Paris sauvé par l'adoration (3/5)
Publié dans la revue Le Très-Saint Sacrement, 1ère année (1864-1865)
Juillet 1864
Le siècle de l'Eucharistie
Paris sauvé par l'adoration
L'exposition a été la grâce de salut de Paris et de la France, comme elle le fut de Rome. Ils étaient tristes et désespérants les jours où la révolution de 1848, après avoir renversé un trône et dissipé comme la poussière ceux qui le servaient, se vit maîtresse des Tuileries, du pouvoir et du Trésor public. Que va devenir la France désunie ? Qui pourra arrêter ce torrent si longtemps comprimé ? Qui empêchera le pillage et la proscription ? On redoute les fureurs de 93, et son impiété… Pas un sauveur ne paraît à l'horizon.
Mais voici l'heureuse inspiration de quelques âmes pieuses : il faut sauver la France par l'adoration ; il faut adorer jour et nuit ; il faut élever à Jésus-Christ un trône réparateur
et sauveur. À cette pensée, la confiance renaît, on se réunit, on s'enrôle, on se dévoue
avec amour et le 6 décembre 1848, on commence l'exposition et l'adoration nocturne
à Notre-Dame des Victoires. C'était de là, en effet, que devait sortir la grande œuvre,
la manifestation solennelle de Jésus-hostie, le salut de Paris et de la France.
Paris fut sauvé par l'adoration. Étonné d'avoir échappé aux malheurs imminents
de la révolution, on se demandait comment cela s'était fait. Les uns répondaient par l'éloquence d'un homme ; les autres, par le bon sens du peuple ; d'autres, par la prudence du pouvoir. Non, non ; vous vous trompez tous : ce ne sont ni vos soldats, ni vos chefs,
ni vos savants qui vous ont sauvés, ce sont quelques hommes ignorés et modestes qui ont fait comme Moïse sur la montagne. Ils se sont faits victimes d'adoration et de propitiation pour leurs frères, pour l'Église et le monde, aux pieds de celui qui tient dans ses mains la paix et la guerre, le pardon et la justice. Et tant que Paris aura ses Quarante Heures, ses trônes permanents d'adoration et d'hommages à Jésus-Christ, il restera debout au milieu de ses ennemis. C'est le prince qui fait la capitale ; sa présence en est
le rempart, la force et la gloire, et Notre Seigneur Jésus-Christ est le Roi des rois.
Dès lors qu'il veut rester exposé sur l'autel, il veut régner, il veut pardonner et sauver.
Si jamais ce feu divin s'éteignait, si Jésus, hostie de salut, descendait de son trône,
s'il n'avait plus d'adorateurs, oh ! alors il faudrait trembler et fuir, l'heure dernière
ne tarderait pas à sonner. Le Roi divin étant en fuite, ce serait l'heure du prince
des ténèbres.
De Paris, l'adoration s'étendit vite en province ; les Quarante Heures sont devenues
la gloire de presque tous les diocèses de France, et ceux qui n'ont pu encore organiser
ce service royal du Sauveur, se préparent à satisfaire l'ardent désir des grandes âmes
et le grand besoin des peuples. Et ce qu'il y a de plus admirable, c'est que les diocèses
les plus reculés et les paroisses les plus pauvres sont les premiers dans le mouvement eucharistique et les plus magnifiques dans leurs hommages.
S. Pierre-Julien Eymard (PG 241,3/5)
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Pour accompagner ce texte, je vous propose de découvrir ce chant par cette vidéo, avec les 5 couplets dévoilés au fur et à mesure des 5 publications de cette prédication générale du Père Eymard.
INVISIBLE, Ô TOI, LUMIÈRE
1 - Invisible, ô Toi, Lumière, Présence, Christ Jésus Eucharistie,
Dieu caché sous l'apparence, Pain Vivant, le seul qui rassasie,
L'homme au seuil de ton mystère s'avance, il adore et balbutie.
2 - Ô Parole, Paix profonde, Silence, le cœur simple te reçoit.
Il t'écoute en espérance ! En Esprit, en vérité, il croit.
Signe sûr donné au monde, Semence, Chair qu'il mange, Sang qu'il boit !
3 - Chante haut ce Corps de gloire, mon âme, c'est le Corps de ton Sauveur.
Né du sein pur de la Femme, mort en croix, victime du pécheur !
Chante Pâques, sa victoire, proclame les merveilles du Seigneur !
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Image : Ostensoir sur un détail d'un Christ en croix,
église Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18)
Photographie ©Sandrine Treuillard
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6