57e JOUR/65 – Jeudi 23 mars 1865 – 1re méditation – Vie d'union

La Grande retraite de Rome – 65 jours en 1865
– Notes de Retraite 44 (NR 44 dans les Œuvres complètes) déjà parues ici :
Récapitulatif des publications
• Les 7 premiers jours : Mercredi 25 janvier – Mercredi 1er février
• 2e Semaine : Jeudi 2 février – Mercredi 8 février
• 3e Semaine : Jeudi 9 février - Mercredi 15 février
• 4e Semaine : Jeudi 16 février – Mercredi 22 février 1865
• 5e Semaine : Jeudi 23 février – Mercredi des Cendres, 1er mars 1865
• 6e Semaine : Jeudi 2 mars – Mercredi 8 mars 1865
• 7e Semaine : Jeudi 9 mars – Mercredi 15 mars 1865
• 8e Semaine : Jeudi 16 mars – Mercredi 22 mars 1865
57e JOUR
Jeudi 23 mars 1865
1re méditation – Vie d'union
Il y a bien longtemps que Notre Seigneur m'attire à cette vie d'union, en me montrant le vide et le danger des créatures, mon propre néant, etc.
Il veut être toute ma vie :
– La science de mon esprit, de mon ministère. C'est donc à ses pieds que je dois m'instruire. Qu'ai-je fait de bon quand je ne me suis reposé que sur mon travail, mes études, un peu d'expérience, même sur celle des autres ? Rien. Moins que rien. J'ai tout gâté. Il a fallu tout refaire. Cela ne valait rien. Notre Seigneur n'était pas la lumière première, la science divine.
– L'affection de mon cœur, la puissance de ce cœur, sa paix, sa joie, et pour cela son centre. Comme mon cœur est malheureux quand il est seul ! Quand il sent celui de Jésus froid, ou peiné ou blessé par moi ! Quelle souffrance ! Ce divin cœur doit être mon élément, comme l'eau au poisson, l'air à l'être respirateur. Je meurs, j'agonise du moins, hors de ce divin cœur.
– La force de ma volonté. Je n'ai point de force, ni de corps, ni d'esprit par ma constitution naturelle. Je souffre, au contraire. Tout est usé. Tout serait vite paralysé. Mon esprit a si peu d'acquis et de consistance ! Puis ce corps est brisé. Je sens vraiment que ma santé, comme mon intelligence, n'ont de vie que par Notre Seigneur et en Notre Seigneur, qu'il y a une grâce de force dans le règlement accompli, une lumière, une force surhumaine dans les travaux d'esprit.
C'est la grâce d'état. Je serais bien plus puissant si j'étais plus obéissant à la première impulsion, si j'étais plus mortifié en l'esprit, en mon esprit, en la subtilité de l'intelligence, en la curiosité de la raison. Disons mieux, si j'étais humble d'esprit.
Il faut donc que je sois uni à Notre Seigneur Jésus-Christ comme l'était à la direction de sa personne divine la nature humaine, comme l'était tout Jésus-Christ à son Père.
Mais pour cela, il faut être uni d'une union de vie reçue, communiquée. Il faut que cette branche soit échauffée par le soleil pour recevoir la sève liquéfiée. Or, ce soleil préparateur qui attire cette sève divine, c'est le recueillement, c'est le désir, c'est la prière, c'est le don de soi, c'est l'amour ! « Viens, Seigneur Jésus ! » Ap 22,20, – Ma vie et mon unique espérance !
Imitation, lib. 3, c. 43 :
« Mon fils, ne vous laissez pas émouvoir au charme et à la beauté des discours des hommes, car le royaume de Dieu ne consiste pas dans les discours, mais dans les œuvres. – Soyez attentifs à mes paroles, qui enflamment le cœur, éclairent, attendrissent l'âme, et la remplissent de consolations. – Ne lisez jamais pour paraître plus savant ou plus sage. – C'est moi qui donne à l'homme la science, et qui éclaire l'intelligence des petits enfants, plus que l'homme ne le pourrait par aucun enseignement. » [Im 3, 43: 1-3 , 5].
Voilà le complément de ma méditation de ce matin ! Quand me livrerai-je donc entièrement à ce bon Maître ? Ah ! que la science simple m'a fait perdre du temps, des grâces, de la piété !
S. Pierre-Julien Eymard (NR 44,124)