Vendredi 17 février 1865 – 3e méditation – Esprit de Jésus par amour, quid ?
La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865
– Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici :
Récapitulatif des publications
- Présentation
- Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier : Saint Paul – Rome
Rédemptoristes — Mercredi 1er février - 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
- 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
- 22e JOUR – Jeudi 16 février 1865 • 1re méditation – de fond• 3e méditation – Esprit de Notre Seigneur
- 23e JOUR – Vendredi 17 février 1865 • 1re méditation – Moyen de l'esprit de Jésus• 2e méditation – Moyen de l'esprit de Jésus (suite)
23e JOUR
Vendredi 17 février 1865 (suite)
3e méditation – Esprit de Jésus par amour, quid ?
Reprenant mon sujet du jour, et surtout la bonne pensée de 11 heures, qu'il faut inspirer mon cœur du cœur de Jésus, la pensée m'est venue ce soir à ma méditation, que l'amour seul forme l'esprit, l'inspire et l'alimente, que la pensée suit l'amour et que l'amour produit l'imitation, la communication de l'esprit.
Notre Seigneur a dit : « Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » [cf. Mt 6,21]. Si Jésus est mon trésor, il sera ma pensée.
Notre Seigneur ne demande pas l'esprit, mais l'abnégation. Il commence sa loi par : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur » [Mt 22,37], le reste suit tout naturellement.
« Demeurez dans mon amour » [Jn 15,9]. L'amour est le sens chrétien, divin, que Notre Seigneur est venu apporter : « Je suis venu jeter un feu sur la terre » [Lc 12,49]. Il faut donc travailler à l'amour pour avoir l'esprit de Jésus, qui, alors, deviendra l'esprit de mon cœur, et le mien sera crucifié.
Après cela, j'ai examiné le caractère de l'esprit de Jésus, renfermé en ces paroles adorables : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux » [cf. Mt 11,29]. Jésus est doux, doux à l'intérieur, doux à l'extérieur. C'est l'agneau, c'est la colombe. C'est la bonté même.
1° Examinant cette douceur extérieure de Jésus dans ses paroles,
toujours digne, tendre, bon, même quand il parle des malheurs. « Jérusalem ! Jérusalem ! Que de fois ! Ah ! si en ce jour tu avais compris ! » [cf. Mt 23,37]
– Dans ses rapports avec ses disciples grossiers, toujours le bon Maître ; avec les étrangers, toujours complaisant, patient ; avec Judas, toujours la même bonté. Jamais rien d'indirect. Jamais ! Ce n'est qu'au dernier moment qu'il révèle si prudemment sa trahison, et puis son : « Mon ami, pourquoi es-tu venu ? » [Mt 26,50]
– Sa douceur dans ses actes. Tout respire la douceur, la bonté, l'égalité de vie, de vertu, de caractère.
2° Sa douceur intérieure :
point de haine, de colère comprimée, de pensées de vengeance, de dialogue intérieur de ses droits. Rien : colombe sans fiel, miroir transparent de miséricorde et de bonté.
Eh bien ! la douceur, voilà ce que je dois acquérir, pour avoir l'esprit de Jésus.
Oh ! comme j'y ai manqué souvent ! à l'intérieur : ces raisonnements, ces justifications, ces réponses énergiques, ces moyens extrêmes, ces pensées de bateleur. Comme tout cela est loin de l'agneau ! C'est l'amour-propre qui ne voit que sa personne, les devoirs des autres, les vertus qu'ils devraient avoir, l'héroïsme de l'obéissance, la force du commandement, le devoir d'humilier, de briser, l'exemple ! Tout cela ne vaut pas un acte de douceur de cœur ! Je ne suis pas un soldat sur le champ de bataille ! ni un commandant d'armée ! mais je dois être le serviteur des serviteurs [de Dieu], le disciple de mon Maître, doux et humble de cœur !
Comme aussi, pourquoi afficher cette énergie contre ce qui est opposé ? cette colère, qui certainement n'est pas sainte, contre ce qui est mauvais, incrédule, etc. ? Hélas ! au fond, c'est de la vanité. Je veux montrer de l'énergie, et je n'ai que de l'impatience ou de la lâcheté. Notre Seigneur plaindrait ces gens, prierait pour eux, et tâcherait d'honorer son Père par la douceur et l'humilité.
Puis, ce genre énergique, piquant et maudissant, peut et doit donner mauvais exemple. Chacun aime à en faire autant, en semblables occasions.
Cela a l'air de maîtrise, d'indépendance, de zèle. Hélas ! « Pardonne, Seigneur, à ton serviteur » [cf. Ps 18,14].
Comment pourrai-je devenir doux ?
Non par raisonnements, ni humilité d'esprit, ni même par esprit de pénitence ou de mortification. Non, non, tout cela réveille trop d'idées contraires. C'est trop militant ! Mais je tâcherai de voir l'exemple de Notre Seigneur Jésus-Christ, son désir, son plaisir ! Ce sera le meilleur moyen ! C'est tout beau ! tout cœur ! toute lumière !
S. Pierre-Julien EYMARD (NR 44,46)
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6