« Tu seras le corps de mon cœur »

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  • Sens de lecture :

• 1° _ Théologie spirituelle des saints ;
• 2° _ Témoignage de rencontres du Sacré Cœur & de l'Eucharistie par l'animatrice de la communauté ;
• 3° _ L'extrait des Élévations de Sophie Prouvier.

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Cœur de Jésus préparant et instituant l'Eucharistie

Le Fils de Dieu m'a aimé et s'est livré pour moi [Ga 2,20].
Si l'amour est beau dans le combat de sa pensée, il est encore plus beau dans les œuvres, dans l'action. Nous allons voir le cœur de Jésus préparant et instituant l'Eucharistie.

1° Préparant

L'Eucharistie, ce sont les noces spirituelles de l'Agneau, du fils du roi, avec l'âme chrétienne. (Dans le monde, c'est le père qui règle le contrat, c'est la mère qui prépare la fête ; dans le mariage des rois, c'est un ambassadeur, un ministre qui négocie l'alliance, dresse le contrat, et prépare la fête.)
Ici, le cœur de Jésus veut en faire tous les frais : 1° il ne se décharge sur personne de la préparation ; l'amour ne se fait pas remplacer. 2° C'est le cœur de Jésus qui a fait les conditions du contrat d'alliance eucharistique ; c'est lui qui va en publier le décret. Il annonce le décret de l'Eucharistie : Jean, chapitre 6 

Descriptif des citations en Jn 6

1. Ce décret est clair : les Juifs l'ont bien compris. Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? [Jn 6,52]
2. Il est positif. En vérité, je vous le dis [Jn 6,53].
3. Il est immuable. Voulez-vous partir, vous aussi ? [Jn 6,67]

S. Pierre-Julien Eymard in Neuvaine du Sacré Cœur à Saint-Sulpice (intégrale) - 

Cœur de Jésus préparant et instituant l'Eucharistie (PO 7,13) – 5-14 juillet 1861, Paris.


« Tu seras le corps de mon cœur »

            23 octobre 2014 – Vacances de la Toussaint. Pour faire plaisir à mon mari, j'accepte de l'accompagner au Musée Jacquemart-André, Paris 8. Je suis conquise par les portraits de sainte Marie-Madeleine, de saint Jean-Baptiste et de saint Jérôme du Pérugin.

            Pour reprendre le métro, place de l'Étoile, nous remontons le boulevard Haussmann, puis l'avenue de Friedland. Avant de croiser la rue Balzac, je vois de l'autre côté de l'avenue, à gauche, l'inscription ÉGLISE DU SAINT SACREMENT. Attirée, j'entraîne mon mari à traverser la rue.

            Nous entrons dans la Chapelle Corpus Christi. Mon mari se retrouve vite devant le Tabernacle, dans la chapelle de l'Immaculée Conception. J'avance plus doucement, suivant les stations du Chemin de Croix émaillé vieux rose, sur cuivre. J'arrive au niveau de l'autel et découvre avec étonnement sur le bas-côté opposé, à droite de l'autel, une châsse.

            J'y vais, passant devant l'autel et la croix ancienne et me retrouve devant ce saint dans une châsse. Saint Pierre-Julien Eymard (1811-1868). La châsse fut celle de « son saint ami le  Curé d'Ars », est-il écrit. À gauche, sur le mur, un texte peint en trompe-l'œil, comme gravé dans la pierre. Je sors mon carnet de poche et note ces mots qui me saisissent :

Rien pour moi, personne
rien, par moi.
Modèle : Incarnation du Verbe.

C'est comme si le Sauveur me disait :
par la communion,
tu vivras pour moi,
car je serai vivant en toi.

Tellement que ce sera moi qui vivrai
et désirerai tout en toi.
Tu seras tout revêtu de moi.
Tu seras le corps de mon cœur.

