Dons de Dieu 7

Image de la publication

Image web

La Douceur ou mansuétude

Être doux n'est pas toujours évident. Parfois cela fait penser à de la faiblesse. Ce fruit de l'Esprit est pourtant très important aux yeux de Dieu qui était le « doux » et « l'humble ». Cherchons donc à mieux connaitre ce fruit pour en vivre mieux. Nous écouterons les frères de l'abbaye Notre-Dame de Maylis et le Pape François qui nous ouvrirons les yeux sur cette douceur. 

 

« Les doux posséderont la terre et jouiront d'une abondante paix. » (Ps 36,11)


LA DOUCEUR – Abbaye Notre-Dame de Maylis – Frère Benoit – Site de la Communauté – 23 janvier 2015

Comme je l'ai déjà dit, un vice qui ressemble à la douceur peut se camoufler sous ce nom. Ce vice consiste à vivre la douceur comme une pâtisserie : ne parle-t-on pas de manger quelques douceurs ?

Dans ce sens-là, la douceur n'est pas une force, mais au contraire une faiblesse qui nous empêche d'avoir le cran d'affronter ce qui est intolérable. Quelqu'un de douceâtre ne sait pas rester ferme, ne cherche jamais à réagir fortement quand il le faudrait pourtant. La vertu de douceur est toute autre chose.

Il en est plusieurs fois question dans les évangiles, notamment dans une béatitude réservée aux doux : « Heureux les doux, ils obtiendront la terre promise ». Elle est étonnante cette béatitude, car elle évoque un contexte de conquête de la terre promise. Pour un connaisseur de la Bible, « obtenir la terre promise » rappelle forcément la prise de la terre promise par les Hébreux après leurs quarante années dans le désert, une conquête qui précisément ne s'est pas faite dans la douceur. Il y a eu des mises à mort sanglantes, des combats horribles pour s'emparer de la Terre promise. Et finalement, les juifs n'ont pratiquement jamais pu jouir d'une paix stable et durable sur cette terre. Leur dureté avec les peuples qui habitaient la Palestine, en a fait des ennemis héréditaires. La dureté ne paye jamais à long terme. Elle peut donner l'illusion d'une victoire par écrasement de l'autre, mais un jour cet autre se redressera et tentera de se venger…

Notez que dans nos rapports interpersonnels les problèmes sont similaires. Si j'écrase quelqu'un avec brutalité, je peux avoir l'illusion un moment d'avoir gagné, d'avoir conquis le territoire que je voulais obtenir. Mais je me suis fait un ennemi ; et un jour ou l'autre, il me le revaudra, ou du moins, si c'est quelqu'un de bien, il aura tendance à me le reprocher plus ou moins violemment. Si c'est quelqu'un de vraiment bien, il saura pardonner, mais nous ne vivons pas forcément avec des saints… C'est pour cela que la béatitude « heureux les doux, ils obtiendront la terre promise » nous dit quelque chose de vrai sur le bonheur ! Les doux, parce qu'ils ont des rapports harmonieux avec les autres, jouissent déjà d'une terre promise où règne la paix. Les doux peuvent vivre en paix et une paix stable et durable.


Apprivoiser ma violence intérieure

Si nous décidons de vivre dans la douceur, cela ne va pas se faire en un quart d'heure, car il y a souvent beaucoup de violence qui nous habite. Lorsqu'on plonge un tison enflammé dans de l'eau, tout s'éteint, lorsqu'on plonge un tison enflammé dans un bidon d'essence, tout s'enflamme. Et il faut bien reconnaître que nous ressemblons parfois à des bidons d'essence : une simple parole enflammée nous fait exploser complètement !

