24e JOUR/65 : Samedi 18 février 1865 – 1re méditation – Jésus humble de cœur
La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865
– Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici :
Récapitulatif des publications
- Présentation
- Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier : Saint Paul – Rome
Rédemptoristes — Mercredi 1er février - 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
- 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
- 22e JOUR – Jeudi 16 février 1865 • 1re méditation – de fond • 3e méditation – Esprit de Notre Seigneur
- 23e JOUR – Vendredi 17 février 1865 • 1re méditation – Moyen de l'esprit de Jésus
• 2e méditation – Moyen de l'esprit de Jésus (suite) • 3e méditation – Esprit de Jésus par amour, quid ?
24e JOUR
Samedi 18 février 1865
1re méditation – Jésus humble de cœur
J'ai médité sur l'esprit de Jésus, humble de cœur.
J'ai commencé par renouveler mon don personnel, remercier de la méditation du soir, redemander cet esprit de douceur de Notre Seigneur. Mais la douceur est la fleur de l'humilité. Et voilà pourquoi Notre Seigneur met le cœur aux deux, ou plutôt à humble de cœur [cf. Mt 11,29]. L'humilité du cœur, voilà l'arbre qui donne la fleur et le fruit de la douceur.
Jésus n'est donc pas humble d'esprit ?
Jésus ne doit pas avoir l'humilité du pécheur. Puisqu'il est sans péché, il n'a à rougir de rien. Et moi, j'ai à rougir de tout. Comme le disait le larron : « Pour nous c'est juste, mais lui n'a rien fait de mal » [cf. Lc 23,41]. Et moi, j'ai fait beaucoup de mal, et je ne connais même pas tout le mal que j'ai fait.
Jésus n'avait pas l'ignorance. Et moi, je ne sais rien. Je sais le mal, je vicie même les notions du vrai, du juste. Jésus sait tout, et il est humble, comme s'il ne savait rien, pendant le temps de Nazareth, trente ans.
Jésus a tous les dons naturels. Il sait et peut tout faire à la perfection. Il ne le montre pas. Il ne travaille que grossièrement, à la manière des apprentis. « Celui-là n'est-il pas le fils du charpentier ? » [cf. Mt 13,55]
Jésus n'a jamais montré qu'il savait tout. Même dans sa vie évangélique, il n'a fait que redire la Parole du Père. Il s'est borné à sa mission. Il l'a remplie avec la forme la plus simple, la plus humble.
Jésus s'est donc conduit comme un humble d'esprit. Il ne s'est glorifié de rien. Il n'a jamais cherché à briller, à faire de l'esprit, à paraître plus instruit que les autres. Même à douze ans, « les écoutant et les interrogeant » [cf. Lc 2,46].
Jésus avait l'humilité d'esprit positive. Il dépendait en tout de son Père et de ceux qui avaient l'autorité de son Père, « prenant condition d'esclave » [Ph 2,7], obéissant sans honneur. Il renvoyait la gloire de tout à son Père. « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien » [Jn 8,54].
L'humilité d'esprit de Jésus est donc admirable, magnifique. Elle est toute glorieuse, toute vertu d'amour.
Je dois à deux titres vivre de l'humilité d'esprit de Jésus :
– à titre de justice : je suis néant et pécheur. Je suis ignorant d'état.
– puis à titre de disciple, de serviteur.
Et cependant, Jésus ne me parle que de celle du cœur. Il semble à son amour qu'il m'humilierait trop de me demander l'humilité d'esprit. Cela rappelle trop de misères, de péchés, de titres au mépris. L'amour voile ce côté-là, et me dit d'être comme lui. « Mettez-vous à mon école » [Mt 11,29] – humble de cœur.
Qu'est-ce donc qu'être humble de cœur ?
C'est aimer l'humilité de Jésus-Christ.
C'est recevoir de Dieu, avec soumission de cœur, les exercices d'humilité comme un bien, une vertu qui lui est très glorieuse. C'est accepter son état et ses devoirs, et ne pas rougir de sa condition. C'est être naturel dans le surnaturel. Si j'aime Jésus, je dois lui ressembler : « Mettez-vous à mon école. » – « Suis-moi. » – « Le disciple n'est pas au-dessus du maître » [Mt 11,29; Mt 8,22; cf. Mt 10,25]. Si j'aime Jésus, je dois aimer ce qu'il aime, ce qu'il fait, ce qu'il a préféré à tout ; c'est donc préférable, plus honorable, plus avantageux.
L'humilité de cœur est plus facile que l'humilité d'esprit, puisqu'il ne s'agit que du sentiment, et d'un sentiment très élevé : l'imitation de Jésus-Christ, son amour, sa gloire en ces sublimes circonstances d'humilité.
Est-ce que j'ai cette humilité de cœur ? J'ai celle qui va avec le dévouement, la gloire, le succès – qui donne et se dévoue –, mais non celle qui descend comme Jean Baptiste. J'aime l'encens, mais non le grain en lui-même.
Ô mon Dieu ! Voici l'heure du vrai combat, qui va attaquer le cœur de la place. Il faut l'emporter d'assaut par votre sainte grâce.
Prière jaculatoire : « Un bien pour moi, Seigneur, que d'être affligé, afin d'apprendre tes volontés » [Ps 118,71]. Répéter aux heures : « Jésus, doux et humble de cœur ». Relire ce qui regarde cette vertu en l'Imitation.
Éviter de donner à l'esprit le bavardage des motifs de l'humilité. J'en sais assez là-dessus. C'est amuser le cœur au lieu de l'édifier.
Déjeuner : Imitation, lib. 3, c. 12, De la patience :
« Une mauvaise habitude vous arrêtera ; mais vous la vaincrez par une meilleure. – La chair murmurera ; mais elle sera contenue par la ferveur de l'esprit. – L'antique serpent vous sollicitera, vous exercera ; mais vous le mettrez en fuite par la prière. » [Im 3, 12: 22-24].
Voilà l'heure du combat.
S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,47)
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6