est pour cela que je me suis placé entre la terre et le ciel dans les tabernacles de l'Eucharistie, adorateur en votre nom et médiateur près de mon Père ; que votre supplication soit instante, confiante, persévérante et désintéressée.
III
L'âme.– Le Cœur Eucharistique de Jésus voudrait répandre sur nous des trésors de grâce, mais il veut que nous les désirions, il veut que nous les demandions, il veut que nous voulions les recevoir et y coopérer. Son amour brûle de se communiquer. Jésus a les mains pleines, et il ne sait où laisser tomber les trésors qu'elles contiennent, parce que nos âmes sont fermées et nos cœurs remplis d'affections étrangères ou d'attachement à nous-mêmes ; nous allons même quelquefois jusqu'à craindre de recevoir des grâces qui nous demanderaient plus de fidélité ! Votre charité cependant, ô Jésus, se montre de plus en plus pressante ; après nous avoir suppliés de venir, après avoir été patient à nous attendre, vous nous dites une parole encore plus touchante : « Je suis pressé de vous exaucer. » Qu'est-ce à dire, hélas ! quand loin de vous adresser d'ardentes supplications, nous ne sommes peut-être pas même des « hommes de désir » ? Ah ! Seigneur ! quelle misère est la nôtre ; voyez, nous n'avons pas seulement conscience de nos vrais besoins ! Seigneur, apprenez-nous à demander ! Ô Esprit de lumière, venez gémir en nous ce gémissement inénarrable, qui est la prière que le Fils entend, que le Père exauce. Ô Père, tirez-moi ; ô Fils, mon Médiateur, mon protecteur, ma force, ma vie vivante, tirez-moi aussi, tirez-moi de moi-même, car c'est en moi que sont mes plus dangereux ennemis ; descendez dans les profondeurs inconnues de cet abîme où sont ces ennemis trop aimés, avec qui je pactise contre vous, et délivrez-moi, malgré moi-même, peut-être ; faites-moi un rempart de votre corps sacré, un bouclier de votre Cœur Eucharistique. N'est-ce pas là précisément votre ministère d'amour dans les attributions de la divine Eucharistie ? Je me livre enfin à vous, me voilà Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? Vous laisser faire peut-être ? Et bien, oui, et puisque c'est moi-même qu'il faut vaincre d'abord, prenez le glaive à deux tranchants, séparez mon âme charnelle de mon âme spirituelle, ma volonté bonne de ma volonté mauvaise. Ce glaive, c'est votre amour fort comme la mort, qui seul peut immoler la nature déréglée à la grâce et combler vos désirs en même temps que les miens ; mais cet amour même, faites Seigneur, que je le comprenne, que je le désire, que je sache le demander avec une volonté si vraie que je l'obtienne enfin. Exaucez donc, Dieu tout-puissant, la voix par laquelle j'ai crié vers vous, la voix de votre Fils bien-aimé dans l'Eucharistie, et ayez pitié de nous.
(Treizième Élévation – Cœur pressé de nous exaucer : Quatrième désir du Cœur Eucharistique de Jésus : Notre médiateur auprès de son Père)
NOTES
* Jn 15,23
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6