Jour 2 - Sainte Marianne Cope, une franciscaine à Hawaï
Hawaï et son archipel volcanique nous évoquent d'emblée une plage de sable fin, un lagon bleu, une végétation luxuriante… Mais saviez-vous qu'avant d'être le paradis des surfeurs, Hawaï fut l'enfer des lépreux ?
Saviez-vous que la franciscaine Marianne Cope y a passé 30 ans parmi les malades et les pestiférés sans être atteinte de la lèpre ?
Cette femme intrépide est née en Allemagne en 1838 dans une famille d'agriculteurs qui décide d'émigrer aux États-Unis et s'installe dans l'État de New York en 1840.
A 15 ans, la jeune femme a le désir d'entrer au couvent mais sa vocation est déjà marquée par l'abnégation et le sacrifice. Pour faire vivre sa famille, soutenir ses parents malades et nourrir ses six frères et sœurs, elle travaille à l'usine pendant 9 ans. Voilà une jeunesse bien laborieuse ! Alors que le Seigneur semble l'appeler et qu'elle souhaite donner sa vie au Christ, elle répond généreusement et patiemment : Non meam Domine ! « Non pas ma volonté Seigneur, mais la tienne ! ». Ainsi elle honore son père et sa mère, sert les siens avant d'accomplir ses propres projets.
Enfin, en 1862, âgée de 24 ans, elle peut rejoindre la congrégation des Sœurs Franciscaines de Syracuse, récemment fondée. Elle prononce ses vœux en 1863 et Barbara devient Sœur Marianne. L'esprit de pauvreté et de service de la congrégation conduit les sœurs à prendre en charge l'éducation des enfants des immigrés allemands. Puis on leur confie la création et la direction d'hôpitaux, parmi les premiers aux États-Unis. Sœur Marianne Cope accompagne particulièrement des personnes alcooliques, des mères célibataires… Reconnue dans sa communauté elle enseigne, puis sera nommée maîtresse des novices, supérieure de couvent et même directrice d'hôpital. Son apostolat est vaste et varié, elle reçoit toutes les missions et répond avec une grande charité aux besoins de ses frères et sœurs les plus pauvres.
Cela fait vingt ans maintenant que Sœur Marianne est entrée en religion, c'est une religieuse aguerrie. Elle a près de 45 ans, sa vie paraît bien ordonnée, presque rangée ! Mais « à l'improviste Dieu l'appela à un don plus radical, à un service missionnaire plus difficile »[1] encore !
L'appel de l'évêque d'Honolulu qui demande de l'aide pour évangéliser l'archipel d'Hawaï arrive jusqu'à Marianne Cope. Une cinquantaine de communautés ont déjà décliné « l'invitation » car la lèpre infeste les îles et rebute tous les missionnaires. Fille de saint François d'Assise, qui découvrit le Christ en embrassant un lépreux, sœur Marianne répond à l'appel d'Honolulu :
J'ai faim pour ce travail et je souhaite de tout mon cœur d'être une de celles qui seront choisies… Ce sera pour elles un privilège de s'offrir en sacrifice pour le salut des âmes des pauvres îliens d'Hawaï… Je n'ai pas peur des maladies, par conséquent, ce serait mon plus grand bonheur d'être au service des lépreux, les plus abandonnés.
En 1883, âgée de 45 ans, Marianne Cope quitte une nouvelle fois sa terre et les siens, et vogue jusqu'à l'île de Molokaï. Elle œuvre au côté de Damien de Veuster, le futur saint Damien de Molokaï, qui mourra de la lèpre en 1889.
Par amour du Christ, elle se jette corps et âme dans la mission auprès des lépreux. La maladie ronge les corps mais aussi les cœurs. Le désespoir et la misère dévorent l'humanité et l'espérance des Hawaïens. Parqués, les malades de la lèpre sont coupés du monde, des leurs et meurent dans la solitude. Sœur Marianne va créer un hôpital, une école pour les petites filles… Elle améliore les conditions de vie sur les îles. Elle enseigne par son exemple que l'amour de Dieu se transmet à travers la multitude des soins et attentions qui rendent leur humanité aux malades. Elle dit à ses sœurs qu'il faut :
rendre la vie aussi agréable et aussi confortable que possible pour nos frères et sœurs que Dieu a choisi de frapper avec cette terrible maladie…
Pendant trente-cinq ans, elle continue de donner sa vie pour l'amour de Dieu et de son prochain. Épargnée par la lèpre malgré son engagement et sa proximité avec les malades, elle meurt en 1918, à 80 ans. On l'appelle alors la "mère des lépreux" ! Elle qui ne cherchait ni les honneurs ni la reconnaissance déclare humblement :
Je ne m'attends pas à une place élevée dans le ciel. Je serai pleine de gratitude pour une petite place, où pouvoir aimer Dieu pour toute l'éternité.
La vie et la sainteté de Sainte Marianne Cope peuvent nous inspirer pour la mission aujourd'hui :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux » (Mt 5, 3) ! La spiritualité franciscaine de Marianne Cope nous enseigne que la pauvreté et le sacrifice par amour mènent au service infatigable de nos frères et sœurs. Dieu donne sa force à ceux qu'il envoie porter sa tendresse et sa miséricorde sur toutes les plaies de notre temps.
Sainte Marianne Cope nous encourage à répondre aux appels lointains, aux besoins de nos frères malades et blessés. Mais son enfance nous montre aussi que servir et aimer nos proches, nos familles est parfois notre première et notre seule mission !
Enfin, sa vie humble et héroïque manifeste que 50 ans, ce n'est pas l'âge de la préretraite pour un missionnaire ! Il n'y a pas d'âge pour tout quitter, pour répondre à l'appel du Seigneur. Laissons nous surprendre par l'improviste de Dieu !
[1] BÉATIFICATION DE MARIANNE COPE, Homélie du Cardinal J.S. MARTINS, 14 mai 2005
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6