Ce n'est plus moi qui vis,
mais le Christ qui vit en moi. (Ga. 2,20)

21 mars 1865 – Grande Retraite de Rome
Saint Pierre-Julien Eymard
1811 – La Mure d'Isère - 1868

            Avant de quitter la chapelle, j'emporte des cartes postales à son portrait photographique et une BD des années 1980, à la graphie de mon enfance… 

Ce qui m'édifia le plus dans cette rencontre, fut de recevoir ce saint de l'Eucharistie alors que je venais de terminer la rédaction de la présentation du Livre des Miroirs qui m'amena à conclure que l'eucharistie est au centre de la foi catholique (cf. L'âme est un arbre fait pour l'amour).

ÉLÉVATIONS de Sophie Prouvier – L'extrait

Chacune des 20 Élévations se développe en 3 prises de paroles :
– I Réflexion ­– II Jésus – III L'âme


Onzième Élévation
Cœur désirant qu'on l'aime
Deuxième désir du Cœur Eucharistique de Jésus :

Etre aimé d'un amour de préférence

I

Réflexion. – Ne paraît-il pas contraire à la dignité de solliciter l'amour ? D'où vient que le Cœur de Jésus semble s'abaisser à cette supplication ? C'est que aimer Dieu est dans nos intérêts, non dans les siens, et que s'il nous presse de répondre à son amour, c'est uniquement pour notre bien. Dieu n'a pas besoin pour lui de notre retour, trouvant en lui-même son infinie suffisance.
Cependant comme la nature du feu est de se communiquer et que la charité divine est un feu, il est de sa nature de se répandre ; or, le cœur de l'homme fait par Dieu à son image étant pour lui un objet de prédilection, il n'aura complété sa création que quand il l'aura rempli de son amour. Voilà pourquoi il le supplie de faire vivre en lui cet élément essentiel de son bonheur et cette gloire de l'œuvre de Dieu.

 II

Jésus – Je suis venu apporter le feu sur la terre, et que désiré-je, sinon qu'il s'allume* ? Ce feu que la terre ne connaissait pas avant que je vinsse lui apporter la loi d'amour avec ses grâces, il n'est pas un feu dévastateur ; depuis ce règne de l'amour, je ne suis plus dans les orages, ni dans les tremblements. Je suis la douceur, qui ne brise pas le roseau à demi rompu mais qui allume la mèche encore fumante. Mon cœur ne s'impose pas, il supplie ; j'en appelle beaucoup à l'intimité de mon amour et plusieurs refusent, je frappe à la porte et souvent on ne m'ouvre pas** ; mais je te supplierai de m'aimer, et avec tant d'instance que si ton cœur n'est pas de pierre, il se rendra.
            Encore une fois, qu'ai-je dû faire que je n'aie pas fait pour toi ? Pour te gagner, j'ai revêtu ta nature et t'ai donné ma vie, je l'ai reprise afin de la donner encore pour toi : je me consume aujourd'hui dans l'Eucharistie, et là, plus à toi que jamais, en toi-même quelles ne sont pas les tendres insinuations de mon cœur pour triompher de ton vouloir, te faire choisir de préférence le seul bien qui ne laissera pas de vide en ton âme. Je n'exige pas de tous un amour exclusif, et si tu n'y es pas appelé, donne-toi à ceux que tu peux aimer ici-bas, j'y consens, puisque je t'en ai fait un devoir, mais aime-les avec mon cœur pour les aimer avec quelque chose de mon immuable tendresse. Médite et honore tous mes mystères, chacun en son temps, mais aime d'un amour de prédilection le mystère qui les renferme tous et qui tient de mon cœur d'être par excellence de sacrement de l'amour.