Le but serait de devenir plein d'une eau abondante capable d'éteindre tout combustible ! Pour devenir doux, il nous faut apprendre à gérer la violence qui nous habite. Ce qui nécessite de la voir. Ceux qui n'ont pas de vie spirituelle, pas de vie de prière, ne sont pas habitués à discerner ce qui se passe en eux-mêmes. Ils ne perçoivent pas ou peu les mouvements intérieurs qui les habitent et qui ont une énorme influence sur eux. Ils s'imaginent que leurs colères ne proviennent que de l'extérieur d'eux-mêmes : des autres qui sont agaçants. Or l'image du tison enflammé trempé dans l'eau ou l'essence nous montre bien que l'explosion provient de l'intérieur, de l'état intérieur d'une personne.

Il est beaucoup plus facile de laisser aller sa violence que de la contenir. Un officier dans les troupes spéciales racontait qu'au cours d'une de ses missions, il s'était rendu compte que le plus gros de son travail était de contenir la force de ses hommes. Ils étaient suréquipés et surentraînés, ils n'avaient qu'une envie : en découdre avec l'ennemi. Mais la mission était une mission d'apaisement de conflits dans une zone difficile, il fallait constamment qu'il veille à calmer l'ardeur de ses hommes.

Nous aussi, nous avons à veiller sur notre ardeur intérieure, et d'autant plus que nous pouvons être forts ou que « l'ennemi » autrement dit l'agresseur est faible (je pense notamment aux enfants, qui sont des agresseurs bien souvent, mais qui sont faibles !)


Être doux avec ceux qui sont durs ?

Lorsque nous sommes agressés par quelqu'un, notre réaction première est de nous durcir contre lui d'une manière ou d'une autre, histoire qu'il comprenne bien qu'il n'avait pas à faire cela. L'agresseur aura vite oublié qu'il a entamé les échanges ; dès qu'il aura subi un dommage de ma part, il va m'agresser à son tour, et normalement un peu plus fort, pour que je comprenne bien ! On appelle cela : l'escalade de la violence !

Jésus dans son discours sur la montagne tente d'enrayer cette machine infernale de la vengeance réciproque. Il commence par rappeler un principe de l'AT qui visait à limiter les représailles (c'est déjà un début !) : « Vous avez appris qu'il a été dit : œil pour œil et dent pour dent ». Puis il ajoute « Et moi, je vous dis de ne pas tenir tête au méchant. » Le méchant, c'est celui que je considère comme tel, celui qui me fait quelque chose qui me déplaît. Notre tendance spontanée, c'est de tenir tête au méchant, d'être dur avec lui. Or la seule chose que nous arriverons à obtenir en étant dur avec le méchant, c'est de le rendre encore plus dur encore. La dureté durcit ! « Au contraire — continue Jésus – si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre. À qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. Si quelqu'un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t'emprunter, ne tourne pas le dos » (Mt 5,38-42). Cette gifle sur la joue droite après laquelle on doit tendre la joue gauche est une des paroles les plus connues de l'Évangile, même par les non-croyants ! C'est aussi l'une des plus mal comprises et des moins pratiquées. Jésus ne dit pas qu'il faut se laisser faire chaque fois que l'on est agressé. Je l'ai dit, la douceur est une force, elle n'est pas une faiblesse, et encore moins une faiblesse contre le mal. Jésus d'ailleurs n'a pas appliqué cette parole à la lettre puisque nous voyons dans le récit de la Passion selon S. Jean que lors de la première gifle reçue, il n'a pas tendu l'autre joue, mais il a demandé au garde : « Si j'ai mal parlé, montre ce que j'ai dit de mal, mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes -tu ? »

Pour bien comprendre cette parole, voici une histoire – vraie – qui est une illustration parfaite de cette parole. Il s'agit d'une religieuse brésilienne qui s'est beaucoup dépensée pour les pauvres vivant dans des bidons-villes autour des grandes agglomérations de son pays. Un jour qu'elle quêtait dans la rue, elle s'approche d'un homme visiblement assez riche. Elle tend la main vers lui pour obtenir un don. L'homme la regarde avec mépris et lui crache dans la main. Instantanément, la religieuse ferme la main souillée en la rapprochant de sa poitrine et lui dit : « ça, c'est pour moi ! » et souriante, elle tend l'autre main ouverte en disant : « Et ça, c'est pour les pauvres ! »

