2° O Adonaï

Rédempteur
”Ô Adonaï, chef de la maison d'Israël, qui êtes apparu à Moïse dans la flamme du buisson ardent et lui avez donné votre loi sur le Sinaï : venez nous racheter par la puissance de votre bras.”

O Adonaï et dux domus Israel qui Moysi in igne flammæ rubi apparuisti et ei in Sina legem dedisti, veni ad redimendum in brachio extento.

Exorde. Récapitulation du précédent. Par quels moyens s'opérera l'œuvre de la rédemption ? Comme celle du peuple de Dieu en Égypte, mais dans un ordre plus sublime. Elle aura un buisson ardent, son Sinaï, la majesté de la puissance.

I. Buisson ardent.
Dans le désert, trône de Dieu, sans consomption. Je vais faire un détour pour voir cet étrange spectacle, et pourquoi le buisson ne se consume pas. (Ex. 2) [Ex 3,3].

Dieu aime à se montrer dans le feu. Il veut l'hommage du feu. Il est venu apporter du feu [Lc 12,49]. Il donne son Saint-Esprit en langues de feu [Ac 2,3]. Dieu est amour [1Jn 4,8].

Le feu est purifiant, il est pur. Marie – Buisson ardent. Pur – Virginité perpétuelle. Dieu y demeure, y fait ses délices. Buisson ardent, non immobile comme le premier, il vient à nous. C'est Marie se préparant à venir à Bethléem.

II. Et vous lui avez donné votre loi sur le Sinaï.
À nous, non une loi ; les deux premières n'ont pas sauvé l'homme.

Dans la première au paradis terrestre, l'homme était trop heureux ; au Sinaï, Dieu était trop grand. Il faut le législateur lui-même. Il vient nous former une mère. Nous sommes trop faibles, trop petits pour recevoir encore la loi du Père. Petits enfants [que j'enfante à nouveau] [Ga 4,19]. Il grave lui-même dans le cœur de Marie sa loi avec son amour. Après, il la pratiquera sous ses yeux, puis au même moment suprême de la rédemption, il dira à l'homme : Voici ta mère [Jn 19,27].

III. Venez… par la puissance de votre bras.
Il faut toute la force de Dieu, non celle de créateur, de libérateur de l'Égypte, de législateur sur le Sinaï. Dieu n'a pas réussi par ce moyen à se faire un peuple fidèle. L'homme est trop faible pour supporter la majesté de Dieu, son tonnerre, ses prodiges. Dieu le sait. Et voilà que Dieu va armer son bras d'une nouvelle force, il va sauver l'homme en s'abaissant, en s'humiliant, en souffrant. Il va se faire grand par l'amour. Il va descendre. Voyez-le… qu'il est beau à Bethléem, aimable, attirant ! etc.

S. Pierre-Julien Eymard (PO 1,4)

O Adonaï   [M A R I E]

”Ô Adonaï, chef de la maison d'Israël, venez nous racheter par la puissance de votre bras !”
O Adonaï et dux domus Israel, veni ad redimendum nos in brachio extento.

Le péché a aveuglé l'homme. L'homme ne voit plus son chemin vers la vraie terre promise. Il a perdu le sentier de la prudence et s'est égaré dans toutes ses voies. L'Église invoque alors la sagesse du Père, afin qu'elle daigne reprendre son œuvre d'amour et éclairer l'homme de la lumière de la vérité, qu'il a perdue. C'est pourquoi, elle dit : “Ô Sagesse…”

Mais, mes frères, il ne suffirait de rien d'être éclairés, instruits, si nous n'étions pas rachetés. La science nous rendrait plus malheureux encore. La sainte Église crie donc vers son Sauveur, elle l'appelle : “Adonaï, Seigneur souverain, chef de la maison d'Israël, venez nous racheter dans la force de votre bras, veni ad redimendum, ô vous qui avez apparu à Moïse dans le buisson ardent et lui avez donné la loi sur le Sinaï.”

L'Église a invoqué la sagesse du Père. Elle a loué sa force et sa douceur. Elle a demandé sa lumière pour suivre les sentiers de la prudence, afin que l'homme reprît avec confiance le chemin de la céleste patrie, de la vie éternelle.

Mais il ne lui servirait de rien de connaître la voie, sans en connaître la loi, sans avoir la grâce de cette loi. Et voilà pourquoi l'Église invoque le Sauveur promis par le titre d'Adonaï – Seigneur souverain, chef de la maison de David ; elle lui dit : “Ô vous qui avez apparu à Moïse dans le buisson ardent et lui avez donné la mission de délivrer votre peuple de l'Égypte, qui après l'avoir délivré, lui avez donné votre loi sur le Sinaï, venez nous racheter dans la force de votre bras.”

Pour racheter le peuple hébreu, Dieu choisit un chef, Moïse ; il lui donna sa mission au buisson ardent et enfin sa loi sur le Sinaï. La vraie rédemption du monde se fait de même.

1° C'est Jésus-Christ qui est le vrai chef du peuple de Dieu, qui marchera à sa tête, l'arrachera à la servitude des dieux de l'Égypte, lui, vrai agneau, le conduira à travers le désert de la vie, vraie colonne de nuée le jour et de feu la nuit – Eucharistie –, l'introduira dans la véritable terre promise, dans le ciel nouveau et la terre des vivants.

Suivons-le bien ce chef divin. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres [Jn 8,12]. Venez à ma suite [Mt 4,19].

2° Buisson ardent
Ce buisson ardent [cf. Ex 3,2] qui renferme Dieu et ne se consume pas, c'est la figure de l'immaculée Vierge Marie, portant dans son sein virginal le Verbe incarné. Marie est ce buisson ardent.

– Dieu descend dans le buisson ardent pour délivrer les Juifs ; le Verbe descend dans Marie pour la rédemption du monde.

– Le buisson ardent garda le feu et sa verdure ; Marie, le Verbe et sa propre virginité.
– Pourquoi le feu ? Deus caritas est [1Jn 4,8]. Je suis venu jeter un feu [Lc 12,49]. L'Église : Dans le buisson ardent, nous avons reconnu ton Immaculée Conception [Bréviaire romain]. 

Ce buisson ardent qui renferme le Verbe approche.

3° Loi du Sinaï : Il nous en faut une autre, une loi de feu, une loi d'amour. Il nous faut le législateur.

S. Pierre-Julien Eymard (PO 2,1)