III

L'âme – Ô mon Dieu, je comprends enfin aujourd'hui pourquoi vous nous aimez tant… ce désir d'être aimé, il n'est pas en vous un besoin se rapportant à vous-même, verbe éternel, amour incréé et infini : quel accroissement de bien vous apporterait notre indigente affection ? mais c'est parce que vous êtes amour parfait que vous êtes si fortement incliné à nous aimer parfaitement et à vouloir être aimé aussi parfaitement que nous en sommes capables. Vous êtes tout amour, ô Jésus, vous êtes tout cœur : je ne m'étonne plus si vous ne pouvez vous lasser de venir du ciel sur la terre, pour nous transformer en vous. Dans votre Eucharistie, vous êtes non seulement tout amour comme Dieu, mais tout amour comme homme, afin qu'il y ait ici-bas un cœur humain qui aime véritablement votre Père de tout lui-même et qui aime aussi véritablement les hommes, vos chers semblables, ô Jésus, comme soi-même pour l'amour de Dieu. Dans l'Eucharistie, vous êtes donc, si j'ose le dire, doublement tout cœur. Quel prodige et quel bonheur ! Si vous n'étiez que science, beauté sagesse, vous ne souffririez autour de vous que sagesse, beauté, science, mais, à cause du grand amour dont vous nous avez aimés, amour qui surpasse toute connaissance humaine, vous demandez surtout nos cœurs. Et si je vous portais la science, la beauté, la sagesse même sans mon cœur, vous compteriez tout cela pour rien ; et si encore mon cœur n'était pas tout amour, le reconnaîtriez-vous pour un cœur ?
            Ah ! que cet amour me remplisse, m'inonde, me consume, me transforme, puisque, en vous donnant mon pauvre cœur, je vous contente. Que du moins maintenant je vous aime, Cœur Eucharistique de Jésus, non seulement par-dessus toutes les choses crées, mais encore avec une affection de préférence, parmi les divers témoignages de votre amour, afin de vous dédommager de l'oubli dans lequel nos cœurs vous ont laissé si longtemps.

* Cf. Lc 12, 49
** Cf. Ap. 3, 20


(Onzième ÉlévationCœur suppliant qu'on l'aime Première plainte du Deuxième désir du Cœur Eucharistique de Jésus : être aimé d'un amour de préférenceI-II-III – pp.81-85)

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Photographie : Vitraux contemporains de la Chapelle Corpus Christi, 23 avenue de Friedland - Paris 8 – Source : ©Wikimédia

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Prochaine publication : jeudi 30 juin.

Prière de la communauté

ÉLÉVATIONS de SOPHIE PROUVIER (1817-1891) – Mère Marie de l'Eucharistie

ÉLÉVATIONS SUR LA PRIÈRE AU CŒUR EUCHARISTIQUE DE JÉSUS Cœur Eucharistique de Jésus, doux compagnons de notre exil, je vous adore. Cœur Eucharistique de Jésus, Cœur solitaire, Cœur humilié, Cœur délaissé, Cœur oublié, Cœur méprisé, Cœur outragé, Cœur méconnu des hommes, Cœur aimant nos cœurs, Cœur suppliant qu'on l'aime, Cœur patient à nous attendre, Cœur pressé de nous exaucer, Cœur désirant qu'on le prie, Cœur foyer de nouvelles grâces, Cœur silencieux voulant parler aux âmes, Cœur doux refuge de la vie cachée, Cœur maître des secrets de l'union divine, Cœur de Celui qui dort, mais qui veille toujours. Cœur Eucharistique de Jésus, ayez pitié de nous. Jésus-hostie, je veux vous consoler, Je m'unis à vous, je m'immole avec vous, Je m'anéantis devant vous, Je vais m'oublier pour penser à vous, Être oublié et méprisé par amour pour vous, N'être compris, n'être aimé que de vous. Je me tairai pour vous entendre et me quitterai pour me perdre en vous. Faites que je soulage ainsi votre soif de mon salut, votre soif ardente de ma sainteté, et que, purifié, je vous donne un pur et véritable amour. Je ne veux plus lasser votre attente : prenez-moi, je me donne à vous. Je vous remets tout mon agir, mon esprit pour l'éclairer, mon cœur pour le diriger, ma volonté pour la fixer, ma misère pour la secourir, mon âme et mon corps pour les nourrir. Cœur Eucharistique de mon doux Jésus dont le sang est la vie de mon âme, que je ne vive plus, mais que vous viviez seul en moi. Ainsi soit-il.

3 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Cœur Eucharistique de Jésus - De Besançon à Paray-le-Monial

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