Admirons la force intérieure stupéfiante de cette femme ! Le « méchant » a été tellement estomaqué par sa douceur et son humilité qu'il a ouvert son cœur et son portefeuille et il a même décidé par la suite de consacrer sa vie à aider cette religieuse. Avec l'aide de l'Esprit Saint, l'eau vive qui la remplissait, elle avait interprété dans la pratique la parole de Jésus qui était devenue pour elle : « Si on te crache dans la main droite, tend aussi la main gauche ». Et nous comprenons bien qu'il ne s'agissait pas pour elle de s'abaisser, de se considérer comme une moins que rien, mais de toucher le cœur de l'agresseur.

Tant que nous restons durs face à quelqu'un que nous ressentons comme un agresseur, nous ne pouvons pas toucher son cœur. Voilà pourquoi Jésus nous demande d'aller plutôt dans son sens : il te demande de faire mille pas, fais-en deux milles avec lui, ainsi tu en feras un ami.


Douceur et fermeté

Je le répète, la douceur n'a rien à voir avec la faiblesse. C'est une force intérieure. Dans certaines situations, il est nécessaire de résister à un « agresseur ». Par exemple dans l'éducation, il ne faudrait pas accéder à tous les désirs exprimés par des enfants. Mais on peut distinguer deux formes très différentes de résistance.

On peut résister avec dureté, on peut aussi résister avec fermeté, et c'est bien mieux. Dans la dureté, il y a quelque chose d'agressif, d'offensif ; la dureté cherche à détruire l'adversaire. Alors que la fermeté est défensive. Elle ressemble plutôt à un rempart de bronze bien solide, alors que la dureté serait un canon destructeur. La fermeté se contente de s'opposer à l'agressivité sans abîmer l'agresseur.

On peut être doux et ferme. Tenir ses positions sans abîmer celui qui nous agresse. Devant une telle résistance, devant une douce fermeté, la dureté de l'autre finit par s'épuiser. Mais il faut durer dans la fermeté, ce qui nécessite une autre vertu : la patience.


AUDIENCE GÉNÉRALE – Pape François - Salle Paul VI - Mercredi 19 février 2020 – Site du Vatican

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans la catéchèse d'aujourd'hui, nous affrontons la troisième des huit béatitudes de l'Evangile de Matthieu: «Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage» (Mt 5, 5).


Le terme «doux» ici utilisé signifie littéralement doux, docile, gentil, sans violence. La douceur se manifeste dans les moments de conflit, elle se voit à la manière dont on réagit face à une situation hostile. N'importe qui pourrait sembler doux quand tout est tranquille, mais comment cette personne réagit-elle «sous pression», si elle est attaquée, offensée, agressée?


Dans un passage, saint Paul rappelle «la douceur et la mansuétude du Christ» (2 Co 10, 1). Et saint Pierre rappelle à son tour l'attitude de Jésus pendant la Passion: il ne répondait pas et ne menaçait pas, car il «s'en remettait à Celui qui juge avec justice» (1 P 2, 23). Et la douceur de Jésus se voit beaucoup pendant sa Passion.


Dans l'Ecriture, le terme «doux» indique également celui qui n'a pas de propriétés terrestres; nous sommes donc frappés par le fait que la troisième béatitude dise précisément que les doux «recevront la terre en héritage».


En réalité, cette béatitude cite le Psaume 37, que nous avons écouté au début de la catéchèse. Là aussi, la douceur et la possession de la terre sont mises en relation. Si l'on y pense bien, ces deux choses semblent incompatibles. En effet, la possession de la terre et le domaine propre au conflit: on combat souvent pour un territoire, pour obtenir l'hégémonie sur une zone donnée. Dans les guerres, le plus fort prévaut et conquiert d'autres terres.


Mais observons bien le verbe utilisé pour indiquer la possession des doux: ceux-ci ne conquièrent pas la terre; il n'est pas dit «heureux les doux parce qu'ils conquerront la terre». Ils en «héritent». Heureux les doux, parce qu'ils «hériteront» la terre. Dans les Ecritures, le verbe «hériter» a un sens encore plus vaste. Le peuple de Dieu appelle précisément «héritage» la terre d'Israël qui est la Terre de la Promesse.


Cette terre est une promesse et un don pour le peuple de Dieu, et elle devient le signe de quelque chose de beaucoup plus grand qu'un simple territoire. Il y a une «terre» — permettez-moi le jeu de mots — qui est le Ciel, c'est-à-dire la terre vers laquelle nous marchons: les nouveaux cieux et la nouvelle terre vers laquelle nous allons (cf. Is 65, 17; 66, 22; 2 P 3, 13; Ap 21, 1).


Alors, le doux est celui qui «hérite» le plus sublime des territoires. Ce n'est pas un lâche, un «mou» qui se trouve une morale de repli pour rester en dehors des problèmes. Pas du tout! C'est une personne qui a reçu un héritage et ne veut pas le disperser. Le doux n'est pas quelqu'un d'accommodant, mais il est le disciple du Christ qui a appris à défendre une toute autre terre. Il défend sa paix, il défend sa relation avec Dieu, il défend ses dons, les dons de Dieu, en préservant la miséricorde, la fraternité, la confiance, l'espérance. Car les personnes douces sont des personnes miséricordieuses, fraternelles, confiantes et des personnes qui ont de l'espérance.


Nous devons ici mentionner le péché de la colère, un mouvement violent dont nous connaissons tous l'impulsion. Qui ne s'est pas mis en colère quelquefois? Personne. Nous devons inverser la béatitude et nous poser une question: combien de choses avons-nous détruites par la colère? Combien de choses avons-nous perdues? Un moment de colère peut détruire beaucoup de choses; on perd le contrôle et on n'évalue pas ce qui est vraiment important, et on peut détériorer parfois de manière irrémédiable la relation avec un frère, parfois sans remède. A cause de la colère, beaucoup de frères ne se parlent plus, ils s'éloignent l'un de l'autre. C'est le contraire de la douceur. La douceur rassemble, la colère divise.


La douceur est la conquête de tant de choses. La douceur est capable de vaincre le cœur, de sauver les amitiés, et tant d'autres choses, car les personnes se mettent en colère, mais ensuite elles se calment, elles réfléchissent et reviennent sur leurs pas; ainsi on peut reconstruire avec la douceur.


La «terre» à conquérir par la douceur est le salut de ce frère dont parle l'Evangile de Matthieu: «S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère» (Mt 18, 15). Il n'y a pas de terre plus belle que le cœur d'autrui, il n'y a pas de territoire plus beau à gagner que la paix retrouvée avec un frère. Et il s'agit là de la terre à hériter par la douceur!


Jésus doux et humble de cœur – Chant traditionnel


Prière de la communauté

Acte d'amour du Curé d'Ars

Je vous aime, ô mon Dieu, Et mon seul désir est de vous aimer Jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon dieu, Et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on y aura jamais La douce consolation de vous aimer. Ô mon Dieu, Si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, Du moins, je veux que mon cœur Vous le répète autant de fois que je respire. Ah ! Faîtes-moi la grâce de souffrir en vous aimant, De vous aimer en souffrant, Et d’expirer un jour en vous aimant en sentant que je vous aime. Et plus j’approche de ma fin, Plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il.

Merci ! 61 personnes ont prié

3 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

loader

La vieillesse, temps de vie, temps de Dieu

Je m'inscris